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Agriculture de Saône-et-Loire

Quelle ambition collective ?

Lors du dernier bureau de la FDSEA, ses membres ont accueillis deux députés, Edith Gueugnau et Thomas Thévenoud, et l’assistant parlementaire de Cécile Untermaïer. L’occasion d’un dialogue que chacun a voulu constructif sur fond d’empilement de réglementations en tout genre. Et d’exaspération.
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En dépit d’un ordre du jour chargé, le dernier bureau de la FDSEA - le 28 janvier à Blanzy - organisait à son issue une rencontre avec les députés de Saône-et-Loire sur les questions environnementales, en particulier celles liées à la Directive Nitrate, mais pas seulement.
Il faut dire que le dossier a agacé et illustre à merveille les conséquences d’une montée en puissance « dogmatique et incohérente » des politiques environnementales dans notre pays, pour reprendre l'expression d'Yves Bonnot, président..
Trois des cinq députés du département étaient présents ou représentés, en l’occurrence Edith Gueugnau (2e circonscription), Thomas Thévenoud (1ère circonscription), et Samuel Bon, attaché parlementaire de Cécile Untermaïer (4e circonscription).

Du bon sens et du pragmatisme


Avec brio et une parfaite maîtrise du sujet, Lionel Borey a passé en revue le dossier, détaillant les étapes déjà franchies, précisant celles à venir et leurs probables conséquences pratiques pour nombre d’exploitants (lire notre édition du 25 janvier en page 2). La Saône-et-Loire, non seulement avait su protéger - par ses pratiques agronomiques - ses ressources en eau, mais elle a mis a profit les quatre programmes d’actions précédents pour encore améliorer la situation.
Reste que les textes en provenance de Paris demeurent influencés et marqués par les problématiques d’autres régions, d’autres territoires et d’autres agricultures, comme le dénonceront, exemples à l’appui, plusieurs membres du bureau. Dans ce cadre, chacun en appelait à une lecture pragmatique des textes, avec des contrôles non orientés vers la sanction, mais bien davantage vers la promotion. « Nous persistons à penser qu’une application de la Directive Nitrate plus intelligente est possible ».
« Cette directive va générer des frais, lesquels grèveront pour de longues années les coûts de production. Il serait beaucoup judicieux de réaliser l’évaluation économique des mesures avant de les décider et de les imposer, parce que derrière il faudra prévoir les budgets adaptés… », mettait en garde le président de la section céréalière de la FDSEA. Anne Gonthier, Louis Accary, Christian Bajard, Yves Bonnot et d’autres encore illustraient l’incohérence de la dynamique actuelle.

La question


« Nous passons trop de temps dans des dossiers stérilisants comme la Directive Nitrate, parce qu’au lieu d’un raisonnement agronomique, l’Administration a fait le choix d’un raisonnement de normes ! », déplorait Lionel Borey. « Nous ferions mieux, au contraire, de consacrer notre énergie à des dossiers structurants pour l’avenir de nos territoires comme le développement de la méthanisation… ».
« Nous devons consacrer nos énergies à faire en sorte que demain on garde de l’agriculture dans chacun de nos territoires », campait Bernard Lacour, répondant ainsi aux questions liées à la perte des actifs et des savoir-faire , perte inéluctable qui handicapera demain l’agriculture, alors que le défi alimentaire se profile…
Président de la chambre d’agriculture, et abordant la question de la Pac telle qu’elle est pour l’heure traitée, Christian Decerle posait la vraie question, la question qui sonnait juste et résumait l’ensemble des débats précédents : « la seule façon d’aborder ces questions est celui de l’ambition que l’on entend donner à notre pays, à son agriculture, à notre alimentation. La question n’est pas de savoir s’il faut ou non sur-primer des hectares ou ne pas le faire, l’heure n’est pas aux débats techniques, mais bien davantage aux orientations, à l’orientation, à l’ambition que nous entendons avoir. La question est quelle agriculture voulons-nous ? Quelle place sommes-nous prêts à lui donner ? »

Une France de carte postale ?


L’avis était partagé par les élus présents, lesquels, à l’instar d’Edith Gueugnau, s’indignaient de la complexité administrative, et des entraves que constituent les multiples réglementations, surtout leur empilement et l’état d’esprit qui les dicte. Le coup de gueule le plus farouche venait de Thomas Thévenoud : « ce pays est en train de crever de ses normes ! la France a l’art et la manière de se tirer une balle dans le pied : on ne veut pas du gaz de schiste, on ne veut plus du nucléaire, et on refuse les éoliennes à cause d’un soi-disant rapace que personne n’a jamais vu ! » Et de poursuivre avec véhémence : « soit nous voulons une France de carte postale, soit nous œuvrons pour conserver une capacité de production dans nos territoires. Et cela passera alors par un soutien clair au secteur primaire et au secteur secondaire ».
Reste maintenant à concrétiser ces louables intentions, car, pour l'heure, rien ne semble aller dans le sens de l'allégement, de la cohérence et du bon sens...



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