Prévention des maladies néonatales (2e partie)
La distribution du colostrum
La semaine dernière, le GDS 71 détaillait les principaux atouts du colostrum et la conduite à tenir pour optimiser la quantité et la qualité du colostrum produit. Cette semaine, il aborde le mode de distribution de ce dernier et les substitutions possibles avec leurs limites. Retour également sur le type d’analyses pouvant être réalisées en cas de pathologies
néo-natales pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un problème de colostrum.
néo-natales pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un problème de colostrum.
La distribution du colostrum : quand, comment ?
Le moment du premier repas est un facteur clé de la réussite de tout programme d'administration de colostrum.
Un veau doit boire 10 % de son poids dans les dix premières heures de vie (soit 5 litres pour un veau de 50 kg).
Ces cinq litres doivent être bus le plus rapidement possible après la naissance. Il n’y a aucun risque d’indigestion pour le veau avec du colostrum. En effet, il n’y a pas de formation de caillé avec le colostrum. De plus, le volume de colostrum qui ne peut pas être contenu dans la caillette (V caillette ≈ 4 litres) peut être stocké dans la poche qui formera plus tard le rumen.
Que faire si mon veau ne tète pas ?
En cas de “veau mou” à la naissance, il est important de lui administrer rapidement du colostrum pour le réchauffer et lui apporter une immunité suffisante.
Deux cas de figure :
▶ traire la vache et administrer au veau le maximum de colostrum au biberon. Faire boire 2,5 litres sitôt la naissance puis 2,5 litres à nouveau dans les six heures qui suivent ;
▶ si le veau ne veut pas téter ou n’a pas suffisamment bu de colostrum, utiliser une sonde. Il est alors possible de lui administrer jusqu’à 4 litres en une prise.
Ces mesures sont contraignantes mais l’efficacité du colostrum baisse rapidement avec le temps :
• au bout de 12 heures : baisse de 50 % de l’efficacité ;
• à 24 heures : la muqueuse intestinale du veau ne permet plus le passage des anticorps dans le sang. La protection immunitaire assurée par le colostrum est alors nulle.
Si le nombre de veaux mous à la naissance est important, il faut revoir la préparation au vêlage des mères (déficit énergétique, déparasitage, carence oligos…).
Ma vache n’a pas de lait, que faire ?
Il est toujours important de privilégier le lait de la mère à son veau. Cependant, en cas de force majeure, il est possible de recourir à des solutions de substitution :
Banque de colostrum : sur les vaches en bonne santé, prélever le colostrum et s’assurer de sa qualité (>60 g I g/l) puis le placer au congélateur. Ce colostrum peut être conservé réfrigéré pendant 1 à 2 semaines ou congelé pendant plusieurs mois, l’idéal étant de renouveler la banque à chaque campagne de vêlage. Pour le décongeler, utiliser le bain-marie (max 50° pour ne pas altérer les immunoglobulines). L’utilisation du micro-ondes est à proscrire. Si on ne dispose pas de banque de colostrum, il est possible de récupérer du colostrum auprès d’un élevage laitier proche.
Colostro-remplaceurs et colostro-suppléments : il s’agit souvent de suppléments au colostrum (poudres à diluer, pâtes). Il est parfois nécessaire d’apporter du colostrum congelé en complément si ces produits ne sont pas suffisamment riches en énergie (lactose).
Cas des immuno-sérocolostrum : ils fournissent des anticorps supplémentaires anti-E. coli (pas d’énergie). Ces produits sont un complément au colostrum maternel et ne le remplacent en aucun cas. L’utilisation de ces produits est à raisonner avec votre vétérinaire en fonction des facteurs de risque de l’élevage.
Astuce pour vérifier que le veau a bu suffisamment de colostrum : surveiller la température du veau durant les premiers jours de vie. La température doit se maintenir à 39/39,5 °C lors des deux premiers jours de vie.
Mes veaux sont malades, comment vérifier s’il s’agit d’un problème de colostrum ?
Deux points à contrôler : est-ce un problème de quantité administrée ou de qualité initiale du colostrum ?
Pour vérifier la qualité du colostrum, deux solutions :
→ le pèse-colostrum ;
→ l’analyse en laboratoire.
Pour vérifier si le transfert immunitaire a bien lieu, il est possible de réaliser des dosages d’anticorps sur des prises de sang de veaux entre 2 et 6 jours de vie (voir graphique ci-contre).
L’apport de colostrum doit être considéré comme un outil majeur de prévention des maladies néo-natales pour permettre au jeune veau de passer la phase critique des premiers jours de vie à condition qu’il soit apporté en quantité et en qualité suffisante rapidement après la naissance.
Cécile Chuzeville, GDS 71