Jérôme Despey, secrétaire général adjoint de la FNSEA
« L’agriculture recrute et peut susciter des vocations »
L’agriculture constitue un gisement d’emplois durables. Encore
faudrait-il que les pouvoirs publics ne chargent pas la barque, que
l’enseignement agricole soit mieux valorisé et que les branches
professionnelles aient la capacité de développer des politiques de
formation.
faudrait-il que les pouvoirs publics ne chargent pas la barque, que
l’enseignement agricole soit mieux valorisé et que les branches
professionnelles aient la capacité de développer des politiques de
formation.
Le coût du travail plombe de nombreuses exploitations, quelles solutions pour votre secteur ?
Jérôme Despey : Le coût du travail en France est très élevé par rapport autres pays européens. Cette distorsion n’est plus tenable, en particulier pour les producteurs de fruits et de légumes et les viticulteurs. Grâce au combat mené par la FNSEA et son réseau, le dispositif occasionnel a été amélioré en généralisant une exonération de 100% de l'ensemble des cotisations sociales, part patronale, quelque soit le secteur d'activités pour les saisonniers. Un dispositif à destination des emplois permanents a également vu le jour : il exonère de la quasi-totalité des cotisations patronales les salaires au plus égaux à 1,1 SMIC, puis il devient dégressif jusqu’à 1,4 SMIC. Ce dispositif concerne au maximum 20 salariés par entreprise. C’est une première étape. Mais ces mesures restent fragiles et c’est pourquoi, la FNSEA veut que la réflexion sur le coût du travail se poursuive. Notre nouveau Président de la République a déclaré à plusieurs reprises qu’il reviendrait sur le choix de faire financer les prestations familiales par une hausse de TVA. Mais, si nous militons depuis plus de 15 ans pour une TVA-emploi, c’est qu’aujourd’hui, le mode de financement de la protection sociale, basé sur les salaires pénalise l’activité en France et favorise les importations. Et pourquoi choisir la TVA ? Parce qu’elle fait participer les importations au financement de notre système social dans un monde totalement ouvert. Parce que la TVA permet de redonner de la compétitivité aux entreprises qui emploient. Mais à plus long terme, je suis convaincu que seule l’harmonisation sociale européenne est la garantie de l’absence de distorsions de concurrence sur le coût du travail.
L’emploi agricole est-il précaire en France ?
JD : Notre secteur abrite de nombreux temps partiels ou à durée déterminée qui s’expliquent notamment par la saisonnalité de notre métier ou par son activité touristique. Mais nous pourrions créer des emplois durables à temps plein via des groupements d’employeurs. Alors que nous en sommes les premiers utilisateurs, ces groupements sont confrontés à de multiples freins : quelle convention collective, quel régime de protection sociale et de prévoyance, quel taux d’accident du travail etc. Il faut maintenant laisser les partenaires sociaux engager une réflexion pragmatique sur ces questions.
L’enseignement agricole est-il suffisamment valorisé en France ?
JD : L’orientation des jeunes se fait souvent par défaut, par manque d’information sur les possibilités qui s’offrent à eux. Pourtant, l’agriculture recrute et peut susciter des vocations. Alors qu’il fait preuve d’une grande diversité pédagogique, d’un lien fort avec les milieux professionnels, l’enseignement agricole n’est pas assez valorisé en France. Il doit absolument rester dépendant du ministère de l’Agriculture. Il faut également stopper la suppression des postes et la fermeture des classes et mieux informer auprès des jeunes ainsi que des parents.
Quid de la formation professionnelle ?
JD : Depuis 1995, les réformes successives réduisent encore et toujours le poids des branches professionnelles dans leurs capacités à développer leurs politiques de formation, et cela au profit de l’Etat et au détriment de l’innovation, de la recherche ou encore de l’expérimentation. Pourtant, les branches professionnelles ont toutes leur légitimité et un rôle à jouer dans la définition des politiques de formation, car, en plus de financer, elles sont le lien direct entre les entreprises, les salariés, les financements et les territoires. N’oublions pas qu’elles ont également souvent compensé les échecs de la formation initiale.