Gaec du Progrès
Au Gaec du Progrès, un robot assure l’alimentation du troupeau

Marc Labille
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Sur une exploitation produisant plus de 2 millions de litres de lait, le Gaec du Progrès possède des robots de traite depuis de nombreuses années. En 2018, il a choisi d’automatiser aussi l’alimentation de son troupeau.  

Au Gaec du Progrès, un robot assure l’alimentation du troupeau
Guidé par un rail en hauteur, le robot circule entre le bâtiment abritant la cuisine et les taurillons à l’engraissement et la stabulation des vaches laitières.

Le Gaec du Progrès, qui compte quatre associés aidés d’un salarié, exploite un troupeau de 220 vaches prim’holstein produisant 2,2 millions de litres de lait à Saint-Germain-du-Plain. Cent taurillons laitiers y sont par ailleurs engraissés chaque année. La ferme a été l’une des premières en Saône-et-Loire à adopter un robot de traite et les vaches sont aujourd’hui traites par quatre robots.

De 2009 à 2018, le Gaec nourrissait ses animaux à l’aide d’une mélangeuse automotrice de 14 mètres cubes. Durant ces années, Christophe Chaumont s’était rendu en Hollande pour voir des robots de traite car les machines du Gaec étaient à changer. C’est à l’occasion de ce voyage que le jeune éleveur a découvert un robot d’alimentation de marque Trioliet. Sa décision était prise : « un robot d’alimentation remplacerait un jour l’automotrice ! ». Le moment est venu en 2018 lorsque la machine a atteint 8.000 heures au compteur. Deux associés prenaient leur retraite, la compagne de Christophe intégrait le Gaec et l’automotrice était à remplacer.

La réorganisation de la main-d’œuvre sur la ferme justifiait l’achat d’un robot d’alimentation. Les simulations faites par les associés les ont confortés dans leur choix. Le prix d’un robot s’élevait à 260.000 € alors qu’une automotrice de 20 m3 serait revenue à 190.000 €. Mais pour le robot, le Gaec pouvait bénéficier d’une aide PCAE de 49.000 € et cet équipement économisait un chauffeur, l’équivalent d’un mi-temps de salarié, fait valoir Christophe.

Comme un trolleybus…

Après être allé voir des robots en fonctionnement de plusieurs fabricants, c’est la marque Trioliet que le Gaec a finalement retenue. Le système repose sur un petit bol mélangeur autonome de 3 mètres cubes de contenance qui va alimenter régulièrement les auges des vaches laitières et des taurillons de l’élevage. Ce bol est porté par quatre roues et il est animé par un moteur électrique. Les associés ont opté par une alimentation électrique sur secteur – et non par batterie rechargeable. Au-dessus du bol, un rail suspendu sert à la fois de guide pour l’automate et il l’alimente en énergie électrique grâce à une sorte de caténaire. « Le robot se repère au rail grâce à des pastilles positionnées tous les 4 mètres », précise Christophe Chaumont.

Chargement en cuisine

Lorsqu’il ne parcourt pas les couloirs d’alimentation de la stabulation, le robot est stationné dans une aire où il reçoit les ingrédients de la ration. Cet espace aménagé sous un hangar de stockage est communément appelé « cuisine ». Les matières humides et volumineuses (fourrages, paille, etc.) sont déposées au préalable dans une série de compartiments. Pour cette tâche, un coupe-cube équipe le chargeur télescopique de la ferme avec lequel les éleveurs approvisionnent la cuisine. Devant chaque compartiment, eux-mêmes animés d’un fond mouvant, une scie mobile découpe automatiquement la quantité nécessaire pour la ration. Cette tranche tombe sur un tapis qui conduit les ingrédients vers le bol mélangeur. Une fois les fourrages chargés, le robot avance vers la position où il reçoit, par un jeu de vis, les matières sèches stockées dans différents silos (correcteurs azotés, céréales, sel, minéraux…).

Géré par ordinateur…

La composition de la ration est gérée par ordinateur après que l’éleveur a programmé les proportions calculées dans le plan de rationnement du troupeau. La ration des vaches laitières est composée de maïs ensilage, d’ensilage d’herbe, de maïs épi, de foin, de paille, de purée de pomme de terre, d’enrubannage auxquels s’ajoutent les minéraux, l’orge aplatie, les complémentaires… L’éleveur programme également les quantités de ration distribuées aux catégories animaux. Dans le cas des taurillons par exemple, la distribution varie ainsi case par case en fonction du nombre d’animaux et de leur poids : de 60 % d’une ration moyenne (400 kg vif) pour les plus légers à 130 % pour les mâles les plus lourds proches de la vente). Le même rationnement est appliqué pour les vaches selon le stade de lactation, les taries…

1 kg de lait en plus dès la mise en service

Avec la robotisation de l’alimentation, la distribution est passée à six fois par jour pour les vaches laitières, cinq fois par jour pour les mâles à l’engraissement, trois pour les vaches taries et deux pour les génisses. Ce fractionnement de la distribution a pour effet « d’inciter les animaux à manger davantage et il y a moins de refus », fait valoir Christophe. Le gain de performance est immédiat. « À la mise en route du robot, les vaches se sont mises à ingérer 1 kg de matière sèche en plus ce qui les a fait produire 1 kg de lait en plus par vache », fait valoir l’éleveur. Quant aux taurillons, « ils ont gagné 40 kg de viande en plus pour des carcasses de 450 kg en moyenne ».

1 heure à la place de trois

L’impact est également sans appel concernant la charge de travail. L’alimentation des animaux prend une heure là où il en fallait trois auparavant, indique Christophe. La robotisation a complètement libéré les associés de l’alimentation les week-ends. « On recharge la cuisine le samedi ou le vendredi matin et on est tranquille jusqu’au lundi ! », fait valoir le jeune éleveur.

Cerise sur le gâteau, l’alimentation robotisée des quelque 400 UGB (630 bovins en hiver) que totalise l’exploitation revient moins cher en énergie qu’avec une mélangeuse automotrice. À noter que le passage au robot d’alimentation a permis de réduire la largeur des couloirs d’où de la place de gagnée pour les vaches qui ont désormais plus de mètres carrés.

Enfin, Christophe Chaumont pense que cet apport de technologie a aidé pour recruter de la main-d’œuvre sur la ferme. « On dit qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre alors que nous, nous avons réussi à trouver trois jeunes en deux ans ! », lance-t-il convaincu que la modernité de l’outil a de quoi séduire les jeunes.

 

Robotisation et confort pour plus de production

Robotisation et confort pour plus de production

Engagé dans la démarche de réduction des émissions de carbone Carbon Agri, le Gaec du Progrès projette de faire progresser la production moyenne annuelle par vache de 9.500 kg de lait à 11.000 kg/vache/an. Le but étant de produire à terme 2,5 millions de litres de lait avec 230 vaches de race prim’holstein. Outre le robot d’alimentation, l’optimisation de la production passe par un gain de confort pour les animaux. 240 logettes à parois flexibles sur matelas à eau ont été installées. Les allées raclées sont recouvertes de tapis rainurés laissant s’écouler les jus. Agrandi, le bâtiment offre davantage de mètres carrés par vache et ces dernières disposent de plus de places à l’auge (2 places pour 3 vaches contre 1 pour 2 auparavant). L’effort porte aussi sur l’élevage des petits veaux qui doit être irréprochable pour un vêlage plus jeune et une carrière plus longue. Cela profite aussi aux mâles qui seront plus lourds au même âge, fait valoir Christophe Chaumont.