Plus de parité et de diplômés
Suite de notre série de l'été sur le renouvellement des générations. Après avoir vu comment lever les freins à l'installation, focus sur l'enseignement.

L’enseignement agricole diplôme 18.000 apprenants par an dans les secteurs de la production agricole au sens large. Dans les filières, la parité fille-garçon progresse. Mais il faudrait 30 % de diplômés supplémentaires par an pour compenser les départs des agriculteurs à la retraite.
Avec un taux de réussite aux examens au mois de juin dernier de plus de 90 % au Bac pro et un taux d’intégration professionnelle des détenteurs de BTSA de 92 %, Luc Maurer, directeur général adjoint, chef du service de l'enseignement technique (DGER) au ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, reste très motivé. « La rentrée scolaire 2024 s’est très bien passée. 7.500 enseignants ont accueilli les 200.000 élèves et apprentis en formation initiale ou par apprentissage, de la 4ème au BTSA, se réjouit-il. Comme l’an passé, environ 3 % des postes n’étaient pas pourvus ». Les filières professionnelles forment toujours plus de garçons que de filles (56 % versus 44 %) mais au sein de chaque filière, la parité progresse un peu plus chaque année. On dénombre plus de jeunes filles dans l’agroéquipement et plus de jeunes hommes dans les services aux personnes. Par la suite, le profil des élèves recrutés évolue. Les jeunes filles sont plus nombreuses à prolonger leurs études dans les écoles d’agronomie, les étudiantes sont majoritaires, car elles le sont déjà dans les classes préparatoires MathSup/MathSpé.
Dans l’ensemble, l’enseignement agricole est de plus en plus attractif. Les effectifs croissent d’1 % par an depuis cinq ans, mais « on compte seulement 18.000 diplômés de l’enseignement agricole par an dans les secteurs de la production agricole au sens large, y compris les diplômes de l’agroéquipement, de la production végétale et animale, de la transformation alimentaire et de la commercialisation agricole, toutes voies de formation confondues », rapporte le directeur général adjoint. « Or, pour relever le défi générationnel auquel est confrontée la profession agricole, il faudrait augmenter de 30 % le nombre de diplômés dans ces secteurs, ce qui correspond à environ 6.000 diplômés de plus par an », affirme-t-il.
Programmes rénovés
Aussi, attirer un nouveau public d’élèves est une des priorités du ministère chargé de l’Agriculture et de ses lycées agricoles. À cette fin, des campagnes de communication ont été lancées pour mieux faire connaître les formations dispensées. Les nouveaux cycles « Bachelor agro » qui vont progressivement être mis en place pour former à Bac+3 rencontrent un vif succès auprès des jeunes. Fontaines sera le premier lycée à le proposer en Saône-et-Loire à la rentrée. Les lycées agricoles seront en mesure d’accueillir plusieurs milliers d’élèves supplémentaires, car de nombreuses classes sont encore en sous-effectif. « Les lycées agricoles ont fait le choix de maintenir ouvertes ces classes, dans ces territoires d’emplois, pour être proches des publics qu’ils recrutaient, même quand les effectifs diminuaient », souligne Luc Maurer.
L'an dernier, le plan « Enseigner à produire autrement, pour les transitions et l'agro-écologie » faisait aussi partie des priorités nationales de l’enseignement agricole. Dans ce cadre, les élèves étaient confrontés à toutes les formes d’agriculture pour être en capacité de faire plus tard des choix éclairés en fonction des situations qu’ils rencontreront. Les programmes du tronc commun des Bac Pro et le programme technique du Bac Pro CGEA*, qui forme les jeunes pour s’installer en agriculture, sont régulièrement rénovés. « Les jeunes sont ainsi formés pour appréhender la complexité de leur territoire (l’économie des filières, la préservation des ressources naturelles, les compétences relationnelles, etc.) quand ils s’installent », explique Luc Maurer. « Pour fêter les 60 ans de l’éducation socioculturelle, une discipline spécifique de l’enseignement agricole, les établissements ont mis “le paquet”, ajoute Luc Maurer. Cette discipline contribue à la qualité et l’attractivité de l’enseignement agricole ».
Les lycées et leurs internats sont des lieux de sociabilité très importants où le corps enseignant et socioéducatif (surveillants) veille à faire accepter les valeurs de la République et les principes de la laïcité. Dans chaque établissement, les personnels sont mobilisés pour lutter contre le harcèlement scolaire. Les victimes d’harcèlement peuvent contacter le 3018. Par ailleurs, l’administration veille à réagir contre toute agression du corps enseignant.
(*) Conduite et gestion de l’entreprise agricole