Les marchés à la loupe
Bovins de boucherie
Paru au Journal officiel le 11 juin, la loi relative à la transparence de l’information sur les produits agricoles et alimentaires rend obligatoire l’étiquetage de l’origine pour toutes les viandes dans la restauration hors foyer. Elle interdit le recours aux dénominations animales (steak, filet, saucisse…) pour les produits contenant une part significative d’aliments d’origine végétale. Cette loi est importante au moment où la start-up agroalimentaire américaine Beyond Meat, spécialiste des imitations de viande à base de protéines végétales, installe sa première usine de production aux Pays-Bas. Cette entreprise utilise des techniques de « texturation des protéines végétales » qui permettent d’imiter : steaks hachés et saucisses. Les substituts végétaux à la viande se rapprochant du goût de la texture et de la saveur de la vraie viande ont gagné du terrain chez les consommateurs surfant sur la mode végane. La France est peu impactée par ce phénomène, mais les produits Beyond Meat sont déjà disponibles dans plusieurs chaines de supermarchés.
La pandémie du Covid-19 et le rapprochement des ménages vers la viande de qualité produite en France ne doivent pas faire ignorer cette menace. S’il y a un marché qui se crée dans les années à venir, les distributeurs seront les premiers à prendre le train surtout si les marges sont bonnes. Les producteurs gardent confiance en leur produit de qualité tout en se questionnant sur l’avenir et la mutation de la consommation. La part grandissante des ventes à la ferme rassure et permet de constater qu’une très grande partie de la population reste attachée à la consommation de viande produite à base d’herbe et se tourne de plus en plus vers les circuits courts.
Sur les marchés, l’animation commerciale est peu commune, voire inédite. Certains abatteurs se sont engagés à revaloriser leurs achats (ce qu’ils font), tous les opérateurs ne sont pas dans ce schéma face au recul de la demande. La consommation de ces dernières semaines avait permis une remontée des prix, mais la forte réduction des ventes dans les magasins pour cette fin de mois, fait sérieusement reculer la demande. Une partie des femelles Charolaises de plus de 380 kg et de moins de 10 ans bénéficient de tarifs rémunérateurs, notamment quand elles entrent dans le Label Rouge, l’approvisionnement local des magasins ou des accords passés avec Bigard ou SVA-Intermarché. Les animaux croisés ou les Charolaises qui ne trouvent pas preneur dans ces circuits ne profitent pas de ces plus-values notamment dans les plus de 10 ans ou dans les animaux légers ou en manque de poids et de finition. En réformes Laitières, les industriels couvrent aisément les besoins, à une période de l’année où la demande est souvent moins soutenue. Les tarifs sont reconduits dans l’ensemble des vaches Holsteins, Abondances ou Montbéliardes. En jeunes bovin, l’ambiance commerciale reste morose chez les engraisseurs qui se posent de plus en plus de questions sur la pérennité de leur activité aux regards des tarifs pratiqués dans la viande et du maigre. Les ventes sur l’Italie restent compliquées dans l’attente d’une saison estivale difficile à cerner.
Bovins d’embouche et d’élevage
L’animation commerciale reste assez soutenue pour la saison, avec de l’herbe dans les prairies et une valorisation de la viande qui promet d’être meilleure. Le commerce reste fluide sur les marchés ou les cadrans, même si les tarifs qui avaient anticipé la hausse tendent à se stabiliser. Les acheteurs sont plus réservés dans les races qui ne bénéficient pas des plus-values et dans le cheptel trop âgé ou médiocre.
Broutards
L’offre tend à s’étoffer et couvre mieux une demande plus réservée dans les broutards de moins de 450 kg. Le commerce est plus calme avec un recul des prix dans les charolais de 350/450 kg. Cette baisse est également due à une volonté des engraisseurs italiens de faire mieux correspondre les prix du maigre avec celui de la viande. La tendance est au maintien des prix dans les bons taurillons herbés. Dans les femelles, la modestie de l’offre permet un maintien des prix dans les bonnes laitonnes herbées de 300/350 kg, mais les tarifs restent peu soutenus dans les légères ou les ordinaires exportés vers l’Espagne.
Veaux d’engraissement et d’élevage
Alors que le mois de juin marque souvent le creux des vêlages, l’offre de la semaine est plus étoffée. Cela permet une meilleure couverture de la demande des intégrateurs qui ne se sont pas fait prier pour stabiliser leurs prix. Ils se sont même permis de mettre la pression sur les veaux croisés de moindre conformation. Les tarifs sont globalement reconduits pour l’ensemble des veaux Holsteins, Abondances ou Montbéliards. Le commerce reste régulier dans les bons croisés/Montbéliards ou Blanc bleus frais et viandés.
Ovins
Les conditions climatiques sont peu favorables aux grillades ce qui entraîne un recul des ventes dans les magasins. Les abatteurs ont moins de besoins face à des disponibilités qui tendent à progresser. Même si les niveaux tarifaires restent convenables pour la saison, l’ambiance commerciale est plus calme, avec des tarifs qui se replient sur l’ensemble des marchés. Les agneaux de second choix, trop gras ou en manque de finition sont malmenés. Dans les brebis, le commerce est à l’équilibre avec des tarifs stables.
Porc
L’ensemble des marchés européens sont à la stabilité. Idem pour le MPB à 1,346 € dans un volume d’activité pourtant plus élevé.