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Visite du préfet dans les vignes

Les mentalités doivent évoluer

François Philizot, nouveau préfet de Saône-et-Loire depuis trois mois, aime parcourir le département. Surtout lorsque c'est à l'invitation de la profession viticole comme ce fut le cas le 28 avril. Débutant à la cave coopérative La Vigne Blanche à Clessé, il se rendait ensuite au Château de la Saule à Montagny-les-Buxy chez Alain Roy, vigneron en cave particulière.
Par Publié par Cédric Michelin
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« L'évolution de vos pratiques culturales pour protéger l'environnement n'est pas suffisamment connue, reconnue et valorisée ». François Philizot, préfet de Saône-et-Loire, en convient volontiers, les efforts des vignerons bourguignons sont bien réels. Depuis une dizaine d'années, les deux accords cadre sur l'eau, le traitement des effluents viticoles, Ecophyto 2018 pour réduire de moitié les doses de phytosanitaires, le matériel de pulvérisation atténuant la dérive..., les viticulteurs du département n'ont pas attendu la prise de conscience collective du Grenelle pour protéger leur cadre de vie et de travail. Gage supplémentaire, « avec votre système d'AOC et les cahiers des charges stricts de vos appellations, vous respectez des normes supplémentaires ». Les contrôles de l'INAO ou d'Icone sont là pour garantir et rassurer encore d'avantage cran les consommateurs, rendus soucieux par les messages alarmistes successifs diffusés par des grands médias en mal d'audience. « Les mentalités doivent évoluer », insistait le préfet. Ses encouragements faisaient visiblement plaisir à la profession viticole, réunie en ce 28 avril par l'Union viticole de Saône-et-Loire.
« [WEB]Maintenant, on sème de l'herbe dans les rangs, on fait revivre nos sols, on lutte contre l'érosion et contre les coulées de boues..., [/WEB]
alors, pourquoi les habitants ne comprennent-ils pas qu'en partant traiter nos vignes contre les maladies tôt le matin ou le soir, une fois que le vent se lève, on ne peut tout simplement pas arrêter ? », questionnaient ces vignerons consciencieux, se sentant incompris par une société de plus en plus procédurière.

Développer la vente bouteille


A Viré-Clessé en tout cas, après 13 années d'existence pour l'AOC, les vignerons travaillent toujours à « favoriser la qualité et les techniques culturales ». Vice-président de la cave La Vigne Blanche, Stéphane Noly rappelait que les 10.000 hl de la coopérative sont produits avec le raisin de 15 producteurs sur 120 ha (64 hl/ha de rendement autorisé). « Nous sommes une "petite" coopérative, mais nous travaillons actuellement sur le volet commercial pour développer davantage encore les ventes de bouteilles, surtout en France. Nous sommes dans un secteur touristique et nous voulons développer les circuits courts. Notre force est notre positionnement, avec un rapport qualité-prix excellent puisque nos vins sont entre 5 et 10 € la bouteille », expliquait-il. Dégustant, le préfet approuvait ces dires et osait une comparaison avec les vins de Côte-d'Or, où « l'effet de l'image et de la notoriété » glorifie simplement en plus les vins[WEB], en même temps que la facture[/WEB]
. Des visites sanitaires dans les vignes, en passant par les techniques de refroidissement de la vendange pour préserver les arômes des raisins, jusqu'à à la mise en bouteille à la cave, tout est mis en œuvre pour améliorer la qualité gustative des vins.

Découvrir notre large gamme de vins


Une comparaison flatteuse glissant doucement sur la fierté gastronomique bourguignonne et le secteur de la restauration. Décidément en quête de réponses : « pourquoi les restaurateurs ne font-ils pas davantage découvrir notre large gamme de vins et nos appellations locales ? », s'interrogeaient tous les vignerons présents. « Dommage », regrettaient-ils aussi pour les touristes de passage notamment. La vente au verre est pourtant pratique. Les clients la plébiscitent, eux qui hésitent maintenant à commander une bouteille entière. Cela permettrai de développer et promouvoir les vins locaux.
Globalement, l'économie viticole « tient », rassurait Robert Martin, président de l'Union viticole. Il émettait cependant un bémol au sujet du vignoble de l'extrême sud du département : « le Beaujolais continue de souffrir, même si cela va un peu mieux ».

