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Ruralité

FNSEA/JA interpellent élus et ministres

Dans une lettre ouverte qu’ils ont fait parvenir à François Hollande,
Jean-Marc Ayrault, Stéphane Le Foll, Cécile Duflot et aux présidents des
régions, des départements, des associations de maires et de maires
ruraux, les présidents de la FNSEA et des JA insistent sur le rôle
irremplaçable du monde rural pour l’économie française.
Par Publié par Cédric Michelin
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Aussi demandent ils que la politique régionale européenne et celle des contrats de projets qui vont s’élaborer dans les mois qui viennent pour la période de programmation 2014-2020 n’oublie pas les zones rurales. Notamment pour ce qui est de la mise en place de maisons de santé « là ou l’offre de soins fait défaut », le désenclavement numérique et à l’implantation de points multiservices « pour permettre à tous les ruraux d’avoir accès aux services de première nécessité ». « Il est de la responsabilité de tous mais surtout de celles des Elus d’agir et de valoriser ces territoires afin de réparer la fracture territoriale. La densification du maillage des services au public est la condition au maintien de l’activité économique, de l’emploi et de ce fait de l’attractivité des territoires » concluent Xavier Beulin et François Thabuis.Interview de Vanik Berberian, Président de l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF)

Les services publics sont de moins en moins assurés en milieu rural : quelles en sont les conséquences pour ces territoires ? Comment pourrait-on maintenir un maillage suffisant ?
Vanik Berberian : L’enjeu est d’abord de radicalement changer la manière de voir cette question. Le monde rural change, attire et accueille désormais 21 millions d’habitants. Ils ont besoin de services, de présence de proximité et de considération. Or, aujourd’hui, nous vivons les conséquences des décisions d’hier qui voyaient encore le rural comme condamné à n’être qu'un pourvoyeur de chlorophylle pour les villes. Pour y remédier, les acteurs locaux demandent à ce qu’il leur soit fait confiance et qu’on leur donne les moyens d’agir. La redéfinition de la place du service public doit se construire avec tous, en gardant l’idée d’un aménagement du territoire qui ne peut être que pensé à l’échelon du pays ; cela pose la question de la responsabilité de l’Etat, y compris pour les services qui ne sont pas directement sous son autorité. J’ajoute que l’écart aujourd’hui à combler en matière de services nécessite un effort supplémentaire qui ne fera pas l’économie de transferts de la richesse vers les zones rurales.

Quelles sont les attentes du monde rural par rapport au déploiement du Haut Débit ?
V.B. : Nous avons signifié dès 2011 l’urgence de changer de braquet pour généraliser le très haut débit bien avant 2025 comme annoncé par le précédent gouvernement : une éternité qui condamnait le pays à rejoindre la seconde division des pays industrialisés. Les esprits évoluent. Aujourd’hui, plus personne n’imagine un village sans eau ni électricité. Demain, plus personne n’imaginera qu’il n’y ait pas de haut débit au moins. C’est ce que nous demandent désormais les habitants ou les entreprises qui hésitent à s’installer. « Avez-vous le très haut débit » ? nous interrogent les citoyens avant de se décider. Face à cette question, peu de maires ruraux peuvent dire oui. C’est une situation insupportable pour beaucoup de mes collègues. Il faut donc une stratégie partagée, un financement - auquel chacun contribue - et une péréquation qui décident enfin les opérateurs privés à prendre un risque calculé pour répondre à la demande de tous. L’Etat semble vouloir prendre la tête de la dynamique ; les Maires seront quant à eux de permanents aiguillons pour rappeler tous les acteurs à leur responsabilité. Nous l’avons fait récemment auprès des départements et demain auprès des Parlementaires.

Quelles sont les demandes du monde rural en matière de transports ?
V.B. : Que l’on tienne compte là encore des spécificités. Aller au travail, se soigner, se divertir coûte de plus en plus cher. A fortiori c’est de plus en plus difficile pour de nombreux ruraux comme en témoigne une récente étude de l’UNCASS qui voit augmenter les demandes d’aide sociale à la campagne. Développer des solutions pour réduire le coût des transports doit devenir une priorité pour conforter le monde rural. Je pense à l’aide aux stations-services à se maintenir, en supprimant les contraintes inutiles sur les normes : il s’agit d’éviter de courir 100 km pour faire le plein. L’Etat, les Régions et les Départements doivent en outre accompagner les communes pour favoriser le covoiturage et aider à la mise en place du transport à la demande, très couteux pour la collectivité mais une réelle réponse à l’isolement de nombreux ruraux. Il faut aussi penser aux déplacements sur des parcours plus longs et revoir les possibilités ferroviaires qui, dans certaines régions, sont délaissées.

Source : Information Agricole