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Agroalimentaire

L’agriculture doit entreprendre sa révolution culturelle

Au terme de deux années de réflexion, le Think tank agroalimentaire des Echos Events a formulé, le 29 juin dernier, ses 15 propositions articulées autour de cinq chantiers pour une agriculture plus compétitive. 

Par Publié par Cédric Michelin
L’agriculture doit entreprendre sa révolution culturelle

« Redonner une ambition globale », est le premier chantier, nous apprend Olivier Dauvers, directeur du Think Tank. Or, « on ne peut pas avoir cette ambition si on ne reconnecte pas l’agriculture à la société », affirme-t-il. Pour cela, « on recommande d’ouvrir la filière à ceux qui la contestent », explique le directeur. Il faut en effet, selon Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, « arriver à dire aux consommateurs que tous ces efforts sont faits loin du food bashing » tandis que, d’après Thierry Blandinières, directeur d’Invivo, « le numérique […] va éclairer rapidement le débat sur la transparence ». Autre recommandation pour ce premier chantier : élargir le pacte alimentaire élaboré par l’Ania (Association nationale des industries alimentaires) en 2016. « Améliorer la compétitivité au stade agricole » constitue le deuxième chantier du Think Tank, poursuit son directeur, ambitieux : « On a besoin d’engager une révolution culturelle ». Cependant, « il n’y aura pas une agriculture qui fait sa révolution si elle n’est pas connectée au marché », prévient-il en esquissant une première piste. Il s’agit en outre de « passer d’une démarche de prix à une démarche de coûts de production », d’accroître la part de la gestion dans la formation agricole et de « favoriser une agriculture collaborative ». D’autre part, « il n’y a aucune raison qu’il y ait des contraintes différentes sur les uns ou les autres », affirme le directeur Think Tank en proposant de créer un observatoire des distorsions. Christiane Lambert salue cette initiative en rappelant que « marché unique, règles uniques » tandis que Carlo Pettinelli, directeur des technologies pour les consommateurs, l’environnement et la santé à la Commission européenne, les rejoint sur la nécessité d’« établir les pratiques commerciales les plus loyales possibles ».

Lutter contre la volatilité et la surtransposition des normes 

« Le troisième sujet c’est la volatilité et ses conséquences », continue Olivier Dauvers.  Pour cela, le Think Tank propose de « mieux utiliser l’assurance », « réduire le niveau de franchise », assouplir « la dotation pour aléas », généraliser « la contractualisation » et augmenter « la transparence des stocks alimentaires », explique son directeur. Christiane Lambert valide également ces recommandations puisqu’elle affirme que « ce dont nous avons besoin c’est de gérer ces aléas » avec « une épargne de précaution » et « qu’on puisse explorer les plafonds DPA [dotation pour aléas] ». Elle estime par ailleurs nécessaire de « former les agriculteurs à la gestion de cette volatilité ». « Les démarches export » constituent le quatrième chantier auquel s’est attaqué le Think Tank, poursuit M. Dauvers. Ainsi, le groupe de réflexion recommande de « mettre en place un écosystème dédié à l’export », en conjuguant à la fois initiatives privées, collectives et publiques et de « développer un crédit import-export ».  L’objectif étant de « redevenir le deuxième exportateur », et « de fait, le n°1 européen », ambitionne le directeur du Think Tank. « Et puis enfin le cadre réglementaire […] pesant sur la compétitivité », annonce-t-il. Le problème s’avère en effet être le suivant : « On a observé que c’est souvent plus contraignant à l’échelle de la France qu’à l’échelle mde l’Europe ».  Cinq propositions sont avancées pour y remédier : généraliser l’obligation de résultat plutôt que de moyens, appliquer le principe de précaution sur la foi de risques avérés, acter le principe de non-surtransposition, renforcer le contrôle des normes à l’échelle européenne et encourager l’autorégulation entre les acteurs.