Montbéliarde
Le progrès génétique démultiplié en race montbéliarde !

Marc Labille
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À l’occasion d’une journée organisée par l’OS Umotest et Elva Novia, l’EARL Ferrier a témoigné de ses progrès génétiques accélérés grâce aux nouveaux outils de sélection.  

Le progrès génétique démultiplié en race montbéliarde !
17 montbéliardes de l’EARL Ferrier avaient été préparées par les jeunes d’Avenir Génétique Passion 71.

Le 26 mars au Miroir, l’EARL Ferrier était le théâtre d’une journée consacrée à la génétique montbéliarde. L’évènement était organisé par Elva Novia/Connexyon et l’Organisme de Sélection Umotest.

L’EARL Ferrier est une belle « illustration de développement génétique en élevage », introduisait Pascal Quignard, technicien montbéliard à Elva Novia.

Sur cette ferme du Revermont, la famille Ferrier produisait autrefois du lait à Comté. Laurent Ferrier s’est installé en 1997 et il a fait évoluer son exploitation pour la rendre plus « efficace et économique », de sorte à « produire du lait et gagner sa vie », présente-t-il. Aujourd’hui, le troupeau se compose de 61 montbéliardes donnant 560.000 litres de lait livré à la coopérative d’Étrez (Ain). L’exploitation est engagée dans l’AOP Crème et Beurre de Bresse et le lait est valorisé 490 €/1.000 litres.

La distribution de l’alimentation des animaux est assurée par une automotrice utilisée en Cuma. Un distributeur automatique de concentrés a été mis en service en 2012. Depuis 2018, Laurent Ferrier emploie un salarié à temps plein qui pallie ses absences liées à ses mandats de président d’Elva Novia et d’administrateur d’Umotest.

Un coût de ration inférieur à 100 €

Très vigilant sur l’efficacité économique de son atelier, Laurent Ferrier s’appuie beaucoup sur l’expertise d’Acsel Conseil élevage. Son coût de ration est aujourd’hui inférieur à 100 €, fait valoir l’éleveur qui conduit ses vaches en pâturage dynamique. Cette année, le troupeau est sorti dès la mi-mars et sur des terres de « marais humides drainées, on peut faire pâturer jusqu’au mois de juillet, même en période sèche », confie l’intéressé. Dans sa quête d’efficacité économique, Laurent Ferrier s’est donné comme objectif de faire vieillir ses vaches : « une génisse coûte cher à créer et ce qui compte, c’est le lait par jour de vie », indique-t-il.

Cet impératif économique guide aussi les choix de Laurent en matière de génétique. Dans ce domaine, le troupeau a beaucoup progressé ces dernières années. L’EARL Ferrier est aujourd’hui en tête du palmarès des élevages montbéliards de Saône-et-Loire en ISU.

Génotypage et semence sexée

Cette progression doit beaucoup au génotypage que l’élevage fait subir à tous ses animaux depuis que la technique existe. À cette évaluation précoce des femelles se combine l’usage de semences sexées sur les meilleures d’entre elles. Cette technique permet d’accélérer significativement le progrès génétique. 30 % des femelles de l’EARL sont inséminées avec des semences sexées, 30 % avec des semences de croisement et 40 % avec des semences conventionnelles. Les objectifs de sélection de Laurent sont l’ISU, la matière protéique et les aplombs.

Transplantation embryonnaire

L’élevage recourt également à la technique de la transplantation embryonnaire. Des embryons issus de la station Umotest sont mis en place une à deux fois par an et deux collectes « intra troupeau » sont réalisées dans l’année. C’est ainsi que Laurent a introduit la souche Newlook, mère de Popeck, dans son élevage. Un embryon issu de la station Umotest a été posé sur une vache de l’EARL. Cet embryon a donné Prune, une fille de Newlook et de Mistik, née en juillet 2019. Dotée d’un ISU de 163 et qualifiée mère à taureau, Prune a produit 9.400 kg de lait en première lactation. Grâce à la transplantation embryonnaire, l’éleveur a pu démultiplier sa descendance en lui faisant produire plusieurs collectes d’embryons. Âgée de moins de cinq ans, elle a déjà donné à l’élevage onze filles avec quatre taureaux différents ainsi que deux petites-filles. Des filles toutes bien indexées et prometteuses à l’image de cette souche de la famille Newlook.

Télido, un pur produit de l’élevage !

L’EARL Ferrier est aussi le naisseur du taureau Télido qui vient d’entrer au catalogue Umotest. « Télido est un exemple de mâle d’opportunité », confie Pascal Quignard. Autrement dit, il s’agit d’un animal qui a été repéré en ferme grâce au génotypage. C’est un pur produit de l’élevage de la famille Ferrier. Il est issu « d’une très bonne et grande famille avec pas moins de douze générations connues ! », présente le technicien. Télido est le fils de Peps et de Nélida, elle-même fille d’Ingénio.

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Un show par les jeunes d’Avenir Génétique Passion 71
L’équipe d’Avenir Génétique Passion 71.

Un show par les jeunes d’Avenir Génétique Passion 71

17 femelles montbéliardes de l’EARL Ferrier avaient été préparées pour cette visite d’élevage. Pour la famille Newlook, il y avait Prune ainsi que plusieurs de ses filles et petites filles. La famille du taureau Télido était également à l’honneur avec sa mère Nélida et plusieurs de ses demi-sœurs. Cette magnifique exposition avait été organisée par l’association Avenir Génétique Passion 71 que préside Anthony Terret, par ailleurs salarié sur la ferme. Deux journées ont été nécessaires pour laver, tondre et installer les animaux. Huit jeunes d’AGP 71 sont venus prêter main-forte pour ce mini-show. C’était une petite fierté pour le groupe qui a repris du service depuis l’an dernier. AGP 71 montrait ainsi tout son savoir-faire en matière de préparation de vaches laitières pour les concours. Car c’est bien la mission de cette jeune association qui vient en soutien aux éleveurs pour valoriser la génétique laitière de Saône-et-Loire sur les concours.

Santé du pied, sans corne, acétonémie, efficience alimentaire

L’Organisme de Sélection (OS) Umotest compte 15.500 éleveurs utilisateurs en France pour une base de sélection de 380.000 vaches montbéliardes. 2.500 éleveurs participent au schéma de sélection Umotest dont le siège est à Ceyzériat près de Bourg-en-Bresse. Le schéma de sélection repose aujourd’hui sur l’évaluation génomique de 73.000 animaux par an, ce qui fait de la montbéliarde la race qui génotype le plus. Cette année, Umotest a lancé plusieurs innovations génétiques qui sont autant d’exclusivités dans la race montbéliarde. L’OS a ainsi dévoilé un nouvel index « Santé du Pied ». La santé du pied est la troisième cause de réforme en élevage laitier. D’où l’ambition de mettre au point un index génomique sur ce critère. Cet index est le fruit d’un travail collaboratif national. Dix années de collecte de données de parage ont mis en lumière huit pathologies couronnées par la construction d’un modèle statistique débouchant sur trois index. Depuis l’été dernier, Umotest dispose dans son catalogue de trois taureaux hétérozygotes sans corne, fruits de dix ans de sélection. L’OS a aussi dévoilé un nouvel index « Acétonémie » permettant de prévenir le risque de cétose, une maladie métabolique. Une dernière exclusivité Umotest est un index d’efficience alimentaire.