Génétique ovine
Le Mouton charollais s’adapte au covid 19

Avec 110 adhérents dans une trentaine de départements, l’organisme de sélection du Mouton charollais est contraint d’adapter ses protocoles d’évaluation génétique au contexte covid.  

Le Mouton charollais s’adapte au covid 19
L'OS Mouton Charollais a décidé de maintenir l'entrée des agneaux en station de contrôle individuel et le concours national est toujours programmé pour les 6 et 7 août à Charolles.

Directrice de l'organisme de sélection (OS) Mouton charollais, Aline Bonnot consacre actuellement la majeure partie de son temps à trouver des solutions d'adaptation face aux conséquences du confinement pour les 110 adhérents répartis sur une trentaine de départements français. « La première conséquence porte sur le contrôle de performances, réalisé par une trentaine de prestataires sur toute la France. En tant que race bouchère, nous demandons aux éleveurs de peser les agneaux, autour de 30 et de 70 jours, mais, en raison du nombre de prestataires, il y a eu des élevages où le peseur a pu continuer de passer en appliquant les consignes de sécurité, et d'autres où les techniciens n'ont pas pu passer. Cette situation nous a conduit à assouplir un peu notre protocole : nous avons autorisé les pesées par l'éleveur. Aujourd'hui, au moins 80 % des éleveurs ont donc procédé aux pesées par eux-mêmes. C'était indispensable pour maintenir les performances parce qu'on ne peut pas se permettre d'attendre si on veut traiter et analyser le poids de l'agneau. Cette étape est la base de tout pour l'amélioration génétique chez nous ».

Entrée de station maintenue au 20 avril

Le Mouton charollais est aussi confronté à un autre écueil actuellement, car, en tant qu'OS qui cherche à améliorer les qualités bouchères, il organise chaque année deux sessions de contrôle individuel à Palinges. « La rentrée pour la première de ces deux stations aurait dû se faire le 9 avril, mais fin mars, nous avions décidé de l'annuler. Néanmoins, nous avons tâté le terrain auprès de nos éleveurs afin de voir qui serait motivé si, malgré tout, nous parvenions à organiser quelque chose. Finalement, le 10 avril, nous avons pris la décision de maintenir une entrée de station pour le 20 avril et pour éviter tout problème, nous avons organisé des co-transports. Habituellement sur ces stations, nous avons entre 40 et 50 éleveurs qui amènent leurs animaux, et là nous avons fait en sorte qu'il y ait des camions pour regrouper les béliers de chaque région et qu'il n'y ait au final que quatre ou cinq chauffeurs qui se déplacent jusqu'à la station de Palinges. Nous avons donné à chaque élevage un quota d'animaux à apporter, ce qui nous évitera de devoir nous-même faire le tri à l'arrivée, là encore pour préserver des conditions de sécurité sanitaire pour les personnes mobilisées. En temps normal, nous recevons 150 agneaux et nous sommes une dizaine à les trier pour en sélectionner 70. Certes, nos protocoles sont un peu décalés, mais l'Institut de l'élevage, qui nous suit, a validé le fait qu'en rapport avec le contexte, nous devions faire preuve d'adaptation ». S'adapter est en effet indispensable pour ne pas gâcher une année au cours de laquelle de nombreux éleveurs auront procédé à des accouplements, via l'insémination, entre les meilleurs béliers et les meilleures brebis. Il faut préserver le fruit de ce travail.

Béliers à vendre sur Internet et Facebook

« On est aussi inquiets, poursuit Aline Bonnot, à propos de la diffusion de la génétique. Nous subissons les problèmes qui touchent plus largement toute la filière viande : il y a eu les difficultés très récentes d'écoulement des agneaux de Pâques, mais, plus globalement, on craint que la conjoncture et le moral des éleveurs fassent qu'ils achèteront sans doute moins de béliers cette année. Moins de diffusion de génétique entraîne forcément des conséquences sur la productivité des élevages. » Des foires favorisant ces ventes étaient justement programmées au printemps, notamment celle de Bellac, en Haute-Vienne, mais elle a été annulée, et elle n'est pas la seule dans ce cas. Face à cela, l'OS Mouton charollais a recensé auprès de tous ses éleveurs le nombre de béliers qui restaient à vendre, et a réalisé une carte de France diffusée sur son site web et sur Facebook afin de faire connaître les béliers à vendre à ceux qui souhaiteraient en acquérir. Il faut ensuite contacter l'OS pour obtenir les adresses des éleveurs vendeurs. Le commerce international n'est pas non plus épargné : Aline Bonnot précise que des acheteurs hongrois et espagnols devaient venir début juin. Pour l'heure, pouvoir les accueillir demeure encore très compromis. Néanmoins, l'OS Mouton charollais espère toujours pouvoir organiser son grand concours national, programmé pour les 6 et 7 août à Charolles.

 

Berty Robert