EXCLU WEB : Machinisme / Agroéquipements : la reprise économique stimule le marché

Cédric MICHELIN
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L’année 2021 devrait se solder par une croissance de 8 à 11 % du chiffre d’affaires des industries de l’agroéquipement. Mais les entreprises sont confrontées à des ruptures d’approvisionnement et à une pénurie de main d’œuvre qui entravent ce dynamisme. 

EXCLU WEB : Machinisme / Agroéquipements : la reprise économique stimule le marché

La demande d’agroéquipements de la part des agriculteurs reste très soutenue depuis le deuxième trimestre 2021. La bonne orientation des cours de la plupart des productions végétales et le plan de relance boostent les carnets de commandes des industriels. D’après l’enquête de conjoncture de l’Union des industries de l’agroéquipements (Axema) auprès de ses adhérents menée en septembre 2021, 90 % des industriels et des importateurs de matériels agricoles déclarent avoir un carnet de commandes bon, voire très bon pour la fin de l’année 2021 et le premier semestre 2022. Ainsi le chiffre d’affaires des agroéquipements neufs pourrait se situer dans une fourchette comprise entre 6,5 et 6,7 milliards d’euros (Md€) en 2021 contre 6,106 Md€ en 2019 et 6,075 Md€ en 2020.

Avec 25 000 unités vendues sur les neuf premiers mois, les tracteurs affichent la meilleure performance depuis 2013 (+15 % par rapport à 2019). Les matériels de travail du sol, de semis et de fertilisation bénéficient aussi d’une excellente conjoncture. Quant à l’export il est également très dynamique, en hausse de 10 % par rapport à 2019, stimulé notamment par les excellentes ventes réalisées sur les pays tiers (+26 %), notamment en Russie, en Australie et en Ukraine, mais aussi chez nos partenaires européens - +7 % en moyenne - mais avec des scores impressionnants sur la Pologne (+ 40 %) et l’Italie (+33 %). Les ventes à l’export pourraient atteindre 3,8 à 4 Md€ en 2021, un autre record.

Ralentissement attendu

Cependant, les fabricants et importateurs de matériel agricole s’attendent à un ralentissement du marché dans le courant du deuxième semestre 2022. Comme l’indique Axema, l’effet « plan de relance », qui a accéléré les prises de commandes à partir de mai 2021, va s’estomper. 2022 pourrait aussi marquer la fin d’un cycle haussier d’investissements qui dure depuis mi-2017. C’est pourquoi, selon le syndicat, le marché devrait se stabiliser en valeur en 2022, principalement grâce à un excellent premier semestre pour lequel les commandes sont déjà remplies. Pour la fin de l’année, l’incertitude plane sur l’évolution des prix agricoles, le volume des récoltes 2022 ainsi que sur les politiques publiques. Autant de facteurs à même d’affecter l’évolution du marché, sans oublier l’allongement des délais de livraison qui pourrait impacter le chiffre d’affaires au deuxième semestre 2022.

Chaînes de fabrication interrompues

Malgré le dynamisme de la demande des agriculteurs en France et à l’étranger, la profession fait face, comme beaucoup d’industriels, à des difficultés d’approvisionnement. Sont particulièrement concernés l’acier, les matières plastiques, les pneus, les composants électroniques, les pièces détachées… Si bien que de nombreux industriels sont contraints d’interrompre pendant quelques jours leurs chaînes de fabrication. Au final, cela se traduit par un allongement des délais de livraisons qui sont passés en moyenne à huit semaines mais qui peuvent atteindre quelquefois 20 semaines…


Les difficultés d’approvisionnement se répercutent également sur les prix d’achat des industriels, celui de l’acier en particulier qui a augmenté de 40 % en un an, et donc sur l’accroissement des coûts de production que des entreprises sont plus ou moins contraintes de faire supporter à leurs clients, même si elles se défendent de le faire en totalité, ainsi que le souligne le président d’Axema, Frédéric Martin. Au final la hausse des prix des matériels agricoles devrait être contenue à 5-10 % selon Axema en 2021.

À cela s’ajoute une pénurie de main-d’œuvre qui non seulement crée une tension sur les salaires mais met un certain nombre d’entreprises en sous-capacité de production. D’où la réflexion un peu désabusée du président : « Faut-il continuer à investir comme les pouvoirs publics nous y encouragent s’il n’y a pas des hommes derrière ? »