Prothèses auditives
On va bien s’entendre !

Françoise Thomas
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Au même titre que pour les yeux, nous connaissons/connaitrons tous la presbytie en vieillissant, la presbyacousie survient avec l’âge. Une dégénérescence programmée donc de nos facultés auditives mais qui peut être freinée, voire comblée, si l’on se protège, ou que l’on s’appareille. Dans cette phase prévention ou appareillage, l’audioprothésiste est là pour vous aider.

On va bien s’entendre !
Claire Glathoud, audioprothésiste intervenant sur plusieurs boutiques, notamment à Prissé.

On pense toujours en priorité aux ouvriers du BTP comme public à risques en matière de perte d’audition. Il ne faut pas oublier que tout bruit au-delà de 80 décibels a un impact préjudiciable sur les facultés auditives et que la durée d’exposition à ce bruit est également problématique.

Certes, les tracteurs sont désormais équipés de cabines insonorisées mais la population agricole travaille souvent dans un environnement bruyant, « nous voyons par exemple souvent des éleveurs de volailles ou des éleveurs laitiers car une salle de traite, notamment, c’est bruyant », relate Claire Glathoud.

Rééducation

Il ne faut donc pas hésiter à se faire tester dès que l’on a des doutes sur son audition. « Ces tests sont gratuits puisque nous sommes là dans le domaine de la prévention », rappelle l’audioprothésiste basée notamment à Prissé. « Les premiers symptômes sont une gêne quand on est dans un groupe, c’est-à-dire que l’on a du mal à entendre et à suivre une conversation dans ce brouhaha général. Monter aussi le son de la télé doit nous alerter », détaille-t-elle encore. Les premiers signes peuvent aussi être l’apparition d’un acouphène, ce petit sifflement permanent provenant de l’oreille interne.

Et ensuite, si l’on doit être appareillé, « plus on commence tôt, c’est-à-dire entre 55 et 65 ans, plus la rééducation est rapide ». Car oui il y a une phase rééducation : « il ne faut pas oublier que l’oreille sert juste à capter les sons et que c’est le cerveau qui les analyse ». Celui-ci a donc besoin de réapprendre progressivement à interpréter l’ensemble des informations qu’il ne recevait plus.

Adapté aux besoins

Forcément quelques a priori doivent être combattus : « pour beaucoup un appareil auditif ça fait vieux et c’est cher », relate Claire Glathoud, or il y a d’énormes progrès technologiques qui rendent ces appareils de plus en plus discrets, et un nouveau dispositif qui les rend financièrement tout à fait accessible (voir encadré).

« De plus, la qualité du son est de plus en plus agréable car la plus naturelle possible », insiste la spécialiste. « Je constate de moins en moins d’échec à l’appareillage et beaucoup de clients nous disent qu’ils ne pensaient pas que ce serait aussi simple ».

Et si l’appareil n’empêche pas une légère diminution naturelle de l’audition, il permet surtout de retrouver « une plasticité cérébrale en trois à six mois en général ». Le premier mois d’appareillage, un rendez-vous hebdomadaire chez l’audioprothésiste permet d’affiner progressivement les réglages.

À chaque vie sociale, un appareil est adapté. Ainsi, pour les personnes fréquentant régulièrement des groupes, des salles de fêtes, un appareil un peu plus perfectionné sera préconisé. Pour les personnes moins soumises à ces changements importants d’ambiance, un appareil plus "basique" sera alors suffisant. Pour Claire Glathoud, il ne faut pas perdre de vue que « quel que soit l’appareil, c’est toujours mieux avec que sans rien ».

Tendez l’oreille aux innovations
De multiples applis existent et permettent d’aller bien au-delà de la "simple" aide auditive.

Tendez l’oreille aux innovations

Se connectant directement à votre téléphone, votre appareil auditif vous permettra de répondre à votre interlocuteur sans avoir à porter votre téléphone jusqu’à l’oreille. De même, « il peut se connecter à la télé, ainsi plus besoin d’un casque audio ».
Les nouvelles générations d’appareil vont ainsi bien au-delà de la simple correction auditive : « des applis offrent des traductions en simultané, on peut aussi bénéficier de mesures comme le ferait un podomètre, de mesures de la fréquence cardiaque. En analysant les bruits et ambiances tout au long de la journée, cela mesure notre travail cérébral »... Des applis qui nécessitent simplement d’être équipés d’un smartphone parmi les dernières générations.

Reste à charge 0
N’hésitez plus à pousser la porte d’un audioprothésiste pour tester votre audition, des solutions d’appareillage entièrement pris en charge par la Sécurité sociale et votre mutuelle existent désormais.

Reste à charge 0

« Une bonne réforme », s’est ainsi que Claire Glathoud qualifie à juste titre "le 100 % santé" mis en place progressivement depuis trois ans, pour les frais dentaires, optiques et d’audioprothèse.

« Depuis janvier dernier surtout, la sécurité sociale et la complémentaire santé prennent entièrement en charge l’appareillage si l’on a souscrit un contrant mutuelle responsable ». S’il s’agit de l’appareil de base à 1.900 € pour les deux oreilles (sinon il faut compter entre 3.000 et 4.000 €), celui-ci offre déjà « une très bonne qualité acoustique », insiste l’audioprothésiste. Dans les ambiances plus sonores, il arrivera certes moins bien à filtrer la parole par rapport au bruit, mais le confort apporté au quotidien, dans un environnement classique, reste indéniable.

« Nous avons toujours eu des appareils à ce prix-là, mais il est vrai que depuis la mise en place de ce dispositif avec 0 € de reste à charge, nous voyons beaucoup plus de monde ». L’effet confinement semble aussi être passé par là, puisque dans cet arrêt forcé de la vie habituelle, de nombreuses personnes ont enfin eu l’occasion de se poser et de prendre le temps de prendre soin d’elles.