Le coût pharamineux des taxes Trump
Les États-Unis souhaitent résorber leurs déficits commerciaux taxant leurs importations. Dans l’agroalimentaire, cette mesure pénalise la France, l’Italie, l’Irlande et l’Espagne sur les marchés des spiritueux, de l’huile d’olive, des produits laitiers et bien d’autres.
Les États-Unis ont l’ambition de facturer leur déclin commercial et leur perte de compétitivité en augmentant les droits de douane des produits qu’ils importent dans des proportions démesurées. « En deux ans, le déficit agricole américain vis-à-vis de l’Europe s’est considérablement creusé, passant de 0,5 milliard à 9,2 milliards d’euros (Md€) entre 2022 et 2024, soit une multiplication par 16 », souligne Zeineb Cherif, dans la Lettre économique de Chambres d’agriculture France. Tous produits confondus, le déficit commercial avec l’Union européenne atteindrait 198,2 Md€.
Actuellement, « les droits de douane moyens pondérés sur l’ensemble des produits : en 2023, l’Union européenne appliquait un taux moyen de 2,7 %, contre 2,2 % pour les États-Unis », précise Zeineb Cherif.
L’instauration de 25 % de droits de douane sur les produits importés aux États-Unis porterait à plus de 27,2 % les taxes des produits agricoles importés. Et c’est sans compter l’impact monétaire de la défiance des marchés financiers à l’égard de la politique commerciale de Donald Trump. La dévaluation du dollar* renchérit d’ores et déjà de quelques pourcents les exportations de produits européens.
Les filières agroalimentaires européennes les plus impactées par l’augmentation des taxes et la dévaluation du dollar sont celles des vins et spiritueux, des produits laitiers et fromages, de l’huile d’olive et olives de table et des spiritueux britanniques et irlandais. « En 2023, la France a exporté pour 4,7 Md€ de vins et spiritueux vers les USA. L’Italie et l’Espagne seront également touchées, leurs exportations de vin vers les États-Unis atteignant respectivement 2,1 Md€ et 310 millions d’euros (M€) en 2023 », explique l’économiste. Les États-Unis achètent à eux seuls 18 % du vin français exporté.
En France, le PIB pourrait baisser de 0,5 % à 0,7 %, et en Allemagne de 1,2 % à 1,3 %. Pour contrer ces mesures américaines, « l’Europe s’est dotée d’une panoplie d’outils de défense commerciale. Le règlement anti-coercition de 2023, par exemple, vise à contrer les pressions économiques exercées par des pays tiers pour influencer les décisions politiques de l’UE. De plus, le règlement d’application de 2014, révisé en 2021, renforce les instruments de défense commerciale de l’UE ».
(*) Un dollar valait 0,87 euro début juin.