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Mouton charollais

Volonté de changement

L’OS Mouton charollais a un nouveau président. La nouvelle équipe qui s’est mise en place privilégie la jeunesse et l’ouverture aux zones hors berceau. Le schéma d’amélioration génétique de la race est au cœur de ses objectifs. Les promoteurs du Mouton charollais comptent aussi sur la reprise du commerce export pour récompenser les efforts des éleveurs.
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C’est le 11 septembre dernier que l’OS Mouton charollais a changé de président. Hubert Burtin qui présidait la structure depuis une douzaine d’années a passé le flambeau à Pascal Chaponneau jusqu’alors premier vice-président. « On en parlait depuis un moment, mais je repoussais ma décision car le fait de devoir mener de front la présidence de l’OS et la gestion de mon exploitation me faisait un peu peur. Je me suis finalement décidé parce que je suis avant tout passionné par le mouton charollais et que je compte former une bonne équipe sur laquelle je pourrai m’appuyer », confie le nouveau président.
La composition de l’équipe aura été l’une des premières évolutions de cette nouvelle mandature. Ouverture aux zones hors berceau et délégation des responsabilités ont présidé à la formation du nouveau bureau (1). L’exécutif est désormais partagé par le président (Pascal Chaponneau) et ses deux vice-présidents. Titulaire du poste de premier vice-président, Alain Bernigaud de Charolles fera profiter de sa proximité du siège de l’OS dans le suivi des dossiers. L’ouverture sera incarnée par Céline André, ex directrice de l’organisme et désormais éleveuse dans les Charentes-Maritimes. Très au fait de la vie de l’OS de par son parcours professionnel, Céline André aura un rôle clé vis-à-vis des zones éloignées du mouton charollais. Elle suivra notamment le nouveau pôle ovin races lourdes de Montmorillon (Vienne) et représentera l’OS auprès d’Insemovin à Limoges.

Réinvestir le schéma génétique


Autre volonté affichée par la nouvelle équipe : « il faut qu’on remplisse mieux notre contrat en matière de schéma génétique », annonce d’emblée Pascal Chaponneau. En clair, l’OS se donne pour mission de réconcilier l’approche basée sur le phénotype (celle qui prévaut en concours) de celle qui s’appuie sur les index (préconisée par l’Institut de l’élevage). « Pendant trop d’années, on a laissé se creuser un fossé entre les deux. Il faut un mouton charollais qui conserve ses qualités de race, sa qualité de viande, tout en conciliant ses qualités maternelles et le progrès génétique se référant à la valeur laitière, à la prolificité, à l’indice de consommation », détaille Pascal Chaponneau. Sans jamais mettre de côté le savoir-faire des éleveurs en matière de sélection (standard de race, tête, peau, pattes…), « il faut à tout prix qu’on s’inscrive davantage dans les critères génétiques de l’Institut de l’élevage, parce qu’ils nous aident financièrement pour cela et parce que ça va dans le sens du progrès de la race ! », estime Pascal Chaponneau.

Faire « tourner » la station


Concrètement, « il faut vraiment convaincre tous nos éleveurs de s’inscrire dans le schéma génétique. En premier lieu, encourager à mettre des agneaux en station de contrôle individuel pour que les meilleurs soient diffusés correctement que ce soit dans le schéma ou dans les élevages. Dès l’an prochain, les adhérents auront l’obligation de proposer deux agneaux à la station. Et il faut que ces agneaux soient les meilleurs possibles. D’ores et déjà, la sélection à l’entrée est plus sévère : on ne prend plus d’agneau négatif », indique Pascal Chaponneau. Les sélectionneurs sont également encouragés à acquérir davantage de reproducteurs en station. « On ne peut plus se permettre d’acheter un agneau dont les index sont très négatifs sous prétexte qu’il est très beau ! Le progrès génétique fait que nous sommes obligés de nous pencher sur les papiers. A l’heure actuelle, seulement 10 % des éleveurs de moutons charollais achètent des agneaux en station. Il en faudrait 30 voire 40 % ! » estime le nouveau président de l’OS.

