Henri Brichart, responsable du pôle international de la FNSEA
« Le maintien du budget de la Pac est fondamental »
La réforme de la Pac, l’organisation économique et l’environnement sont
les dossiers prioritaires sur lesquels la FNSEA va mettre l’accent dans
les mois qui viennent et sur lesquels elle compte interpeller les
pouvoirs publics à Paris et à Bruxelles.
les dossiers prioritaires sur lesquels la FNSEA va mettre l’accent dans
les mois qui viennent et sur lesquels elle compte interpeller les
pouvoirs publics à Paris et à Bruxelles.
La contractualisation se met en place dans le secteur laitier. A-t-elle vocation à s’étendre aux autres secteurs de production et selon quelles modalités ?
Henri Brichart : Nous considérons à la FNSEA que la contractualisation vise à protéger le maillon le plus faible dans une filière dans un monde de plus en plus volatil. Les contrats définissent les droits et devoirs des uns et des autres et s’ils sont bien négociés, ils sont en mesure d’apporter une certaine sécurité aux producteurs. Dans le secteur laitier grâce aux avancées obtenues de Bruxelles en matière de droit de la concurrence et au décret français sur les organisations de producteurs, les producteurs de lait ont désormais la possibilité de négocier collectivement les prix et les volumes de lait avec les entreprises même s’il n’y a pas transfert de propriété. Nous plaidons pour la mise en place d’une seule organisation de producteurs par entreprise. Mais si tel n’est pas le cas, il faut que les différentes organisations de producteurs négocient ensemble et puissent défendre une position commune. Nous avons désormais les bases juridiques. Il nous appartient désormais de les faire vivre. Pour ce qui est des autres productions, il est de notre devoir de permettre aux producteurs de mieux s’organiser et cela ne sera possible que grâce à une évolution des textes législatifs sur le droit de la concurrence tant au niveau européen que français. La question qui est aujourd’hui posée est celle du marché pertinent. Pour ce qui nous concerne nous proposons que les producteurs puissent se regrouper de façon telle qu’ils puissent atteindre une taille équivalente à celle de leur acheteur.
Un an après la signature de l’accord entre le secteur végétal animal et celui des fournisseurs avec la grande distribution sur la réouverture des négociations tarifaires, quel bilan tirez vous de leur mise en oeuvre ?
HB : Producteurs de grande culture comme éleveurs sont maintenant soumis à des volatilités, soit en terme de vente, soit en terme d’achat qui rendent très compliquées la gestion de nos exploitations. Nous pensons que la contractualisation entre le monde du végétal et celui de l’animal peut être un outil utile pour les uns et les autres dans ce nouveau contexte. C’est dans cet esprit que nous avons imaginé l’accord du mois de juin dernier. Je dois reconnaître que les choses ne sont pas allées aussi loin et vite que ce que nous aurions souhaité. Aujourd’hui il faut transformer l’essai sur le terrain. Quant à l’accord de mai dernier sur la réouverture des négociations avec la grande distribution quand les matières premières augmentent trop, il nous appartient ici aussi de faire évoluer le dispositif et de vérifier que les différents curseurs sont bien placés. Nous avons commencé à construire un schéma de relations contractuelles, il faut que les producteurs s’y impliquent. Qu’il s’agisse de la contractualisation ou des accords que nous avons pu signer au sein des filières, nous ne devons pas tout attendre des autres et de l’Etat. Les progrès que nous pourrons obtenir dépendent aussi de nous et de la volonté de mettre en place sur le terrain les dispositifs proposés. Le rôle de la FNSEA est d’apporter son expertise, de jouer le rôle d’initiateur et de stimulateur. Il appartient aussi aux agriculteurs et aux filières de se saisir des outils qui sont à leur disposition.
Unanimité et majorité
La FNSEA a donné son accord à l’ouverture des interprofessions aux syndicats minoritaires. Selon quelles modalités, cette disposition peut s’appliquer ?
HB : Quand nous parlons de syndicats minoritaires, il faut bien entendu parler des syndicats minoritaires représentatifs dans chaque secteur concerné. On ne peut accepter des structures qui ne seraient pas légitimes et qui n’accepteraient pas les règles du jeu de la représentation démocratique. La deuxième question qui est posée est celle de la gouvernance. L’arrivée des syndicats minoritaires suppose la création de collèges au sein de la production. La règle de fonctionnement doit être celle de l’unanimité des collèges et de la majorité à l’intérieur du collège production.
Alors que le Parlement européen veut rendre public plusieurs rapports sur la réforme de la Pac, les positions de la FNSEA sont elles arrêtées ?
