Voir, juger et agir ensemble
d’organisations agricoles du département pour, ensemble, faire un tour
de l’actualité et surtout travailler à l’avenir.
Préparer l’avenir
« Dans le département, nous avions l’habitude de nous retrouver de temps à autre au sein du Conseil de l’agriculture départementale », rappelait Bernard Lacour, président, soulignant que, pour diverses raisons, ce rendez-vous s’était perdu au fil des ans. « En invitant plus largement, nous avons pensé qu’il était important d’apprendre à mieux nous connaître, alors que le tour de table compte nombre de têtes nouvelles ». Et Bernard Lacour de rappeler la conclusion d’une réflexion, pleine de bon sens, des Jeunes agriculteurs sur l’engagement : « quitte à prendre des responsabilités, tant qu’à faire, autant que cela serve à quelque chose ! ». Ainsi, « toute l’énergie à faire de l’opposition entre les uns et les autres, c’est autant d’énergie qu’on ne consacre pas à la défense de la profession. Quelle perte d’efficacité ! ».
Dans la foulée des temps de réflexion que s’est accordé le conseil d’administration de la FDSEA, à Saint-Ythaire en 2013 puis à Martigny-le-Comte en 2015, Bernard Lacour et Thierry Igonnet, directeur, sont allés prendre le pouls auprès d’une bonne quinzaine d’organisations professionnelles agricoles du département. De cette tournée, riche de rencontres et d’enseignements, les deux responsables ont perçu le besoin d’une « concertation plus importante ».
Un constat partagé
Certes, l’échelle du département peut être discutée à l’heure où les organisations se structurent de plus sur des bassins de production pour certaines, sur les frontières administratives pour d’autres ou simplement pour atteindre une taille jugée nécessaire pour d’autres encore… Reste que tous ont souligné la pertinence d’un échelon de proximité où des valeurs communes, celles qui ont prévalues à la création des structures, peuvent et doivent être préservées.
Ces rencontres ont mis en exergue « la prépondérance de l’acte économique », ambition qui fédère le plus largement et qui est partagée par tous. « Travailler ensemble est un concept partagé unanimement », poursuivait Thierry Igonnet qui a aussi relevé « le besoin de se rencontrer, de se voir et d’échanger ».
Oh, certes, il y a des freins, lesquels on aussi été exprimés comme la question de la pluralité syndicale, la montée en puissance de la concurrence entre les différentes structures… « mais, de l’avis général, ces réalités ne doivent pas nous empêcher de penser plus large en faveur de l’agriculture de Saône-et-Loire et des femmes et des hommes qui nous missionnent en ce sens ». Et chacun autour de la table de partager la nécessité d’un lieu de concertation.
Ouvrir un vrai débat
« Ce que nous vivons actuellement remet en cause notre propre fonctionnement et cela quelle que soit l’organisation », poursuivait Bernard Lacour, faisant état des remontées du terrain qui s’agacent, pour rester poli, de ces guéguerres de structures, du fait de voir défiler dans les exploitations pléthore de conseillers issus de différents horizons… proposant tous de faire un même calcul de ration.
« Notre agriculture a tendance à se cloisonner par rapport au reste de la société alors qu’il y a une nécessité impérieuse à s’ouvrir », poursuivait le président de la FDSEA, déplorant que le nombre d’agriculteurs diminuant, chacun cherchait, seul de son côté, à gérer sa propre structure. Et « parce que nous sommes attachés à notre modèle, nous ne devons pas exclure de parler de son évolution. Nous avons même le devoir d’ouvrir le débat ». Il rappelait que l’agriculture représente, dans son ensemble, encore près de 17 % de l’emploi en Saône-et-Loire, mais a de plus en plus de mal à faire porter et entendre sa voix. « La société qui nous entoure évolue, et nous ne pouvons pas ignorer ses attentes ». Et « individuellement, il n’est pas sur que nous ayons la solution, alors que, collectivement, nous avons plus de chance d’y parvenir ».
Un accueil favorable
S’en suivait un vaste échange, nourri, riche et toujours constructif, duquel ressortait le besoin des uns comme des autres d’échanger, de se forger des dynamiques communes.
« Il nous faut tous travailler ensemble sur ce qui rassemble et non sur ce qui divise, mais ce n’est pas au syndicalisme de le faire seul », complétait Christian Bajard. « Nous avons des messages à mener en commun parce qu’on travaille tous pour les agriculteurs, pas contre eux », complétait Marie-Odile Morin. Et Bernard Lacour de mettre en garde contre les messages destructeurs qui cherchent à opposer les uns aux autres : « ne surfons pas sur des détresses, travaillons en commun ».
