L’immunité
Ce remède à cultiver ! (1ère partie : l’immunité : qu’est-ce que c’est ?)
“Renforcer les défenses immunitaires”, “boostez vos défenses immunitaires” !, sont des expressions que l’on entend souvent en médecine humaine comme en médecine vétérinaire, mais de quoi parle-t-on au juste ? L’objet de cet article est de présenter les grands types d’immunité et les spécificités des ruminants par apport à cette immunité notamment pour le veau
nouveau-né. Dans un prochain article, nous détaillerons les points clés pour renforcer cette immunité pour éviter d’avoir des veaux malades dans les premières semaines de vie.
nouveau-né. Dans un prochain article, nous détaillerons les points clés pour renforcer cette immunité pour éviter d’avoir des veaux malades dans les premières semaines de vie.
Deux grands types d’immunité
L'immunité humorale
Le système immunitaire humoral agit contre les bactéries et les virus circulant dans les liquides du corps (tels que le sang) en secrétant des substances susceptibles d’aider à la destruction des agents pathogènes, historiquement, le sang et la lymphe étaient nommés les humeurs du corps. On parle alors d'immunité humorale. Ses principaux moyens d’action sont les immunoglobulines, aussi appelées anticorps, produites par les plasmocytes qui sont l’“évolution” des lymphocytes B (“B” car bone marrow, la moelle osseuse en anglais correspond au lieu de maturation de ces cellules) à la suite de la reconnaissance par certains de leur récepteur membranaire d’interleukine (molécule chimique permettant le clonage des LB et leur différenciation) produite par les lymphocytes T4.
Il existe quatre classes principales d’immunoglobulines (Ig) chez les bovins :
- les IgG : elles représentent près de 85% des Immunoglobulines totales des bovins. Les IgG1 représentent 90% des anticorps contenus dans le colostrum. Ces IgG diffusent rapidement dans les espaces extravasculaires du corps où elles constituent le principal arsenal de neutralisation des toxines bactériennes et de fixation des micro-organismes, favorisant la phagocytose ;
- les Ig A : elles sont présentent dans la salive ; les larmes ; le colostrum ; le lait et les sécrétions séromuqueuses respiratoires, digestives et urogénitales où elles ont pour rôle de défendre les surfaces externes exposées du corps contre l’attaque des micro-organismes en inhibant l’adhérence de ces derniers à la surface des cellules des muqueuses, les empêchant ainsi d’accéder aux tissus. Elles représentent 5% des Ig colostrales ;
- les Ig M : ces anticorps sont d’excellents agents cytotoxiques et agglutinants. De plus, les IgM apparaissent très tôt au cours de la réponse à une infection mais sont globalement peu abondantes dans le sérum des bovins ;
- les IgE : elles sont présentes à de très faibles concentrations dans le sérum bovin. Leur contact avec l’antigène provoque parfois des réactions d’hypersensibilité de type anaphylactique.
L'immunité cellulaire
Le système immunitaire cellulaire s'occupe des cellules infectées par des virus, bactéries, et les cellules cancéreuses. L'action s'effectue via les lymphocytes T (T parce que ces cellules mûrissent dans le thymus après leur naissance dans la moelle osseuse). On distingue deux grandes familles de lymphocytes T :
- les lymphocytes T cytotoxiques (Tc) reconnaissent les cellules infectées en utilisant des récepteurs pour tester la surface des autres cellules. Si elles reconnaissent une cellule infectée, elles peuvent la détruire ainsi que le virus qu'elle contient ;
- les lymphocytes T auxiliaires (Th) qui interagissent avec les macrophages (qui ingèrent les substances dangereuses) et produisent également des cytokines (interleukine) induisant la prolifération des lymphocytes B et T.
Aux lymphocytes T s'ajoutent aussi les lymphocytes NK. Ces cellules sont impliquées dans une réponse à mi-chemin entre spécifique et non spécifique, selon les situations. Ils jouent notamment un rôle en début de grossesse, le fœtus devant se protéger contre elles pour pouvoir survivre dans le ventre de sa mère.
Transmettre une meilleure immunité aux veaux
Si le veau naît avec un système immunitaire complet, celui-ci est non rôdé et quasiment dépourvu d’anticorps circulants. En effet, la placentation des bovins, si elle protège le veau de la plupart des agressions bactériennes ou virales durant la gestation, empêche le passage vers le fœtus des protéines sériques maternelles et notamment des immunoglobulines (encore appelés anticorps). Le veau nouveau-né est donc dépourvu d’anticorps et de ce fait particulièrement sensible aux infections.
Les agressions microbiennes –bien qu’elles puissent être limitées– sont quasiment inévitables en conditions d’élevage. En conséquence, le basculement vers un état pathologique du veau est conditionné non seulement par les agents pathogènes et leur virulence mais surtout par la résistance du veau nouveau-né. Cette résistance repose sur ses propres capacités de défense et sur les phénomènes de transfert passif d’effecteurs immunitaires provenant de sa mère. Ce transfert passif ne peut se faire que par le colostrum.
Les leviers d'action pour éviter d'avoir des veaux malades dans les deux premières semaines de vie
Il faut limiter le “trou immunitaire”, c'est-à dire la période pendant laquelle le veau n'a pas encore un système immunitaire pleinement compétent et n'est plus suffisamment couvert par l'immunité colostrale. D’après le schéma ci-dessous, deux leviers d’action sont possibles :
- diminuer le niveau de pression microbienne : hygiène correcte, vigilance sur la concentration des animaux, éviter le mélange des classes d’âge (les animaux plus âgés étant souvent porteurs sains de nombreux agents microbiens…) ;
- optimiser l’immunité colostrale en distribuant le colostrum rapidement après la naissance et en quantité et qualité suffisante.
