Elevage allaitant
Lâchez du lest !
La semaine dernière à Saint-Didier-sur-Arroux, les éleveurs de l’Autunois-Morvan ont profité de la venue de deux responsables nationaux pour leur faire sentir leur lassitude : manque de revenu, difficultés à s’installer, alourdissement administratif et environnemental, Pac incertaine… les producteurs de viande ont besoin d’oxygène. Vite !
Le 22 janvier dernier, dans le cadre de la campagne des élections à la chambre d’agriculture, la profession accueillait deux responsables nationaux : Dominique Barrau et Gaël Gautier, secrétaire généraux respectivement de la FNSEA et des JA. Les deux hommes ont fait escale à Saint-Didier-sur-Arroux, dans l’arrondissement d’Autun, sur l’exploitation de Mathieu Portrat.
Tombant en pleine période de vêlages, le rendez-vous n’a pas drainé les foules. Sans doute faut-il y voir aussi le signe d’une certaine lassitude, tant les éleveurs allaitants semblent fatigués par un contexte perpétuellement défavorable qui n’en finit pas de les écraser. Comme le confiait en ouverture le président de la FDSEA, Yves Bonnot, dans ce grand département d’élevage, « c’est un message d’espoir qu’il faut faire passer ». « Le monde agricole aurait besoin d’une pose », convenait en d’autres termes le secrétaire général de la FNSEA.
Difficile de s’installer
Parlant au nom des nombreux éleveurs que compte le département, les femmes et les hommes rassemblés ici en ont profité pour faire remonter leur désarroi. Premier sujet épineux l’installation, avec l’exemple du jeune Mathieu Portrat qui recevait dans sa ferme la délégation. Faute d’avoir pu trouver des terrains, le jeune homme s’est installé à mi temps en conservant un emploi de salarié d’un service de remplacement à côté. Une installation « innovante » de prime abord, mais qui n’a rien d’évident dans les faits. Mathieu n’a pu bénéficier que d’une demie DJA. Le fait de cumuler un élevage et une activité extérieure s’avère par ailleurs « très dur physiquement. Heureusement qu’il y a les parents derrière », confiait le jeune pluriactif. Et pas question de pouvoir compter sur un supplément de foncier ! La course à l’agrandissement ne fait pas de cadeau et on ne semble pas trop faire de place à ces jeunes, déplorait la mère de Mathieu.
Salaire de misère !
Deuxième thème débattu à l’occasion de cette rencontre : le revenu.
« Ce qu’on ressent, c’est qu’avec ce niveau de revenu, le métier n’attire plus », synthétisait Yves Bonnot. Pour Luc Jeannin, vice-président de l’arrondissement, bien que le revenu moyen par production aille de 1 à 5, pas question d’opposer les productions entre elles ou de stigmatiser les uns ou les autres. « Ce qui n’est pas normal, c’est que les éleveurs ne soient qu’à seulement 15.000 € de revenu annuel ! Qu’on ne vienne pas nous dire qu’on a droit qu’à un Smic et demi ! Et on ne veut pas se retrouver dans un système économique où l’on est à la botte de l’industrie comme dans le porc ! ». Trois ans après s’être installé dans l’Autunois, un jeune couple d’éleveurs confiait s’être retrouvé éligible au RSA ! « Une situation qui pose tout de même question », alertait le jeune agriculteur.
Zones défavorisées
Enfin, les éleveurs de l’arrondissement d’Autun n’ont pas manqué de redire leurs craintes sur le devenir de la Pac : quid de la convergence, du recouplage, du verdissement… ?
Grosse inquiétude aussi vis-à-vis des zones défavorisée, très présentes dans la région. « Nous sommes dans des territoires de production d’herbe subie. Comment parviendrons-nous à vivre de notre métier sur de tels territoires ? », interrogeait avec force le secrétaire général de la FDSEA, Bernard Lacour.
