EXCLU WEB : Green Deal… ou Green Diète ?

Tribune sur le Green Deal de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA et de la Copa-Cogeca

EXCLU WEB : Green Deal… ou Green Diète ?

Voilà près de 18 mois que le COPA et la FNSEA réclament des études d’impact pour évaluer les objectifs des stratégies européennes « De la Ferme à la Fourchette » et « Biodiversité 2030 » proposées par la Commission européenne dans le cadre du Green Deal. 

Mais toujours pas de réponse ! Malgré trois études, une Américaine, une du centre commun de recherche de la Commission européenne et une Allemande, qui présentent des conclusions concordantes. 

En résumé, ces études disent toutes la même chose : chute drastique de la production agricole, de -10 % à -15 % selon les filières, baisse des revenus des agriculteurs, flambée des prix de l’alimentation, hausse des importations… Tout cela pour des bénéfices climatiques douteux.   

Ce n’est plus un Green Deal que l’on nous promet, c’est une Green Diète ! 

L’Union européenne envoie un signal catastrophique. Un signal qui revient à sacrifier la production la plus vertueuse d’un point de vue environnemental au profit de productions plus émettrices de carbone… Et ce, alors même que la FAO souligne l’augmentation des besoins alimentaires dans un contexte de croissance de la population mondiale. Et que le GIEC pointe, dans son dernier rapport sur les conséquences du changement climatique, le risque majeur de « rupture de la chaine alimentaire. » Produire moins, c’est indéniablement produire de la faim ! 

La décroissance verte est une ligne rouge pour la FNSEA et le COPA. Combien d’études faudra-t-il encore pour que les décideurs politiques européens réagissent ? 

La Commission abandonne son agriculture, et va reléguer aux oubliettes la souveraineté alimentaire européenne, qui repose sur sa capacité à produire une alimentation sûre, saine et durable, en quantité et en qualité. 

Pire : en réduisant son agriculture à peau de chagrin, l’Europe se tire une balle dans chaque pied.

Une première en ouvrant grand la porte aux importations et en affaiblissant nos capacités d’exportation. Résultat : à l’aune des résultats des études, d’autres puissances agricoles mondiales s’organisent déjà pour produire plus et injecter, dans la place laissée vacante, l’alimentation dont nos concitoyens ne veulent pas. 

Une seconde en privant l’objectif de neutralité carbone détaillé dans le paquet climat « Objectif 55 » de solutions indispensables pour la captation et la compensation carbone fournies par l’agriculture. Là encore : aucune étude d’impact, aucune base scientifique ne vient étayer la position de la Commission qui brille donc plus par son dogmatisme que par son réalisme ! 

A quelques mois de la Présidence française de l’Union Européenne, il est plus que jamais nécessaire que nos décideurs politiques nationaux et européens reviennent à plus de pragmatisme et cessent d’engager l’agriculture sur la voie du déclin. Clauses miroir, mécanisme d’ajustement carbone aux frontières et plan protéines doivent être les priorités agricoles de la présidence française : l’Europe a besoin d’un sursaut. Et vite !