FDSEA et JA de Saône-et-Loire
Des délestages sous conditions

Cédric Michelin
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Le 12 décembre à Chevagny-les-Chevrières, le préfet de Saône-et-Loire répondait à l’invitation de la FDSEA et des JA de Saône-et-Loire pour faire le point sur le risque de coupures électriques et en même temps, sur la hausse des prix des énergies.

Des délestages sous conditions
« Une grosse exploitation laitière de mon secteur va voir sa facture grimper de 10.000 € par mois. Une autre vend son électricité photovoltaïque 11 cts/kWh et doit racheter son électricité 58 cts », interpellait Cédric Tissot. Le préfet invitait FDSEA et JA a listé « des exemples évocateurs » et « par typologie » d’exploitations non couvertes par le bouclier tarifaire ou amortisseurs. « L’État n’a pas laissé courir ses dettes pendant le Covid, pour laisser partir l’économie en déconfiture », estime Yves Séguy.

Alors que les premiers frimas de l’hiver s’abattaient sur le département, avec un froid jusqu’à -10°C en ce lundi, le nouveau préfet de Saône-et-Loire, Yves Séguy continuait sa "tournée" des acteurs du département. Avant deux réunions, lundi soir et mardi, en ce 12 décembre, les services préfectoraux tenaient à rassurer sur les problématiques d’accès à l’énergie, électriques notamment. « Tout le monde en parle mais rien n’est moins sûr », veut croire pour l’heure Yves Séguy. Il s’agit d’une « réalité » et non d’un « propos de réassurance ». Les services de l’État ont ordre de « s’y préparer » comme ils le font régulièrement pour d’autres gestions de crises. Yves Séguy relativisait même : « la situation n’est en rien inédite, ne serait-ce que lors des tempêtes », sous-entendait-il, pas de panique.
C’est pour se préparer également que la FDSEA et les JA de Saône-et-Loire l’interrogeaient au nom « des productions et des territoires ruraux », inquiets des coupures intempestives ou des hausses des prix des énergies, qui menacent les productions hors-sols, les transformateurs, les chaînes du froid…

Un délestage si, si et si

Si, si et si. Beaucoup de conditions doivent être réunies pour que des délestages soient donc opérés par Enedis, producteur et RTE, le gestionnaire du réseau d’électricité.
D’abord côté consommation, si la sobriété et les économies énergétiques ne suffisent pas. Si la production, nucléaire, charbon, renouvelables… et « achats à l’étranger » d’électricité ne suffissent pas à un moment donné. Enfin, si la baisse de l’intensité de la desserte, « imperceptible » (sauf en bout de ligne, N.D.L.R.), ne permet pas de faire la jonction entre production et consommation d’électricité.
Les services de l’État sont obligés de faire l’hypothèse que cela pourrait arriver en cas de grand froid, « peut-être en janvier », selon plusieurs météorologistes. Dans ce cas de figure, les énergéticiens d’Enedis ont fait une cartographie des infrastructures électriques.
Certains secteurs « ne seront pas délestés », ceux qui abritent des services sanitaires (hôpitaux, cliniques…), services régaliens (pompiers…) ou « gros » opérateurs économiques trop compliqués à couper, même que quelques heures (verriers, chaudronnerie…). « Soit 38 % du potentiel de consommation », estiment les services de l’État qui sanctuarise ces secteurs.
Le président de la FDSEA, Christian Bajard posait donc la question des abattoirs, des exploitations laitières… La messe est dite, lui répondait le Préfet qui ne peut rajouter d’opérateurs économiques sur la liste de l’arrêté Ministériel. Pour ne pas générer de tensions ni jalousie, l’État ne communiquera pas non plus la liste des exclusions au délestage.

Se signaler

Reste des problématiques de santé publique, notamment des personnes vulnérables à domicile, là, les aidants et soignants doivent se mettre en relation avec l’ARS, « nominativement ». Christian Bajard revenait donc à la charge sur les cas agricoles, qui ont besoin d’être tout de moins alertés suffisamment à l’avance pour s’organiser. « Pour ne pas lancer la traite et laisser les vaches ainsi », imageait Stéphane Convert, pour la section laitière. Avec le DDT, Jean-Pierre Goron, la directrice de cabinet du Préfet, Louise Thin-Rouzaud veut donc « identifier les exploitations agricoles à risque par l’intermédiaire du réseau » syndical.

Alertes jaune, orange, rouge

Des réunions préfectorales vont devoir maintenant « caler les processus d’alertes et de suivis » au niveau départemental. « Regardez la météo avec votre bon sens paysan », conseillait Yves Séguy qui met sur un pied d’égalité, le site web et application EcoWatt qui doit devenir la « météo » électrique, 48 heures avant. Si l’alerte passe de vert, jaune, orange à rouge, dans ce dernier cas, la « veille au soir », les communes et quartiers concernés par le délestage seront alors seulement connus. La presse et les Mairies seront appelés à diffuser l’alerte. Comme toute la commune peut ne pas être concernée, sur le site Ecowatt, en rentrant son adresse, l’usager saura s’il y aura ou non une coupure de 2 heures de l’électricité et l’heure de début précis.
Chacun comprenait qu’au même titre que durant la crise Covid, « l’entraide » doit redevenir la valeur cardinale. « On va se serrer les coudes », concluait Yves Séguy qui espère que le pire n’est jamais certain.