HB : Après une journée sur la Pac qui a permis au réseau de la FNSEA de prendre connaissance du contenu de la réforme en janvier dernier, nous allons consacrer une nouvelle journée mi-juin pour affiner nos positions. Notre objectif à ce stade est de nous mettre d’accord sur les outils à mettre en œuvre à Bruxelles, sans préjuger de leur déclinaison sur le plan national. Ceci étant, sur la convergence des aides en France, je ne cache pas que certains en veulent plus et d’autres moins. Ce que nous défendons, c’est que le mouvement soit supportable pour tout le monde et notamment pour ceux qui ont le plus à perdre. En tout cas la baisse de 40 % dès la première année est inacceptable. Pour le verdissement, nous devons éviter de créer des distorsions de concurrence. C’est la raison pour laquelle nous préférons nous battre sur l’assouplissement des trois mesures proposées plutôt que sur un catalogue de mesures qui ne manquerait pas de créer des distorsions entre pays dans leur application. Ainsi, par exemple il faut faire en sorte que le 7 % de focus écologique ne se traduise pas par un retrait pur et simple de terres arables de la production. S’agissant du maintien des prairies permanentes nous avons besoin de souplesse ne serait-ce que pour sécuriser l’approvisionnement fourrager des éleveurs. Quant à la diversité des assolements, elle ne doit pas remettre en cause des systèmes de production parfaitement viables. Sur le recouplage le débat porte sur le taux à retenir, 5 % ?, 10 % ? Davantage ? A ce stade, le débat porte sur les marges de manœuvre que nous laissera Bruxelles, pas sur le choix que nous ferons en France.
Divergences
Quid de la gestion des risques préconisée par Bruxelles ?
HB : Sur ce sujet, la principale difficulté provient du fait que les différents Etats européens n’ont pas la même vision du sujet. Entre l’Espagne qui est très avancée en la matière et d’autres beaucoup plus en retrait. Au sein de la FNSEA, le débat n’est pas tranché, entre ceux qui considèrent que le DPU peut constituer l’assurance tous risques et ceux qui souhaitent mettre en place un tel dispositif de protection dont le financement amputera nécessairement le budget des aides. Au-delà de toutes ces questions le maintien du budget reste le sujet fondamental. S’il était amputé, ne serait ce que de 10 %, l’architecture qui est actuellement proposée devrait être remise à plat. Enfin, nous insistons sur la pérennité des outils de régulation, qu’il s’agisse des quotas betteraviers, des droits de plantation dans le secteur de la viticulture ainsi que de tous les mécanismes d’intervention sur les marchés. Nous souhaitons également élargir le paquet lait à l’ensemble des productions.
Sur le G20, Xavier Beulin a évoqué à plusieurs reprises la nécessité d’y donner une suite. La FNSEA va-t-elle prendre une initiative en ce sens ?
HB : L’an dernier, nous avons saisi l’opportunité de la présidence française du G20 pour introduire la volatilité des matières premières et la lutte contre la spéculation financière à l’ordre du jour des chefs d’Etat et de Gouvernement. Je dois bien reconnaître que les progrès enregistrés sont limités. Mais évoquer ces sujets dans une telle enceinte est déjà une performance. Il faut bien se persuader que nous sommes là dans la politique des petits pas.
Henri Brichart : Nous considérons à la FNSEA que la contractualisation vise à protéger le maillon le plus faible dans une filière dans un monde de plus en plus volatil. Les contrats définissent les droits et devoirs des uns et des autres et s’ils sont bien négociés, ils sont en mesure d’apporter une certaine sécurité aux producteurs. Dans le secteur laitier grâce aux avancées obtenues de Bruxelles en matière de droit de la concurrence et au décret français sur les organisations de producteurs, les producteurs de lait ont désormais la possibilité de négocier collectivement les prix et les volumes de lait avec les entreprises même s’il n’y a pas transfert de propriété. Nous plaidons pour la mise en place d’une seule organisation de producteurs par entreprise. Mais si tel n’est pas le cas, il faut que les différentes organisations de producteurs négocient ensemble et puissent défendre une position commune. Nous avons désormais les bases juridiques. Il nous appartient désormais de les faire vivre. Pour ce qui est des autres productions, il est de notre devoir de permettre aux producteurs de mieux s’organiser et cela ne sera possible que grâce à une évolution des textes législatifs sur le droit de la concurrence tant au niveau européen que français. La question qui est aujourd’hui posée est celle du marché pertinent. Pour ce qui nous concerne nous proposons que les producteurs puissent se regrouper de façon telle qu’ils puissent atteindre une taille équivalente à celle de leur acheteur.
Un an après la signature de l’accord entre le secteur végétal animal et celui des fournisseurs avec la grande distribution sur la réouverture des négociations tarifaires, quel bilan tirez vous de leur mise en oeuvre ?
