Accès au contenu
Mobilisation des éleveurs de Saône-et-Loire

Vivre de son travail

A Chalon-sur-Saône, à Montceau et partout en France, les éleveurs se
sont mobilisés pour montrer leur envie d’arriver enfin à « vivre de leur
travail
», insistaient la FDSEA et les Jeunes agriculteurs de
Saône-et-Loire. Après la hausse des cours en ferme mais aussi la hausse
des charges pour produire, cet objectif n’est aujourd’hui possible
qu’avec des hausses de prix aux consommateurs. Les Enseignes au national
refusent.
Par Publié par Cédric Michelin
126540--DSC_0011.JPG
La semaine dernière encore, une fraude massive a été révélée en matière de traçabilité sur les viandes. Les autorités sanitaires néerlandaises (NVWA) ont annoncé que quelque 50.000 tonnes de viande « de bœuf », vendues à travers l’Europe, « pourraient avoir été mélangées avec de la viande de cheval ». C’est cinq fois le poids de la Tour Eiffel ! Vaste escroquerie des consommateurs mais aussi des éleveurs français, honnêtes, qui ne peuvent lutter dans ces conditions.

Face à cette concurrence déloyale, la filière française n’était pas compétitive. En effet, la filière viande française (bovin, ovin, lait, volailles…) a certainement le système de traçabilité le mieux encadré au monde. Des coûts "improductifs", contraignants, surtout si ces derniers ne sont pas valorisés derrière.

Ainsi, les éleveurs en ont marre ces dernières années, de ne plus pouvoir « vivre de leur travail » en raison parfois, de prix de ventes "à perte".

Avec une demande croissante en viande, les cours repartent à la hausse au départ des fermes. Mais dans le même temps, ce sont les coûts pour produire la viande qui grignotent les faibles marges retrouvées.

Les éleveurs demandent donc - aux Auchan, Carrefour, Cora, E. Leclerc, Géant Casino, Hyper U, Intermarché - de « pouvoir répercuter la hausse de leurs coûts de production » aux consommateurs. Les céréaliers sont avec eux. Le rendez-vous de départ de la mobilisation avait d’ailleurs lieu à la coopérative Bourgogne du Sud. Presque un symbole. Avec la mobilisation à Montceau, c'est une centaine d'éleveurs qui ont manifesté l'urgence d'agir.

Si les gestionnaires locaux de la grande distribution locale comprennent tout cela, en revanche les dirigeants des centrales d’achats nationales n’approuvent pas. Les négociations à Paris piétinent. Quelques centimes de plus par litre de lait ou de kilogrammes de viande diminuent leurs confortables marges, faites sur les volumes.


15.000 producteurs dans la rue



Selon la FNSEA ce ne sont pas moins de 15.000 éleveurs qui sont descendus dans la rue le 12 avril pour défendre la « cause nationale » qu’est l’élevage français et éviter de « finir sur la paille ». « Nous ne ferons de cadeaux à personne pour gagner la bataille de l'élevage en France ! », a lancé le président de la FNSEA Xavier Beulin à Feurs (Loire) devant un millier de manifestants. « Nous ne voulons pas être les victimes de la guerre des prix à laquelle se livrent les enseignes de la grande distribution et qui nous appauvrit », a-t-il ajouté, évoquant des négociations particulièrement difficiles avec l'enseigne Leclerc. À Lyon, cloches à la main, les éleveurs savoyards ont rejoint leurs collègues venus de toute la région Rhône-Alpes. De 150 à 200 éleveurs bretons avaient bruyamment manifesté tôt le même jour devant la préfecture à Rennes pour « réveiller » les autorités, tapant sur des bidons de lait et déployant une banderole : « on nous saigne comme des gorets ». Dans les Ardennes, entre 150 à 250 agriculteurs ont manifesté devant la préfecture à Charleville-Mézières, selon la police et la FDSEA. « On ne demande pas des milliers, on demande 3 centimes », a revendiqué à Lille le président de la FDSEA Nord, Éric Tasine, accompagné d'une centaine d'agriculteurs. 200 agriculteurs ont eux aussi manifesté à Besançon, déversant des dizaines de chariots de supermarchés devant la préfecture. À Cahors, 200 à 300 agriculteurs ont défilé, accompagnés de vaches et de brebis. À Dijon, suivi par une centaine de manifestants, le président de la FDSEA de Côte-d'Or, Fabrice Faivre, compte sur le département, depuis janvier, « 8 cessations d'activité prévues sur 270 ». Une centaine d'agriculteurs du Bas-Rhin se sont retrouvés devant un hypermarché de l'agglomération strasbourgeoise, afin de distribuer du lait aux clients.




Qui fait la loi ?



En réponse à la mobilisation du 12 avril des éleveurs qui réclament des mesures d'urgence, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a assuré que s'il fallait « prendre des mesures transitoires » pour aider les producteurs de lait, le Gouvernement « les prendra ». « Mais ce qui est important, ce sont les réformes structurelles pour que ça ne se reproduise pas à chaque hausse de coût des matières premières », a affirmé le chef du Gouvernement, alors que les producteurs de lait peinent à faire face à la hausse de leurs charges. Pour Jean-Marc Ayrault, « la question, c'est : est-ce que c'est la grande distribution qui fait la loi ou est-ce qu’il y a un équilibre économique entre les coûts de la production, les prix à la distribution, les marges arrière ? ». « Il faut arrêter de prendre les producteurs pour des vaches à lait », a-t-il lâché. Reconnaissant que les producteurs « sont aujourd'hui dans une position de faiblesse dans les négociations face à la grande distribution », le Premier ministre a estimé qu'il fallait « partir des coûts réels de production et non pas de l'offre que fait la grande distribution ». Le Gouvernement met tout en œuvre pour que les prix du lait payé aux producteurs « augmentent rapidement » face à la hausse du coût des aliments du bétail, a assuré le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, le même jour dans le Tarn. Le ministre a aussi mis en cause l'attitude de la grande distribution en plaidant pour un changement des méthodes de négociation entre les acteurs de la filière lait qui se résument aujourd'hui, selon lui, à des « rapports de forces ».



Images