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Pilotage du pâturage de printemps

Fourbir ses armes


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Piloter son pâturage de printemps revient à mettre en œuvre des techniques et des moyens d'ajustement permettant de s'adapter au mieux à la pousse de l'herbe. Les instituts de recherche nous rappellent que seulement 50 à 60 % de l'herbe produite sur une exploitation est réellement valorisée par les animaux ; le reste retourne au sol. Un ajustement précis de la surface pâturée permettra d'offrir une herbe de qualité (plus l'herbe est haute, moins elle est digestible, plus il y a de risques de refus et une baisse des GMQ herbe) ; le plus difficile étant d'anticiper sur la pousse pour ne pas être dépassé ou manquer.

Avez-vous des outils adaptation ?
Les moyens dont dispose l'éleveur pour gérer sa pâtures :
La maitrise de la pâture passe par la maitrise des chargements de printemps et d'été, ceux-ci résultant d'un ratio entre le nombre d'animaux à gérer et la surface offerte.
Si vous attendez des performances élevées, en terme de GMQ sur vos animaux, il est préférable de disposer d'un maximum de moyens d'adaptation, sans cela vous aurez recours à l'usage massif d'aliment concentré pouvant pénaliser votre production autonome.
1. Par la gestion des lots
Déchargement : dans certains systèmes (taurillon maigre), la gestion de l'herbe se fait essentiellement pas le déchargement fin juin en vendant les lots de mâles. Ce système (avec des naissances de fin d'hiver) est souvent basé sur une alimentation à base de foin avec peu ou pas de repousse d'ensilage d'herbe. La vente de vaches maigres après un léger passage à l'herbe ou la vente de génisses de 15 à 18 mois, permet d'affiner l'ajustement selon la pousse de mai juin.
Dans les systèmes broutards ou broutards repoussés, le déchargement de printemps ne se faisant plus, d'autres stratégies doivent être mises en place.
Changement de lot : mouvementer des animaux revient à déshabiller Pierre pour habiller Paul : trop d'herbe dans une parcelle, on recharge... Pas assez, on décharge. Ceci pourra se faire en optimisation sur des lots où l'on cherche à faire le plus de performances au détriment d'autres lots moins “poussés”. Cela devra s'accompagner d'une gestion stricte des refus.
Rentrer les animaux ou mise sur parcelle de défend : dans les zones posant des problèmes de portance au printemps, c'est une solution qui peut s'imposer ; elle nécessite de prévoir les stocks de fourrages en conséquence.
2. Par la gestion de la taille des parcelles et la gestion des repousses
Dans bien des cas, le déchargement ne suffit pas à l'adéquation besoins/offres. En système tout foin, il n'y a pas de possibilité d'adaptation car aucune repousse précoce n'est exploitable. Si vous avez besoin de faire de la performance à l'herbe (systèmes broutards), la fauche précoce doit être pratiquée ; l'enrubannage étant la solution la plus souple. D'autant plus que les vaches ont besoin d'un fourrage de bonne densité énergétique en hiver.
→ Définir le nombre de parcelles par lot.
Si le lot est sur une seule parcelle au printemps, il n'y pas de stratégie d'adaptation possible, car il est pratiquement impossible d'en couper un morceau, les animaux trainant sur toute la surface.
Avec deux parcelles, c'est un peu plus envisageable mais cela reste compliqué. Dans ces cas, tout débordement par l'herbe se gère par un broyage des refus courant juin si on veut garder de la qualité. Cela améliore la repousse à venir mais ne contribue pas aux stocks. Il n'y a pas d'anticipation possible.
En tournant sur 3 parcelles, il est possible de couper la troisième avec une clôture si la pousse semble être trop rapide. Cela demande une bonne expérience, pour une anticipation empirique. Avec le risque d'avoir besoin de cette parcelle au second tour et d'avoir trop d'herbe dessus, ce qui obligerait un pâturage au fil... souvent redouté.
Si le pâturage se fait sur 4-5-6 parcelles, les choses sont plus faciles car la taille des parcelles permet un retrait pour fauche plus modulable. Néanmoins, pour ne pas être coincé au second tour, sur juin, il faut prévoir d'enrubanner ou d'ensiler pour profiter des repousses. Les GMQ Herbe peuvent dépasser les 1.200g/j sur broutard.
3. Stratégie d'anticipation
La principale inconnue en matière de gestion de l'herbe est la durée de pâturage potentielle sur la parcelle. La méthode Herbo-Lis d'Arvalis permet, à une date donnée, de prévoir si vous risquez d'avoir trop d'herbe ou d'en manquer. C'est le complément indispensable pour faire le bon choix au bon moment. Nous reviendrons sur cette méthode dans les prochains Herbe Hebdo 71 sur le site http://www.sl.chambagri.fr

Éric Braconnier
Conseiller d'Entreprise
tél.  : 03.85.24.27.82
ebraconnier@sl.chambagri.fr