Agricultrices en 2017
Au Sénat, Christiane Lambert rappelle les enjeux

Publié par Cédric Michelin
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Le 23 mai dernier, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, a été auditionnée au Sénat en présence de Chantal Jouanno, présidente de la Délégation sénatoriale aux droits des femmes. Statut, représentativité, formation et reconnaissance de leur métier : les agricultrices ont fait du chemin, mais la victoire est loin d’être actée. 

Au Sénat, Christiane Lambert rappelle les enjeux

« Le mot ‘agricultrice’ est entré dans le Petit Larousse en 1961 » : par ce rappel, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA entend illustrer le long combat des agricultrices pour voir leur statut reconnu. Pourtant, en 1988, c’est chose faite : « Grâce au travail mené par les agricultrices de la CNA et de la FNSEA, il y a eu un statut plein et entier pour les agricultrices », explique-t-elle, auditionnée par la délégation sénatoriale aux droits des femmes, le 23 mai. Le statut de conjoint collaborateur apparaît ensuite en 1999. La présidente de la FNSEA se réjouit également du fait que « les femmes ont désormais la possibilité de constituer un GAEC, Groupement agricole d'exploitation en commun, avec leur conjoint ». Autre volet : la représentativité des exploitants agricoles. Mme Lambert salue les progrès réalisés au sein de la FNSEA avant son accession à la tête de l’organisation. En effet, depuis 6 ans, « il a été décidé que lors des élections aux chambres d’Agriculture qui sont des tests de représentativité, il y ait 30 % de femmes sur les listes ». Or, cette proportionnalité - les femmes représentants 33 % des actifs agricoles - est loin d’être généralisée. « La MSA est certainement la structure où il y a le plus de femmes au conseil d’administration […] et l’on n’en compte presque pas dans les coopératives », déplore la présidente de la FNSEA. Et pourtant, elle révèle une confidence faite par un président de coopérative : « J’ai fait rentrer deux femmes au conseil d’administration, qu’est-ce que ça a changé le dialogue et le débat ! ».

Se former, une nécessité pour les agricultrices 

« C’est impressionnant de voir comment, aujourd’hui, dans les écoles d’agriculture, il y a beaucoup de jeunes filles qui veulent être agricultrice », s’enthousiasme l’éleveuse de porcs du Maine-et-Loire, une profession qu’elle a choisie avec passion alors que ses professeurs et maîtres de stage avaient tenté de l’en dissuader. En 2016, ce sont « aux alentours de 25 % de jeunes femmes » qui se sont installées, du jamais vu. Il faut dire que « le métier a beaucoup changé, la force physique est moins nécessaire qu’auparavant », ce qui le rend plus accessible. Néanmoins, « le taux d’accès à la formation est plus faible pour les femmes », explique Mme Lambert, également présidente de Vivea, un fonds de formation continue. Selon elle, la principale cause est « la difficulté à quitter l’exploitation », difficulté renforcée pour les mères de famille. Cependant, les solutions existent. D’une part, « nous avons fait une incitation à avoir recours aux services de remplacement », affirme la présidente de la FNSEA. « On a aussi beaucoup travaillé pour développer les formations à distance, les MOOC », poursuit-elle. En effet, il est parfois impossible pour les agricultrices exerçant en milieu reculé de se rendre sur un lieu de formation trop éloigné. Enfin, si des progrès ont été réalisés en ce qui concerne l’accès au foncier, il n’en demeure pas moins que « certaines jeunes femmes assurent avoir plus de difficultés [à obtenir un financement] lorsqu’elles arrivent devant le banquier », une preuve de plus, pour Christiane Lambert, que le combat doit se poursuivre.