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Stéphane Le Foll en Bourgogne

Un Plan de soutien aux grandes cultures

Après son passage dans l'Yonne, le ministre de l'agriculture Stéphane
Le Foll a poursuivi dans la Nièvre le 11
juillet. Au menu, une rencontre avec un agriculteur de Vielmanay, un
passage en bout de champ sur des parcelles d'essais de la chambre
d'agriculture... Et, entre les deux, un échange studieux avec les
représentants de la profession...
Par Publié par Cédric Michelin
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« Trois crises sanitaires en élevage, trois crises en céréales, maintenant une mauvaise année avec la météo... J'ai tout eu ! ». Plus que de requérir la compréhension des agriculteurs sur sa condition de ministre de tutelle, Stéphane Le Foll était venu plaider... Plaider pour une agriculture qui « anticipe et prépare l'avenir ». Plaider aussi pour des agriculteurs qui innovent ou, à tout le moins, renouent avec certains fondamentaux agronomiques du métier.
Le tutoiement facile avec ses interlocuteurs, la carrure d'un rugbyman avec un discours rôdé, le ministre, en costume cravate au milieu des champs, n'a pas lésiné sur la main tendue à ses hôtes, alternant la pédagogie du changement, pour vanter les mérites de l'agroécologie, et la fermeté de principes.
A Suilly-la-Tour, la tension et l'attention –de part et d'autre– était palpable. S'il s'est bien trouvé quelques agriculteurs pour tenter de très discrets coups de sifflet, la tonalité de la rencontre est restée digne et grave, à l'image des céréaliers présents, venus de la Nièvre et du Cher voisin. Et le ministre qui avait aménagé son emploi du temps pour pouvoir dialoguer, a répété à l'envi sa « conscience que vous n'allez pas bien ».

Retrouver une maîtrise de la production


Les difficultés du secteur céréalier s'ajoutent maintenant aux heures sombres de l'élevage allaitant. A la salle des fêtes de Suilly-la-Tour, le ministre a encaissé le feu roulant des questions des représentants du réseau FDSEA et des JA.
« Nous vous faisons part des inquiétudes de l'ensemble des producteurs », a introduit Stéphane Aurousseau, président de la FDSEA 58. Sur la viande bovine, Stéphane Le Foll a admis que la situation était comparable à celle de la production porcine il y a un an, avant que le marché chinois ne permette au marché européen de retrouver des couleurs. En réponse à Emmanuel Bernard, secrétaire général adjoint de la FNB, le ministre a admis qu'il fallait trouver des nouveaux contrats à l'export, vers la Turquie certes, mais aussi l'Algérie et le Maghreb, « où nous avons fait une filière d'engraissement, mais qui n'intéresse toujours personne ». Evoquant la fin des quotas laitiers, dont les conséquences « pèsent sur le marché européen de la viande », le ministre a plaidé pour « une maîtrise retrouvée de la production ».

Plan de soutien aux grandes cultures


Contractualisation, développement de l'export, stockage, promotion du cœur de gamme, référentiel prix, circuits locaux, étiquetage et traçabilité... Stéphane Le Foll a voulu déminer le terrain et répondre au « désespoir et à la détresse qui s'emparent des campagnes », pour reprendre les mots des représentants de la profession.
« Il faut qu'on s'en occupe », a promis le ministre. Le gouvernement va ainsi « voir comment aider les céréaliers, parce qu'il faut que nous soyons là et comme à chaque fois ». Stéphane Le Foll est conscient que sur les grandes cultures, confrontées au marché mondial, il n'a que peu de marge de manœuvre, mais il a annoncé un Plan de soutien spécifique, « sur le modèle de ce que nous avons fait avec le Plan de soutien à l'élevage ».
Il s'est notamment engagé à recevoir d'ici quinze jours les représentants des Zones intermédiaires, dont les départements de la Nièvre et du Cher, pour évoquer avec eux les mesures à mettre en œuvre. Il a redit être pleinement conscient des difficultés des céréaliers de nos régions, « les rendements catastrophiques et la qualité qui n'est pas plus au rendez-vous que les prix ». Etienne Gaignerault, vice-président de la chambre d'agriculture du Cher, a ainsi alerté le ministre sur le fait que « ce ne sont plus 20 ou 25 agriculteurs en difficulté à accompagner, mais 300 à 400 dans le Cher ». Il a aussi estimé que la redistribution des prélèvements laitiers (les pénalités de 500 millions d'€) lui semblaient insuffisantes au regard de l'urgence. Eric Bertrand, son homologue nivernais, a évoqué une éventuelle « procédure collective de dépôt de bilan ».
« Il faut se parler franchement », a répondu Stéphane Le Foll, « je pense que les agriculteurs ont distribué trop de gains de productivité aux consommateurs et aux opérateurs d'aval depuis quelques années ». Tout en poursuivant, « je ne suis pas là pour vous emmerder, mais pour voir comment on peut s'en sortir. L'enjeu est de réduire les phytosanitaires et de diminuer les charges ! ». Une façon de replacer au cœur des échanges les raisons initiales de sa venue dans la Nièvre : la promotion de l'agroécologie, la conservation des sols, le retour à des raisonnements agronomiques fondamentaux de la part des agriculteurs... Des sujets certes importants, mais aujourd'hui si éloignés des inquiétudes du terrain !


« Les vers de terre ne sont pas aux 35 heures ! »


Le ministre de l'Agriculture a terminé sa visite par là où elle devait commencer : l'exploitation de Julien Bedu, à Vielmanay, qui vient de s'engager dans l'agroforesterie en plantant des noyers au milieu de ses parcelles.
Accompagné par Etienne Bourgy, de la chambre d'agriculture et l'un des treize conseillers du Réseau rural agroforestier français en Bourgogne Franche-Comté, Julien Bedu détient à lui seul le quart des 227 hectares (34 parcelles, 14 agriculteurs engagés) orientés vers l'agroforesterie dans la grande région. A la demande du président de la chambre d'agriculture, Eric Bertrand, le ministre avait commencé sa visite, dès 15 h 45, dans les champs, où il a pu apprécier le travail de la chambre via l'original Groupement d'intérêt économique et environnemental (GIEE) Magellan, et les résultats des essais de semis direct sous couvert mis en œuvre chez Alain Krebs. « Il faut que les futurs jeunes agriculteurs aient en tête trois mots essentiels : la génétique, la technologie et les sols », a insisté Stéphane Le Foll. Au milieu des champs de blé emplis de lotier, il a voulu « donner des perspectives aux agriculteurs » en faisant la promotion de leur conservation et de leur intérêt agroécologique : « les vers de terre ne sont pas aux 35 heures » a-t-il plaisanté...


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