Plus d’agnelles qualifiées


« Le but, c’est que tout le monde ait au moins 50 % d’agnelles qualifiées et que tous les agneaux soient au moins positifs en prolificité », confie Pascal Chaponneau. Un objectif qui demandera tout de même plusieurs années, fait savoir le président, d’autant qu’il n’est pas question de l’atteindre en sacrifiant le phénotype ni le standard de la race, prévient-il. Mais le contexte économique ne laisse pas de doute : « une troupe ovine aujourd’hui, c’est trois, quatre ou cinq cents brebis ! Il faut des femelles qui fassent du poids de carcasse certes, mais aussi qui allaitent et élèvent leurs agneaux », indique Pascal Chaponneau.
La recherche de débouchés commerciaux sera l’autre gros dossier de la nouvelle équipe du Mouton charollais. Dans le contexte de reconquête ovine avec une conjoncture redevenue favorable au mouton, pas question de négliger le marché national : « c’est à nous d’aller chercher les jeunes et de leur montrer qu’ils ont intérêt à travailler avec de la génétique », annonce Pascal Chaponneau. Parallèlement, un véritable travail de fourmi sera accompli pour gagner de nouveaux adhérents.

Indispensables exportations


Comme le marché national ne suffit pas pour écouler toute l’offre potentielle de reproducteurs, les nouveaux responsables de l’OS attendent beaucoup de l’export pour valoriser notamment les agnelles. « Nous avons passé des années où la situation financière n’était pas merveilleuse, tant pour l’OS que pour les éleveurs. Nous faisions beaucoup de commerce au milieu des années 2000 mais nos marchés se sont effondrés du fait des crises sanitaires. Tous les investissements ont été gelés ces dernières années à cause de cela. Si nous parvenions à reprendre l’expédition régulière de camions entiers d’animaux, alors cela remettrait du baume au cœur des éleveurs », confie Pascal Chaponneau. Chaque année, le Mouton charollais s’exporte à raison de quelques dizaines d’animaux en Suisse, Irlande, Espagne. L’an dernier, l’OS renouait avec des expéditions plus conséquentes en faisant partir 150 agnelles d’un coup. Cet automne, deux camions de 240 animaux chacun vont avoir été livrés en Bulgarie et d’autres convois sont espérés pour 2013. Sans revenir aux coûteux moyens commerciaux des années 2000, les responsables de l’OS ne ménagent pas leurs efforts pour prospecter, établir des contacts. C’est Bernard Bonnot, sélectionneur à Champlecy, qui se charge de cette mission délicate. Il est secondé dans sa tâche par Céline André pour le secteur ouest.

Au sein du bureau de l’OS, Jean-Marie Guyot (21) et Francis Philippon de Champagny-sous-Uxelles sont, pour leur part, responsables de la section génétique de l’OS.


Pascal Chaponneau
Un vrai passionné !


Âgé de seulement 46 ans, Pascal Chaponneau est à la tête d’une exploitation de 200 ha à Uxeau. Avec un salarié à plein-temps, il mène de front un cheptel charolais de 155 vaches et une troupe ovine de 70 brebis. Tous les animaux sont inscrits. L’installation de Pascal remonte à 1988. Associé avec son père sur seulement 67 ha, le jeune agriculteur était à cette époque contraint de travailler pour le service de remplacement de son canton. Au départ en préretraite de son père en 1996, Pascal s’est retrouvé seul avec 75 vaches et 60 brebis sur 110 ha. Dix ans plus tard, la reprise d’une exploitation voisine a permis de doubler la surface et le nombre de vêlages, mais aussi d’embaucher un ouvrier.
A la suite de son père, Pascal a arrêté de participer aux concours de bovins pour s’investir davantage en ovins. En 1995, le jeune éleveur participait pour la première fois au concours général à Paris et remportait son premier titre de champion avec un bélier. Ce fut le début d’une participation ininterrompue au Salon de l’agriculture durant laquelle l’élevage d’Uxeau a remporté pas moins de huit prix de championnat et 28 premiers prix ! Une véritable passion au sujet de laquelle le sélectionneur avoue être littéralement « mordu ». En clair, les concours feront toujours partie de la vie de l’exploitation de Pascal et pour rien au monde il ne les délaissera !




OS Mouton charollais
150 adhérents, 9.000 brebis inscrites


L’organisme de sélection (OS) Mouton charollais compte environ 150 adhérents pour 9.000 brebis inscrites. Les élevages sont situés un peu partout en France avec toutefois « un gros noyau » en Saône-et-Loire (75 % des adhérents) et pas mal d’éleveurs en Côte-d’Or, dans l’Allier, du côté de Limoges et de Guéret.


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