Fertilisation
Gagner en précision

Cédric MICHELIN
-

Une bonne valorisation des engrais de ferme passe nécessairement par la précision de l’épandage : il est pour cela important de connaître le chargement, de bien régler le débit par rapport à la vitesse d’avancement et d’avoir une bonne maîtrise de la répartition.

Gagner en précision
Bien connaitre la valeur fertilisante de son fumier est indispensable pour le valoriser efficacement.

Riches en azote, phosphore et potasse, les engrais de ferme permettent de substantielles économies d’engrais minéraux quand ils sont bien valorisés pour fertiliser cultures et prairies. La tendance structurelle de l’évolution du coût des engrais à la hausse conduit à définitivement cesser d’envisager l’épandage comme un simple déstockage, mais plutôt à le considérer sous l’angle agronomique, avec ses bienfaits sur la structure du sol. La généralisation des hérissons verticaux et des tables d'épandage est aussi venue renforcer le raisonnement agronomique de cette opération.

Forte variabilité des produits

La connaissance de la composition du produit indispensable à un travail de qualité. Les références locales, qui s’appuient sur des analyses permettent de se faire une première idée de la valeur fertilisante du fumier... Les techniques d’élevage et de stockage (mode de logement notamment), la durée de conservation, l’aération, le risque de lessivage par l’eau de pluie, peuvent cependant influer fortement sur la qualité finale du produit. D’une manière générale, il faudra éviter tous les phénomènes qui favorisent la compaction. L’eau de pluie, le piétinement ou le passage des engins sont autant d’éléments préjudiciables à une évolution favorable du produit. Ces différents facteurs rendent cependant l’épandage plus difficile. L’excès d’eau limite également la circulation de l’air, et donc les fermentations qui l’accompagnent. Ces dernières ont l’avantage de fragmenter les pailles longues, ce qui facilite la manipulation et l’épandage.
Le choix du dispositif d’épandage doit en outre être adapté au type de déjections. Il existe deux types principaux : les hérissons verticaux et les tables d'épandage. Ils peuvent équiper les épandeurs à caisse étroite ou à caisse large. Les anciens épandeurs à deux hérissons verticaux ont disparu du marché du fait de leur faible largeur d'épandage. « Les épandeurs à deux hérissons verticaux sont bien adaptés aux fumiers compacts. Les hérissons de grand diamètre sont à privilégier. La largeur d'épandage est comprise entre 5 et 10 m. Ils sont mécaniquement plus simples et nécessitent moins de puissance et leur prix d'achat est moins élevé », explique Philippe Mondelet, technicien en charge des Cuma à la chambre d’agriculture de Haute-Saône. « Plus chers, les épandeurs à table d'épandage (avec des hérissons horizontaux de démêlage) permettent d'obtenir des faibles doses avec notamment des produits plus légers (compost, co-compost et fientes). Ils permettent d'obtenir aussi des largeurs d'épandage plus importantes, de 10 à 12 m ».

Chargement régulier

Le chargement de l’épandeur est une étape clé pour obtenir un débit régulier. L’opérateur doit viser la meilleure homogénéité possible, en évitant autant que possible de gros blocs compacts alternés avec des espaces vides importants qui provoqueraient une irrégularité de l’alimentation des hérissons. Il convient d’éviter les blocs, mais aussi de maîtriser parfaitement la hauteur dans la caisse. Si celle-ci est irrégulière ou si elle dépasse le cadre des hérissons, la progression perd de sa régularité. L’augmentation de la hauteur des caisses, pour améliorer la capacité des épandeurs, peut être préjudiciable à la régularité du débit, quand les trop nombreux frottements provoquent le glissement des barrettes sous la masse du fumier. L’entraînement hydraulique du tapis permet en revanche d’améliorer sensiblement le réglage du débit par rapport à la vitesse.
Le déchargement d’un épandeur comporte trois phases. Pendant la première (environ 20 % du temps), le débit passe de 0 à une valeur maximale. Durant la seconde phase qui représente moins de 40 % du temps, le débit est à peu près stable. La dernière phase, soit 40 % du temps d’épandage, correspond à une diminution régulière qui fait passer le débit de la valeur maximale à 0. Pour remédier à cette imperfection constitutive, des systèmes à débit proportionnel à l’avancement ou de pesée en continu sont mis au point. Le rôle essentiel du fond mouvant constitue la vitesse d'avancement du produit à épandre. Ce n’est que par un réglage précis de cette vitesse qu’il est possible de maintenir la dose exacte épandue. Seuls les boîtiers indiquant la vitesse réelle du tapis le permettent. Ceux dont le réglage de la vitesse s’effectue à partir d’une molette n’offrent pas suffisamment de précision. Dernier point, une bonne connaissance de la largeur d’épandage et de la courbe de répartition permettent de faire correspondre la largeur de travail et la distance entre les passages.
Alexandre Coronel

Pratique : évaluer la masse volumique du fumier

L’évaluation de la densité du fumier pour connaître le nombre d’épandeurs par hectare peut se faire simplement grâce à la méthode du seau. Pour cela il faut utiliser un seau de poids et de contenance connus.
1) le remplir de fumier en tassant un peu (le fumier est tassé dans l’épandeur) ;
2) peser le seau plein ;
3) en déduire la masse volumique du fumier à l’aide de la formule mathématique suivante :
Masse volumique = (Poids du seau plein – Poids du seau vide) ÷ volume du seau.

Par exemple pour un seau de 25 litres qui contient 20 kg de fumier, on obtient :
Mv = 20 kg ÷ 0,025 m3 = 800 kg/m3
Reste ensuite à calculer le nombre d’épandeurs nécessaires pour épandre la dose/ha voulue. Si le volume utile de l'épandeur est de 9 m3, un épandeur chargé transportera 7,2 tonnes, ce qui fait que trois voyages équivalent à 21,6 tonnes.