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Exportations aux USA

Washington va bien sanctionner plus d’une centaine de produits agroalimentaires de l’UE

Le 2 octobre, l’OMC a donné son feu vert aux États-Unis pour que ces derniers taxent 7,5 milliards $ de produits européens, dans le cadre du vieux conflit opposant Américains et Européens sur les aides accordées aux avionneurs Boeing et Airbus. Dans la foulée, Washington a publié la liste de 150 catégories de produits dont une centaine en lien avec le secteur agroalimentaire à hauteur de 25 % qui seront taxés à partir du 18 octobre.

Par Publié par Cédric Michelin
Washington va bien sanctionner plus d’une centaine de produits agroalimentaires de l’UE

À peine l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a-t-elle donné son autorisation le 2 octobre, aux États-Unis pour taxer des produits européens en compensations des aides accordées par certains pays de l’UE à Airbus, que l’administration Trump annonçait qu’elle mettrait bien en place des droits de douane supplémentaires à hauteur de 7,5 milliards $. Ceux-ci seront imposés, à partir du 18 octobre, sur 150 catégories de produits à hauteur de 10 % sur les avions de l’UE et de 25 % sur d’autres produits principalement agricoles, dont les vins espagnols et français, les fromages italiens et anglais, les olives et huile d’olive en provenance d’Espagne et plusieurs produits porcins en provenance notamment d’Allemagne et d’Espagne.

Alors que Trump dénonce de longue date l'omniprésence de voitures Européennes, notamment Allemandes, dans les grandes villes américaines, ces dernières sont épargnées. Mais pas l'agriculture qui est encore une fois le bouc émissaire facile.

Au printemps prochain, l’UE devrait également être autorisée par l’OMC via une procédure miroir, à imposer des droits de douane similaires en réaction à des subventions indues versées par le gouvernement américain à Boeing. Ces sanctions porteraient également sur certains produits agroalimentaires (ketchup, fruits secs, jus de fruits…).

Européens et américains restent ouverts à la négociation

Toutefois, pour résoudre ce conflit vieux de 15 ans, la commissaire européenne au Commerce Cécilia Malmström a indiqué que l’UE souhaite avant tout apaiser les tensions en soulignant que « nous imposer des droits de douane l’un à l’autre, ce n’est pas une bonne solution. Nous n’avons donc toujours pas abandonné l’espoir de trouver une solution négociée et équitable avec les États-Unis ». Dans le même temps, Robert Lighthizer, représentant américain au Commerce (USTR), a souhaité rappeler que « les États-Unis espèrent toujours entamer des négociations avec l’UE afin de résoudre ce conflit au bénéfice des travailleurs américains ». La volonté de l’administration Trump est ainsi d’arracher un accord bilatéral pour obtenir un plus grand accès au marché européen mais la Commission européenne refuse toujours de parler d’agriculture. Dans ce contexte, la France et l’Italie s’inquiètent déjà des retombées négatives sur leur filière vins et fromages. Le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire estimant que les États-Unis feraient « une erreur économique et politique ». De son côté, la ministre italienne de l’Agriculture, Teresa Bellanova, assure qu’elle « est convaincue que les agriculteurs italiens n’ont pas à payer le prix le plus lourd pour l’affrontement sur les Airbus ».

Les organisations et coopératives agricoles de l’UE (Copa-Cogeca) ont regretté que « le secteur agricole paie à nouveau la note pour une décision politique sur le commerce qui n’a rien à voir avec l’agriculture ». Le Comité européen des entreprises vin (CEEV), rappelle qu’en 2018, les exportations de vin de l’UE vers les États-Unis ont atteint 3,76 Mrds € (soit 33 % des exportations totales de vin de l’UE) et que les pays ciblés par les tarifs douaniers américains (France, Allemagne, Espagne et Royaume-Uni) ont représenté 1,38 Mrd € (36 % du total) dont 1,2 Mrd pour la seule France.

+25 % est une forte hausse mais un moindre mal puisque les Etats-Unis avaient le droit de taxer à 100 % les produits français, comme les vins par exemple. La Bourgogne aurait alors été plus fortement impactée.