Au lendemain des élections chambre, passés les discours de campagne, il faut se rendre à l’évidence : le monde de l’élevage ne va pas bien. La passion a ses limites ; le prix de la vente de céréales en viendra d’ailleurs facilement à bout là où c’est possible. Ailleurs, comme dans la zone allaitante du département, on sait bien que la technique ne fera pas tout. Si on veut conserver des bocages, il va falloir lâcher du lest : des prix rémunérateurs ; une Pac qui soutient les éleveurs et davantage de confiance en l’Homme. Confiance en ce que Christian Decerle qualifiait de « savoir faire, de patrimoine collectif exceptionnel ». Nécessité de « libérer, débrider, redonner la liberté d’entreprendre ». C’est de cela dont a besoin la profession aujourd’hui.
Tombant en pleine période de vêlages, le rendez-vous n’a pas drainé les foules. Sans doute faut-il y voir aussi le signe d’une certaine lassitude, tant les éleveurs allaitants semblent fatigués par un contexte perpétuellement défavorable qui n’en finit pas de les écraser. Comme le confiait en ouverture le président de la FDSEA, Yves Bonnot, dans ce grand département d’élevage, « c’est un message d’espoir qu’il faut faire passer ». « Le monde agricole aurait besoin d’une pose », convenait en d’autres termes le secrétaire général de la FNSEA.
Difficile de s’installer
Parlant au nom des nombreux éleveurs que compte le département, les femmes et les hommes rassemblés ici en ont profité pour faire remonter leur désarroi. Premier sujet épineux l’installation, avec l’exemple du jeune Mathieu Portrat qui recevait dans sa ferme la délégation. Faute d’avoir pu trouver des terrains, le jeune homme s’est installé à mi temps en conservant un emploi de salarié d’un service de remplacement à côté. Une installation « innovante » de prime abord, mais qui n’a rien d’évident dans les faits. Mathieu n’a pu bénéficier que d’une demie DJA. Le fait de cumuler un élevage et une activité extérieure s’avère par ailleurs « très dur physiquement. Heureusement qu’il y a les parents derrière », confiait le jeune pluriactif. Et pas question de pouvoir compter sur un supplément de foncier ! La course à l’agrandissement ne fait pas de cadeau et on ne semble pas trop faire de place à ces jeunes, déplorait la mère de Mathieu.
Salaire de misère !
Deuxième thème débattu à l’occasion de cette rencontre : le revenu.
« Ce qu’on ressent, c’est qu’avec ce niveau de revenu, le métier n’attire plus », synthétisait Yves Bonnot. Pour Luc Jeannin, vice-président de l’arrondissement, bien que le revenu moyen par production aille de 1 à 5, pas question d’opposer les productions entre elles ou de stigmatiser les uns ou les autres. « Ce qui n’est pas normal, c’est que les éleveurs ne soient qu’à seulement 15.000 € de revenu annuel ! Qu’on ne vienne pas nous dire qu’on a droit qu’à un Smic et demi ! Et on ne veut pas se retrouver dans un système économique où l’on est à la botte de l’industrie comme dans le porc ! ». Trois ans après s’être installé dans l’Autunois, un jeune couple d’éleveurs confiait s’être retrouvé éligible au RSA ! « Une situation qui pose tout de même question », alertait le jeune agriculteur.
Zones défavorisées
Enfin, les éleveurs de l’arrondissement d’Autun n’ont pas manqué de redire leurs craintes sur le devenir de la Pac : quid de la convergence, du recouplage, du verdissement… ?
Grosse inquiétude aussi vis-à-vis des zones défavorisée, très présentes dans la région. « Nous sommes dans des territoires de production d’herbe subie. Comment parviendrons-nous à vivre de notre métier sur de tels territoires ? », interrogeait avec force le secrétaire général de la FDSEA, Bernard Lacour.
Au lendemain des élections chambre, passés les discours de campagne, il faut se rendre à l’évidence : le monde de l’élevage ne va pas bien. La passion a ses limites ; le prix de la vente de céréales en viendra d’ailleurs facilement à bout là où c’est possible. Ailleurs, comme dans la zone allaitante du département, on sait bien que la technique ne fera pas tout. Si on veut conserver des bocages, il va falloir lâcher du lest : des prix rémunérateurs ; une Pac qui soutient les éleveurs et davantage de confiance en l’Homme. Confiance en ce que Christian Decerle qualifiait de « savoir faire, de patrimoine collectif exceptionnel ». Nécessité de « libérer, débrider, redonner la liberté d’entreprendre ». C’est de cela dont a besoin la profession aujourd’hui.