RÉACTION
Michel Joux : « Nous sommes dans une spirale infernale »

Face à une augmentation exponentielle des coûts de l’énergie et des matières premières, le monde agricole est une nouvelle fois largement impacté. Le point avec Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes.

Michel Joux : « Nous sommes dans une spirale infernale »
Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. ©FNSEA

Entre la flambée des prix du gaz et de l’électricité, celle des intrants ou encore des emballages, les exploitations agricoles sont de plus en plus fragilisées, dans un contexte de guerre et de post-Covid encore délicat. En effet, de nombreux agriculteurs ne pourront répercuter les hausses de charges supportées sur le prix de vente de leur production. « Nous sommes dans une spirale infernale à la hausse, avec des augmentations de prix complètement déconnectées de la réalité économique de notre territoire », explique Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. La profession agricole avait depuis plusieurs mois sollicité une aide gouvernementale pour limiter l’impact de la hausse des prix du GNR sur les exploitations. Un soutien auquel l’État a répondu positivement, par le biais de la prise en charge de 30 centimes d’euros TTC du litre.
« Nous avons également demandé la mise en place du bouclier énergétique afin d’accéder à des prix qui ne s’enflamment pas trop. Si le baril de pétrole a quelque peu baissé, nous sommes encore avec des montants élevés. Cela aura forcément des conséquences importantes sur les comptabilités des exploitations en fin d’année, avec l’achat de GNR deux fois plus coûteux que l’année passée », s’inquiète Michel Joux.

Des activités agricoles en péril 

Quant aux explosions du prix du gaz, « les maraîchers, les horticulteurs, entre autres, subissent des prix dénués de tout sens » et mettent ainsi leur activité agricole en difficulté, voire en péril… Au niveau de l’électricité, Michel Joux s’alerte particulièrement sur les compteurs de 36 kVa et plus. « Certaines exploitations, grosses consommatrices d’électricité, se retrouvent en difficulté. Nous vivons aujourd’hui des choses compliquées et elles le seront encore l’année prochaine, d’autant plus que les prévisions annoncées ne sont pas rassurantes. C’est pourquoi nous avons réclamé, auprès des services de l’État, que les prix de l’électricité soient déconnectés de ceux du gaz, des prix aujourd’hui couplés. Nous devons absolument avoir des garanties sur des prix qui restent raisonnables, surtout pour les gros compteurs », juge Michel Joux. Par ailleurs, les coûts liés à l’approvisionnement en intrants, avec des prix d’engrais azotés qui ont triplé, les coûts des matériels (bâches d’enrubannage, ficelles, etc.) renforcent les problématiques auxquelles sont confrontés les agriculteurs. « Nous espérons être entendus sur nos demandes de mesures d’accompagnement face à cette hausse du prix de l’énergie », prévient le président de la FRSEA Aura. Après contact avec le chef de cabinet du ministère de l’Agriculture, et des accords de principe donnés, la profession agricole est toujours dans l’attente d’éléments de réponses significatifs, « pour sauver les meubles dans un premier temps et établir la durabilité des exploitations dans un second temps », avoue Michel Joux. « En effet, nous attendions un certain nombre de réponses lors de notre rencontre avec le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, mardi dernier à Cournon-d’Auvergne, à l’occasion de l’ouverture du 31e Sommet de l’élevage. Malheureusement, face à notre inquiétude grandissante, il n’a pas fait d’annonces fracassantes en ce sens. Nous sommes donc dans l’attente des actes à venir dans les prochains mois… », conclut Michel Joux, avec la crainte de voir la prise en charge de 0,25 € HT au litre de GNR supprimée au 1er novembre…

Amandine Priolet