AOP fromage charolais
L’inaltérable succès du fromage charolais

Ariane Tilve
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Toujours à la recherche de nouveaux producteurs, le syndicat de défense du fromage charolais accueille un nouvel adhérent, Maël, qui produit également en Mâconnais. Une AOC particulièrement sollicitée qui affiche d’excellents chiffres depuis le début de l’année, ce qui ne fait que confirmer le bilan 2022. Les 25 opérateurs habilités ont produit 135 tonnes de lait en 2022, contre 111 en 2021 et 97 tonnes en 2020. Résultat, 482.000 fromages produits en 2022 contre 382.000 en 2021.

La présidente du syndicat de défense des fromages charolais, Sophie Bonnet, le trésorier Christophe Guillerand et le secrétaire Etienne Cahieux lors de l'assemblée générale à la Maison du charolais.
La présidente du syndicat de défense des fromages charolais, Sophie Bonnet, le trésorier Christophe Guillerand et le secrétaire Etienne Cahieux lors de l'assemblée générale à la Maison du charolais.

Plus de contrôles ?

En 2022, les retards accumulés durant la pandémie ont été rattrapés en termes de contrôles. Six contrôles internes ont été réalisés par Certipaq et deux habilitations. Les producteurs sont actuellement prévenus des collectes pour les tests organoleptiques. « Nous demandons aux éleveurs de donc prévoir des fromages à mettre à disposition. Dans le cas contraire, la facture du déplacement (inutile) du contrôleur sera facturée à l’adhérent », précise la présidente Sophie Bonnet. Pour ce qui est de 2023, l’Inao souhaite harmoniser les outils de contrôles au niveau national. Actuellement, le Syndicat de défense du fromage charolais dispose d’un plan de contrôle intégré au cahier des charges qui devrait évoluer en deux volets : les dispositions de contrôle communes, pour toutes les productions laitières et les dispositions spécifiques (DCS). « Nous avons défini les DCS avec Certipaq et souhaitons les faire certifier par l’Inao. Les discussions sont en donc en cours avec les services de l’État. Nous faisons valoir nos arguments pour que les contrôles soient pertinents », insiste le secrétaire Étienne Cahieux. Quelle que soit l’issue de ces discussions, cette harmonisation devrait entraîner une hausse de la fréquence des contrôles existants et donc une augmentation des charges. Le coût estimé d’un contrôle varie entre 5 et 250 € la tonne au niveau national pour les AOP et les AOC, sachant que Certipaq facture environ 150 € la tonne en moyenne. Un tarif moyen que l’organisme national justifie en raison de la dispersion géographique et du grand nombre de petites exploitations. Les frais de l’organisme, basé à Annecy, ont explosé. En cause, selon les principaux intéressés, l’inflation en 2022. Les adhérents s’inquiètent de l’impact que l’inflation galopante de 2023, qui s’apparente parfois à de la spéculation dans certains secteurs comme l’énergie ou les GMS, aura sur les tarifs de cette année. L’Inao estime en outre que tous les contrôles devraient être inopinés, ce qui n’est pas du tout le cas en Saône-et-Loire. Le syndicat insiste pour que les contrôles aient lieu à l’heure de la traite pour s’assurer de la présence de l’exploitant sur les lieux. Le bureau attire l’attention de ses adhérents sur la déclaration de volume qui doit être réalisée en temps et en heure, tout comme les frais d’adhésion qui ne sont pas toujours réglés dans les temps. Des sanctions pourraient être envisagées. La non-déclaration du volume peut, elle aussi, entraîner des sanctions.

Actions et outils de promotion

Le dur labeur des 25 opérateurs habilités est néanmoins récompensé par le dynamisme de l’AOP. Une "marque charolaise" très demandée et surfe sur sa notoriété pour promouvoir ses produits lors des divers évènements du département, mais aussi au niveau national, au Salon de l’agriculture, mais aussi lors des Nuits bressanes, du rallye des vins de Mâcon ou encore lors de la Quinzaine gourmande. « Nous sommes très demandés, mais les volontaires pour aller expliquer ce que sont les fromages charolais manquent », se désole Sophie Bonnet. Avis aux amateurs. Le bilan promotionnel de 2022 est excellent mais l’AOP ne compte pas se reposer sur ses lauriers en 2023. Elle participera au concours de fromage qui se tiendra lors du quarantième anniversaire de l’Ambassade du Charolais, samedi 22 juillet à 9 h 30 à la Maison du Charolais. Anniversaire que nous évoquions dans nos pages en février.

 

Prédation du loup

L’un des atouts de l’AOP est le bien-être animal. « Tout le monde nous demande si nous sortons nos chèvres. Oui, mais jusqu’à quand ? » s’interroge Sophie Bonnet qui s’inquiète de la prédation du loup qui, pour l’heure, n’a pas fait de victime recensée dans les élevages caprins. Le syndicat estime que la Convention de Berne* doit évoluer. D’autant plus que la législation, lorsqu’elle prévoit une indemnisation pour les bêtes attaquées, ne tient pas totalement compte de l’impact réel de ces attaques sur le reste du troupeau et la production tout entière, des avortements spontanés des chèvres aux laits caillés.

Pour rappel, la procédure actuelle de constat se fait auprès de la DDT et prévoit que l’éleveur fasse un constat l’attaque « de type grand canidé ». L’OFB (06.20.78.94.77) vient alors pour analyser les lésions et la morsure et consommation de viande, mais aussi pour effectuer les prélèvements éventuels et prendre des photos. Vient enfin l’expertise régionale de l’OFB qui prévoit quatre conclusions possibles : une prédation loup/lynx non écartés ; une prédation loup/lynx écartés ; une cause de mortalité indéterminée ou encore une prédation écartée. Dans le cas d’une prédation loup non écartée, l’éleveur caprin doit installer des filets électrifiés pour protéger le troupeau. Ce n’est qu’après l’installation d’un tel dispositif que la préfecture peut délivrer une autorisation de tir de défense simple par un louvetier (lire nos articles du vendredi 28 avril dédiés à la prédation, p. 2 et 3).

*La convention de Berne vise à protéger les espèces menacées d’extinction.