Les interventions des responsables présents - en particulier de Daniel Beguyot pour le Crédit agricole, de Didier Laurency pour Bourgogne du Sud et de Gilles Mazille pour Téol - ont mis en évidence - au-delà de confirmer la gravité de la situation évoquée par tous - la nécessité d'échanger entre organisations, entre filières de production et entre territoires. Les solutions du passé, le recours à des aides supplémentaires ne permettront pas de sortir de l'impasse actuelle. Pour redonner des perspectives à l'agriculture de Saône-et-Loire, il lui faudra à la fois serrer les boulons, innover et investir. Dans la pratique, cela reviendra à tenir aux agriculteurs un même discours de réalisme et à repenser la complémentarité et l'efficacité des OPA.
En substance, individuellement chaque exploitation est invitée à s'interroger sur l'efficacité de son propre système, à se comparer pour rester dans la course alors que, collectivement, les OPA devront innover, proposer des pistes d'économies, travailler en complémentarité. Tout un programme.
Construire pour demain
« C’est une bonne initiative que d’avoir organisé cette rencontre », complétait Christian Decerle, pour qui « il y a besoin de se repositionner devant les interlocuteurs locaux, départementaux et régionaux alors que nous vivons encore un peu sur la lancée d’un monde agricole qui paraît lourd devant la puissance publique. Notre voix pèse de moins en moins au local ». Pour les JA 71, Guillaume Gauthier apportait lui aussi son soutien à la démarche, plaidant pour des politiques ambitieuses de formation certes, mais aussi de recherche et de captation de valeur ajoutée, « au profit des exploitants ».
Chacun sent bien que nous sommes à une période charnière pour le monde agricole et que nombre de fondamentaux sont en train de changer, concluait Thierry Igonnet.
Ainsi, après que Jérome Henry et Simon Meiraeghe aient témoigné de leur expérience au sein de la formation Synergie 71, tous s’accordaient que préparer demain passait par la formation des jeunes qui, plus tard, seraient susceptibles d’accéder aux responsabilités, et cela quel que soit l’organisation au sein de laquelle cet investissement se fera.
Et comme « dans chaque production, dans chaque exploitation, il y a des solutions et non une solution », mettait en exergue Bernard Lacour, « il y a nécessité de nous donner les moyens de nous retrouver régulièrement pour échanger, avancer pour amener de la fluidité dans des relations pour être plus efficace collectivement ». Il était aussi question de resserrer les liens entre Végétal et Animal et un groupe de travail va d’ailleurs plancher sur ce sujet.
Une réunion utile car, il faut bien le reconnaître, tous les participants avaient en tête certains départements organisés, structurés, ce qui leur assure une meilleure efficacité dans la prise en compte de leurs revendications au sein des nouvelles régions tout comme au plan national… Ce qui n’est pas suffisamment le cas de notre département, lequel ne pèse pas ce qu’il devrait au regard de son agriculture, de ses productions, de ses femmes et de ses hommes, mais aussi de son histoire agricole.
Pour améliorer cette situation, les participants ont convenu de se revoir régulièrement et d'ouvrir en fonction de l'actualité et des nécessités que dictera la situation des agriculteurs des temps de travail et des projets communs.
La crise s’invite
« Que celui qui a la solution à la crise actuelle nous en informe ! Parce qu’alors, nous suivrons tous immédiatement ses conseils », invitait Bernard Lacour, à deux reprises et à deux moments très différents de la soirée tant le sujet de la crise s’est invité, laissant refléter bien des doutes et incompréhensions sur ce que traverse notre profession.
Les participants
Participaient à la réunion : Didier Laurency, pour Bourgogne du Sud, Guillaume Gauthier, Damien Lemière et Jérémie Normand pour les JA 71, Luc Chevalier et Christophe Jondot pour Groupama, Jean-Charles Blanchard pour les Services de remplacement et la MSA, Jean-Michel Morel et David Lebeault pour Elvéa 71-58, Paul Pacaud pour les négociants, Florent Fèvre et Dominique Desbrosses pour les Cuma, Guy Fonteniaud et François Chaintron pour Charolais Horizon, Fabien Coulon et Vincent Robergeot pour le GDS 71, Gilles Mazille pour Téol, Yves Largy et Christophe Fouilland pour Feder, Christian Decerle, François Kockmann et David Barthe pour la Chambre d’Agriculture, Isabelle Bidalot et Thomas Lemaître pour CerFrance71, Daniel Beguyot et Emmanuel Vey pour le Crédit agricole, Marie-Odile Sorlier pour la Fédération des caves coopératives de Bourgogne-Jura, Bernard Lacour, Luc Jeannin, Lionel Borey, Marie-Odile Morin, Christian Bajard, Jérome Henry, Simon Meiraeghe et Thierry Igonnet pour le Groupe FDSEA 71.