En jouant sur ces deux leviers, le “trou immunitaire” peut être fortement réduit et permet aux veaux d'avoir une immunité suffisante vis-à-vis du niveau de pression microbienne ce qui évite de tomber dans un état pathologique.
Dans notre prochain article, nous développerons spécifiquement le transfert immunitaire : comment l’objectiver pour savoir si des améliorations sont possibles ? Comment l’optimiser ?
Cécile Chuzeville
L'immunité humorale
Le système immunitaire humoral agit contre les bactéries et les virus circulant dans les liquides du corps (tels que le sang) en secrétant des substances susceptibles d’aider à la destruction des agents pathogènes, historiquement, le sang et la lymphe étaient nommés les humeurs du corps. On parle alors d'immunité humorale. Ses principaux moyens d’action sont les immunoglobulines, aussi appelées anticorps, produites par les plasmocytes qui sont l’“évolution” des lymphocytes B (“B” car bone marrow, la moelle osseuse en anglais correspond au lieu de maturation de ces cellules) à la suite de la reconnaissance par certains de leur récepteur membranaire d’interleukine (molécule chimique permettant le clonage des LB et leur différenciation) produite par les lymphocytes T4.
Il existe quatre classes principales d’immunoglobulines (Ig) chez les bovins :
- les IgG : elles représentent près de 85% des Immunoglobulines totales des bovins. Les IgG1 représentent 90% des anticorps contenus dans le colostrum. Ces IgG diffusent rapidement dans les espaces extravasculaires du corps où elles constituent le principal arsenal de neutralisation des toxines bactériennes et de fixation des micro-organismes, favorisant la phagocytose ;
- les Ig A : elles sont présentent dans la salive ; les larmes ; le colostrum ; le lait et les sécrétions séromuqueuses respiratoires, digestives et urogénitales où elles ont pour rôle de défendre les surfaces externes exposées du corps contre l’attaque des micro-organismes en inhibant l’adhérence de ces derniers à la surface des cellules des muqueuses, les empêchant ainsi d’accéder aux tissus. Elles représentent 5% des Ig colostrales ;
- les Ig M : ces anticorps sont d’excellents agents cytotoxiques et agglutinants. De plus, les IgM apparaissent très tôt au cours de la réponse à une infection mais sont globalement peu abondantes dans le sérum des bovins ;
- les IgE : elles sont présentes à de très faibles concentrations dans le sérum bovin. Leur contact avec l’antigène provoque parfois des réactions d’hypersensibilité de type anaphylactique.
L'immunité cellulaire
Le système immunitaire cellulaire s'occupe des cellules infectées par des virus, bactéries, et les cellules cancéreuses. L'action s'effectue via les lymphocytes T (T parce que ces cellules mûrissent dans le thymus après leur naissance dans la moelle osseuse). On distingue deux grandes familles de lymphocytes T :
- les lymphocytes T cytotoxiques (Tc) reconnaissent les cellules infectées en utilisant des récepteurs pour tester la surface des autres cellules. Si elles reconnaissent une cellule infectée, elles peuvent la détruire ainsi que le virus qu'elle contient ;
- les lymphocytes T auxiliaires (Th) qui interagissent avec les macrophages (qui ingèrent les substances dangereuses) et produisent également des cytokines (interleukine) induisant la prolifération des lymphocytes B et T.
Aux lymphocytes T s'ajoutent aussi les lymphocytes NK. Ces cellules sont impliquées dans une réponse à mi-chemin entre spécifique et non spécifique, selon les situations. Ils jouent notamment un rôle en début de grossesse, le fœtus devant se protéger contre elles pour pouvoir survivre dans le ventre de sa mère.
Transmettre une meilleure immunité aux veaux
Si le veau naît avec un système immunitaire complet, celui-ci est non rôdé et quasiment dépourvu d’anticorps circulants. En effet, la placentation des bovins, si elle protège le veau de la plupart des agressions bactériennes ou virales durant la gestation, empêche le passage vers le fœtus des protéines sériques maternelles et notamment des immunoglobulines (encore appelés anticorps). Le veau nouveau-né est donc dépourvu d’anticorps et de ce fait particulièrement sensible aux infections.
Les agressions microbiennes –bien qu’elles puissent être limitées– sont quasiment inévitables en conditions d’élevage. En conséquence, le basculement vers un état pathologique du veau est conditionné non seulement par les agents pathogènes et leur virulence mais surtout par la résistance du veau nouveau-né. Cette résistance repose sur ses propres capacités de défense et sur les phénomènes de transfert passif d’effecteurs immunitaires provenant de sa mère. Ce transfert passif ne peut se faire que par le colostrum.
Les leviers d'action pour éviter d'avoir des veaux malades dans les deux premières semaines de vie
Il faut limiter le “trou immunitaire”, c'est-à dire la période pendant laquelle le veau n'a pas encore un système immunitaire pleinement compétent et n'est plus suffisamment couvert par l'immunité colostrale. D’après le schéma ci-dessous, deux leviers d’action sont possibles :
- diminuer le niveau de pression microbienne : hygiène correcte, vigilance sur la concentration des animaux, éviter le mélange des classes d’âge (les animaux plus âgés étant souvent porteurs sains de nombreux agents microbiens…) ;
- optimiser l’immunité colostrale en distribuant le colostrum rapidement après la naissance et en quantité et qualité suffisante.
En jouant sur ces deux leviers, le “trou immunitaire” peut être fortement réduit et permet aux veaux d'avoir une immunité suffisante vis-à-vis du niveau de pression microbienne ce qui évite de tomber dans un état pathologique.
Dans notre prochain article, nous développerons spécifiquement le transfert immunitaire : comment l’objectiver pour savoir si des améliorations sont possibles ? Comment l’optimiser ?
Cécile Chuzeville