HB : Producteurs de grande culture comme éleveurs sont maintenant soumis à des volatilités, soit en terme de vente, soit en terme d’achat qui rendent très compliquées la gestion de nos exploitations. Nous pensons que la contractualisation entre le monde du végétal et celui de l’animal peut être un outil utile pour les uns et les autres dans ce nouveau contexte. C’est dans cet esprit que nous avons imaginé l’accord du mois de juin dernier. Je dois reconnaître que les choses ne sont pas allées aussi loin et vite que ce que nous aurions souhaité. Aujourd’hui il faut transformer l’essai sur le terrain. Quant à l’accord de mai dernier sur la réouverture des négociations avec la grande distribution quand les matières premières augmentent trop, il nous appartient ici aussi de faire évoluer le dispositif et de vérifier que les différents curseurs sont bien placés. Nous avons commencé à construire un schéma de relations contractuelles, il faut que les producteurs s’y impliquent. Qu’il s’agisse de la contractualisation ou des accords que nous avons pu signer au sein des filières, nous ne devons pas tout attendre des autres et de l’Etat. Les progrès que nous pourrons obtenir dépendent aussi de nous et de la volonté de mettre en place sur le terrain les dispositifs proposés. Le rôle de la FNSEA est d’apporter son expertise, de jouer le rôle d’initiateur et de stimulateur. Il appartient aussi aux agriculteurs et aux filières de se saisir des outils qui sont à leur disposition.
Unanimité et majorité
La FNSEA a donné son accord à l’ouverture des interprofessions aux syndicats minoritaires. Selon quelles modalités, cette disposition peut s’appliquer ?
HB : Quand nous parlons de syndicats minoritaires, il faut bien entendu parler des syndicats minoritaires représentatifs dans chaque secteur concerné. On ne peut accepter des structures qui ne seraient pas légitimes et qui n’accepteraient pas les règles du jeu de la représentation démocratique. La deuxième question qui est posée est celle de la gouvernance. L’arrivée des syndicats minoritaires suppose la création de collèges au sein de la production. La règle de fonctionnement doit être celle de l’unanimité des collèges et de la majorité à l’intérieur du collège production.
Alors que le Parlement européen veut rendre public plusieurs rapports sur la réforme de la Pac, les positions de la FNSEA sont elles arrêtées ?
HB : Après une journée sur la Pac qui a permis au réseau de la FNSEA de prendre connaissance du contenu de la réforme en janvier dernier, nous allons consacrer une nouvelle journée mi-juin pour affiner nos positions. Notre objectif à ce stade est de nous mettre d’accord sur les outils à mettre en œuvre à Bruxelles, sans préjuger de leur déclinaison sur le plan national. Ceci étant, sur la convergence des aides en France, je ne cache pas que certains en veulent plus et d’autres moins. Ce que nous défendons, c’est que le mouvement soit supportable pour tout le monde et notamment pour ceux qui ont le plus à perdre. En tout cas la baisse de 40 % dès la première année est inacceptable. Pour le verdissement, nous devons éviter de créer des distorsions de concurrence. C’est la raison pour laquelle nous préférons nous battre sur l’assouplissement des trois mesures proposées plutôt que sur un catalogue de mesures qui ne manquerait pas de créer des distorsions entre pays dans leur application. Ainsi, par exemple il faut faire en sorte que le 7 % de focus écologique ne se traduise pas par un retrait pur et simple de terres arables de la production. S’agissant du maintien des prairies permanentes nous avons besoin de souplesse ne serait-ce que pour sécuriser l’approvisionnement fourrager des éleveurs. Quant à la diversité des assolements, elle ne doit pas remettre en cause des systèmes de production parfaitement viables. Sur le recouplage le débat porte sur le taux à retenir, 5 % ?, 10 % ? Davantage ? A ce stade, le débat porte sur les marges de manœuvre que nous laissera Bruxelles, pas sur le choix que nous ferons en France.
Divergences
Quid de la gestion des risques préconisée par Bruxelles ?
HB : Sur ce sujet, la principale difficulté provient du fait que les différents Etats européens n’ont pas la même vision du sujet. Entre l’Espagne qui est très avancée en la matière et d’autres beaucoup plus en retrait. Au sein de la FNSEA, le débat n’est pas tranché, entre ceux qui considèrent que le DPU peut constituer l’assurance tous risques et ceux qui souhaitent mettre en place un tel dispositif de protection dont le financement amputera nécessairement le budget des aides. Au-delà de toutes ces questions le maintien du budget reste le sujet fondamental. S’il était amputé, ne serait ce que de 10 %, l’architecture qui est actuellement proposée devrait être remise à plat. Enfin, nous insistons sur la pérennité des outils de régulation, qu’il s’agisse des quotas betteraviers, des droits de plantation dans le secteur de la viticulture ainsi que de tous les mécanismes d’intervention sur les marchés. Nous souhaitons également élargir le paquet lait à l’ensemble des productions.
Sur le G20, Xavier Beulin a évoqué à plusieurs reprises la nécessité d’y donner une suite. La FNSEA va-t-elle prendre une initiative en ce sens ?
HB : L’an dernier, nous avons saisi l’opportunité de la présidence française du G20 pour introduire la volatilité des matières premières et la lutte contre la spéculation financière à l’ordre du jour des chefs d’Etat et de Gouvernement. Je dois bien reconnaître que les progrès enregistrés sont limités. Mais évoquer ces sujets dans une telle enceinte est déjà une performance. Il faut bien se persuader que nous sommes là dans la politique des petits pas.