Le fléau...


Une menace économique plane pourtant partout sur les vignobles septentrionaux. Le « principal souci, c'est l'Esca », un complexe de champignons parasites de la vigne. Comme l'avait fait en son temps le phyloxera, cette maladie du bois ravage actuellement le vignoble. Ce « fléau » est apparu et s'est surtout développé suite au retrait, il y a 10 ans, de l'arsénite de sodium, seule molécule active permettant de lutter contre la maladie. Ce produit n'a pas d'équivalent sur les marchés pour l'heure. Pourtant, il continue d'être utilisé dans d'autres pays (Espagne...). Sans regretter son interdiction, les viticulteurs français attendent beaucoup de la recherche et des techniciens pour trouver une solution rapide. Le soutien de l'Etat est décisif en ce sens. « Un programme de recherche nationale, doté d'un budget de 3 millions d'€, avance », précisait le préfet. D'autres maladies pointent également (black rot, BDM...).
Optimale, « ces dernières semaines chaudes et ce printemps sec ont permis le bon débourrage des bourgeons. Ce calendrier précoce ressemble à 2007 où nous avions vendangé fin août », resituait Danièle Jaillet, viticultrice à Saint-Gengoux-de-Scissé.

Un vignoble de terroir


Avec une moyenne de 7.000 pieds par hectare, la Bourgogne a la particularité d'être un vignoble construit autour d'une notoriété de terroir. « On n'arrache pas nos vignes au bout de vingt ans, comme font parfois les Bordeaux, l'Alsace ou la Suisse ». Avec la maladie de l'Esca, les viticulteurs sont obligés d'arracher les pieds morts. Résultat, à la place de ces "manquants", les viticulteurs rebrochent à tour de bras et le coût d'une telle opération est estimée par la chambre d'Agriculture entre 5 et 6 € par pied, sans compter les pertes indirectes... [WEB]Du Château de la Saule à Montagny-les-Buxy, Alain Roy calculait rapidement ses charges pour 20 % de pieds à changer dans une parcelle cette année. « Catastrophique ! », se contentait-il de préciser, lui qui, à 61 ans, en a pourtant vu bien d'autres.[/WEB]

Ramené à la commune de Montagny, 350 ha sont plantés, exclusivement en cépage blanc chardonnay. Terroir exceptionnel, 55 % des vins produits sont classés en 1er cru. 65 % des volumes sont commercialisés par la Cave de Buxy. Nul n'est besoin de préciser les conséquences financières pour tous... et surtout pour les vignerons produisant des appellations régionales, dite "faibles", en raison de leur marges, s'empressait de rajouter Jean-Louis Pillot, viticulteur à Mellecey, commune voisine.

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Propriétaires et producteurs, ensemble


Un problème qui se déplace du terrain au réglementaire. Les parcelles pouvant en plus être déclassées. « Ne rajoutons pas de couches administratives supplémentaires », réclamait Yves Bonnot, président de la FDSEA de Saône-et-Loire, en direction des services de contrôles de l'Etat. Car de leur côté, les vignerons et les propriétaires des parcelles s'affairent pour inscrire dans les baux (contrats de location en quelque sorte) qu'une partie des coûts induits (le matériel végétal) soit à la charge des bailleurs, au titre de la préservation de son patrimoine foncier, tandis que le travail de rebrochage resterait à la charge de l'exploitant.
Et de finir, sur le coût social pour la région : « une exploitation viticole fait vivre et créé sept emplois, de l'amont à l'aval de la filière », autant dire que cette économique est « très importante », en premier lieux dans les zones rurales viticoles, concluait Robert Martin.[/WEB]

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