Flavescence dorée
Sous de nouveaux projecteurs

Françoise Thomas
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Premiers clichés pris dans les vignes de Saône-et-Loire pour la caméra Flash en ce début d’expression des symptômes de la flavescence dorée. Les espoirs sont grands autour de cet outil de détection pour lutter contre cette maladie très présente dans les vignobles bourguignons et particulièrement impactante.

Sous de nouveaux projecteurs
La caméra évolue à une trentaine de centimètres des ceps, face au pied, ce qui garantit une détection optimale des symptômes de jaunisse.

C’est montée sur un scooter électrique que la caméra Flash a fait ses débuts dans les parcelles saône-et-loiriennes, fin août, du côté de Berzé.

Il fallait attendre les premières expressions des symptômes de la maladie pour pouvoir commencer à tester cette caméra arrivée une semaine auparavant des États-Unis (voir notre édition du 20 août).

« On va lui apprendre à détecter la même chose que ce que l’œil humain voit », rappelle Héloïse Mahé. À l’équipe présente, constituée de membres du BIVB et de la chambre d’agriculture, d’engranger un maximum de prises de vues pour pouvoir ensuite enseigner à la machine et à son intelligence artificielle quels sont les symptômes recherchés.

Il faudra donc, pour les chardonnays, un jaunissement de tout ou partie de la feuille, une décoloration des ramures, un enroulement de la feuille, un non-aoûtement du bois, des grappes qui se dessèchent.

Flavescence dorée ou bois noir ?

« Nous allons en fait apprendre à la machine à détecter les jaunisses, comme ce que nous faisons actuellement lors de la prospection à pied. Seul le test en laboratoire permettra de déterminer s’il s’agit de flavescence dorée ou de bois noir », stipule la chargée de formation au BIVB.

Là-dessus, la caméra ne fera pas mieux que l’œil humain, mais elle représente malgré tout une aide précieuse dans la lutte contre la maladie dont le facteur exponentiel peut aller jusqu’à 100 en un an comme le rappelle Christine Dubus, conseillère viticole à la chambre d’agriculture en charge notamment des questions de surveillance biologique et de traitement eau chaude.

« Très peu de vignes sont aujourd’hui épargnées par les jaunisses, souligne-t-elle, on estime que 75 % des parcelles ont au moins un pied présentant des symptômes », étant entendu qu’il ne s’agit pas à chaque fois de flavescence dorée. « Le bois noir ne présente pas de facteur épidémique, son seul problème est de trop ressembler à la flavescence dorée… ».

D’autres perspectives 

Composée de deux objectifs pour les prises de vues, de 12 lampes leds assurant un éclairage constant et optimal de chaque cep et d’une balise GPS permettant de repérer au centimètre près le pied concerné, la caméra évolue à une trentaine de centimètres de la vigne, garantissant une parfaite détection. « L’efficacité s’en trouve améliorée par rapport à un drone », qui évolue au-dessus et beaucoup plus haut, fait remarquer Héloïse Mahé. Même avec le feuillage, la caméra arrivera toujours à capter un bout de rameau non-aoûté par exemple.

Et la détection des jaunisses n’est très certainement qu’un début : « On pourra très bien à terme apprendre au système à détecter tout autre problème sur la vigne ». Ainsi, à l’issue du passage de la caméra dans ses parcelles, un viticulteur pourra un jour être informé de quel pied souffre de quelle problématique : pas seulement de jaunisse donc mais aussi mildiou, oïdium, court-noué, etc., tout est possible car tout est enseignable à la caméra. 
Pour l’heure, les équipes s’attèlent uniquement à la flavescence dorée ce qui représente déjà un important challenge.