Une école de l’agriculture, indispensable à tous
Le 18 avril, le Service de remplacement de Saône-et-Loire (SR71) tenait son assemblée générale à Joncy. D’utilités incontestées, de nombreuses questions se posent, à commencer par le recrutement de nouveaux salariés pour répondre à tous les besoins (vacances, répits, maladies, naissance…). Mais cela nécessite une organisation sans faille et une plus grande implication des adhérents.

Accueilli par le SR des Monts du Charollais, le témoignage du président était emblématique de la situation en Saône-et-Loire. « On partage 7 salariés pour faire naître 900 à 1.000 veaux, avec en plus une secrétaire. On va voter pour passer à des journées à 8 heures (contre 7h) car nos jeunes veulent gagner plus. On a une secrétaire et quelques problèmes de recrutements », expliquait Jérôme Perraud. Et s’est bien pourquoi le niveau départemental est indispensable pour « s’adapter et se moderniser », rebondissait le président, Pierre Villard qui milite pour que toutes et tous puissent bénéficier d’un remplacement « de qualité indispensable ». Les besoins sont immenses. Sur le département, on note 4.929 jours de congés, 3.206 j en raison de maladies ou accidents, 1.627 j maternité (dont 751 j pour paternité) mais aussi, 324 j pour épuisement professionnel, 247 pour risques psychologiques… Autant dire qu’une partie des agendas ne sont pas planifiables et qu’il faut bien souvent trouver des solutions en urgence. Une solidarité qui « s’adapte en permanence », même le reste de l’année pour fidéliser et garder les salariés, grâce aux bénévoles et aux partenaires, remerciait Pierre Villard. L’animatrice départementale, Mathilde Garguet se démultiplie auprès des 1.595 adhérents (1.108 utilisateurs sur le dernier exercice) et 111 agents de remplacements qui ont effectué l’an dernier 82.651 heures de remplacement (11.078 journées). « On ne perd pas d’adhérents, mais on perd des journées, car il manque des salariés. On regarde en région avec les répartiteurs », faisait le constat Pierre Villard. Pourtant, ce n’est pas faute d’alerter les politiciens, les partenaires, les services publics… Une solution est justement de multiplier les partenariats et la visibilité, dès les lycées et pas forcément qu’agricoles et viticoles. Le SR71 est présent à la fête des JA, lors du forum des OPA. « Le point de vue des élèves sur les SR a évolué. Avant, c’était hors de question. Maintenant, les jeunes veulent bien être embauchés, déjà les weekends et vacances. Mais c’est à nous d’aller les chercher dans les écoles, sinon ils ne viendront pas et après l’école, c’est plus difficile », expliquait le représentant des Jeunes agriculteurs (partenaire avec 77 j d’engagement syndical), Étienne Perret. Le tour des « enveloppes » était alors fait dans le détail (Département, Casdar, MSA…) soulevant çà et là des remarques ou des questions aux partenaires. On notait la présence et les échanges avec la députée, Josiane Corneloup, le conseiller départemental, Frédéric Brochot, le président des caisses de Saône-et-Loire de la MSA, Jean-Charles Blanchard, le vice-président de la chambre d’Agriculture, David Cornier ou encore Groupama, Crédit Agricole, la DDT et les pompiers. Sans oublier de citer la Région qui verse 400.000 € au SR BFC ramenant 90.000 € en Saône-et-Loire « pour professionnaliser les SR, développer la formation, rendre accessible le remplacement à tous et créer de la coopération entre collaborateurs ». Malgré les contraintes budgétaires, « le volet social du SR71, Agrisolidarité et le sanitaire », sont les trois axes prioritaires du Département, confirmait Frédéric Brochot, le vice-président en charge de l’agriculture.
Service indispensable à la vie agricole
Et il suffit d’écouter les histoires de vie pour vite comprendre l’importance des SR, lorsqu’il s’agit de lutter contre un cancer, faire face au deuil d’un enfant ou d’un proche… Pas étonnant dès lors d’avoir vu invité par le Préfet, les SR dans les réunions à la DDT à la suite des manifestations 2024 pour faire un suivi par la « cellule mal-être » mise en place pour chercher des solutions aux crises agricoles. Pour Groupama, Frédéric Bernard le redisait, « le moteur d’une exploitation, ce n’est pas un tracteur, c’est l’humain », et la prévention de sa santé ou de celle des autres, rappelant au passage la possibilité d’être remplacé pour devenir pompier volontaire. Pour la MSA, Jean-Charles Blanchard en profitait pour rappeler que toutes ses organisations agricoles sont nées « car nos anciens avaient perçu les spécificités de l’agriculture qui ne sont pas les mêmes que les autres catégories professionnelles », pour travailler avec le vivant et les aléas climatiques, appelant ainsi à voter aux prochaines élections MSA, « notre régime de protection sociale ». Autre forme de protection collective, la défense syndicale a milité toute l’année dernière « pour une loi d’orientation agricole, enfin votée », se félicitait le secrétaire général de la FDSEA Anton Andermatt. La parole de fin revenait au Jeune, Étienne Perret pour qui son « SR est plus que primordial, pour installer, notamment des jeunes hors du monde agricole, mais pour tous, la vie doit maintenant se rapprocher le plus possible de la vie de Monsieur et Madame tout le monde ». Le président pouvait donc clôturer l’AG en « étant fier de notre capacité d’agir et faire perdurer ce service indispensable ».
SR71
Le mot est en effet trompeur : service. En réalité, il s’agit d’une organisation complexe fruit d’une mutualisation.