Un cap pour la mandature

L'exercice des comptes n'est jamais simple pour une Chambre régionale d'agriculture, mais en 2013, la Chambre régionale de Bourgogne s'en est plutôt bien tirée. Christian Decerle, son président, relève " des résultats plutôt satisfaisants qui assurent une certaine sérénité, avec un fonds de roulement et des capitaux propres consolidés ". En ces temps de vaches maigres, ce n'est pas si fréquent et c'est l'occasion pour le président de saluer le travail des équipes et " une véritable préoccupation de gestion " soutenue par " des efforts de méthode et de rigueur ". Toutefois, ces acquis restent fragiles, il faut être " confiant " affirme Christian Decerle " mais rester réaliste " car la menace pourrait bien venir du ministère des Finances. "Bercy" s'est déjà attaqué aux autres Chambres consulaires, le président " souhaite que l'on ne ruine pas tous les efforts des Chambres d'agriculture, alors que certaines régions se trouvent déjà en situation de déséquilibre financier préjudiciable ".

Adapter l'offre des Chambres d'agriculture à la demande

Financièrement, la Chambre régionale se donne donc les moyens d'agir et sur le plan stratégique elle entend aussi comme l'a exposé son directeur, François Roze, " donner du sens à ce qu'elle va faire ". C'était l'objectif d'un séminaire organisé mi-février à l'issue d'un audit. Ce temps de réflexion et d'échange a permis d'identifier les choix stratégiques qui détermineront les actions autour de quelques mots clés : développer, renforcer, améliorer, mutualiser. Après ce travail, il s'agit " de passer de l'idée à l'action " en construisant un discours commun aux cinq Chambres et en adaptant l'organisation de la Chambre régionale, mais aussi les moyens et les compétences des Chambres départementales à la réalité des besoins. " Nous devons être armés pour faire entendre notre voix " insiste Christian Decerle et " défendre les intérêts de l'agriculture. Notre agriculture régionale a beaucoup perdu ces dernières années et elle pourrait perdre plus encore, il s'agit de répondre aux défis en adaptant notre organisation et notre stratégie. Ce séminaire a posé les lignes de défense de l'agriculture bourguignonne ". Pour le président de la Chambre régionale, comme pour ses élus et ses collaborateurs, " c'est un vrai projet de mandature qui traduit l'ambition partagée de répondre au bon moment aux besoins exprimés par les agriculteurs ". Réactivité et adaptation de l'offre des Chambres doivent assurer une capacité de réponse encore améliorée aux besoins exprimés par les agriculteurs.
Les Chambres d'agriculture inscrivent désormais leurs interventions dans un environnement fortement concurrentiel, face à cela il faut savoir répondre aux attentes des agriculteurs en termes de compétences et de références. Les compétences sont nombreuses au sein des Chambres d'agriculture, encore faut-il qu'elles soient mieux identifiées et donc mieux utilisées. " Le besoin de conseil est important à tous les temps de la vie d'une exploitation " souligne Christian Decerle, " la Chambre d'agriculture doit pouvoir y répondre et se donner les moyens techniques et humains de défendre l'agriculture bourguignonne, l'important étant d'avoir toujours l'ambition de faire mieux et de progresser ".
La Chambre régionale, tant par ses compétences que par ses actions, doit aussi gagner en visibilité. " Parler d'une seule voix, construire et porter des positionnements partagés " c'est la garantie de gagner en crédibilité et en efficacité. Tous les domaines d'activité de la Chambre régionale ne sont pas connus et certains dossiers méritent un éclairage particulier. Deux exemples ont ainsi été présentés aux membres élus à l'occasion de cette session : d'une part les actions menées autour d'Ecophyto et d'autre part, le dossier Energie.

Ecophyto : un défi relevé

Marie-Sophie Petit, responsable du service environnement, grandes cultures, maraîchage, cultures pérennes et sols à la Chambre régionale a exposé les grandes lignes de force d'un dossier dont beaucoup s'inquiètent du côté "phyto" sans voir que les aspects "éco" sont tout aussi présents. Eric Bertrand, président de la Chambre d'agriculture de la Nièvre en avait préalablement montré toutes les implications. " Ce programme est plus large que les contraintes que l'on relève la plupart du temps, neuf axes sont concernés dont la recherche, l'innovation, la formation, la surveillance biologique du territoire, la sécurité des utilisateurs, le BSV... En terme d'Ecophyto, il serait souhaitable que nous soyons plutôt des faiseux que des diseux ".
Les faiseux on en trouve quand même sur le terrain, ils réfléchissent et agissent au sein des réseaux "Dephy", qui comprennent un réseau "Ferme" et un réseau "Expe". Le réseau "Ferme" a la particularité d'être animé par des groupes d'agriculteurs, la Chambre d'agriculture assurant l'accompagnement et le réseau Expe reposant sur un protocole classique. "Dephy" en actions à la CRAB, ce sont des animations, des actions de coordination, de la production de références à partir notamment des données des systèmes agriculteurs du réseau "Ferme" et de la communication à partir des ressources produites. Avec une Chambre régionale qui est là pour accompagner, apporter un appui méthodologique et évaluer au long cours les performances économiques et techniques des systèmes suivis.

Energie maîtrisée, économies réalisées...

Autre dossier d'envergure et d'avenir : l'énergie. La CRAB développe une véritable expertise sur le sujet. Céline Zanella, expert MDE (maîtrise de la demande en électricité) en bâtiment d'élevage est chargée de l'animation et de la coordination des RAE (relais agri énergie), en lien avec les experts RAE de chacun des départements. Entre actions de conseil technique et actions "terrain", un dossier énergie bien maîtrisé débouche sur de réelles économies d'échelle pour les agriculteurs. La facture énergétique en terme de charges peut baisser de 3.000 à 5.000 euros par an. 40 dossiers sont ainsi accompagnés chaque année et à l'échelle régionale, les Chambres d'agriculture déposent 70% des dossiers PPE. La CRAB participe également au plan national à l'élaboration de l'outil Decibel (notamment pour les bâtiments d'élevage bovins viande), ainsi qu'à d'autres travaux, elle intervient aussi au travers de salons agricoles, foires, etc.
L'expertise développée et la diversité des actions accompagnées sur le terrain amène Céline Zanella à remarquer que " les Chambres d'agricultures sont quasiment incontournables sur ces thématiques ".