Une vision libérale du verdissement
d’afficher une productivité sans faille tout en acceptant des
contraintes environnementales. Lors du congrès de l’Association
française des journalistes agricoles (AFJA), qui s’est déroulé le 22 et
23 mai aux Pays-Bas, les acteurs de l’agriculture ont expliqué leur
vision du verdissement.
La main verte
Même façon de penser du côté du ministère de l’Agriculture et des syndicalistes agricoles. « Nos normes environnementales sont élevées mais nous l’acceptons. Cela ne nous empêche pas d’être productifs et de travailler de façon intensive pour rester compétitif », fait remarquer Dick Hylkema, directeur de LTO-Glaskracht (syndicat agricole néerlandais). Questionné sur la volonté de « verdir » la PAC, le représentant du ministère, Roald Laperre, directeur adjoint de l’Agriculture, ne semble pas inquiet: « Les aides aux revenus vont baisser, il faudra les remplacer par de l’innovation écologique et de la durabilité. Notre solution : passer par des paiements directs aux agriculteurs sous conditions écologiques ». Un raisonnement simple : les pratiques environnementales des agriculteurs seront récompensées. Les Pays-Bas n’ont pas peur d’afficher leur libéralisme. A l’instar de la France, ils croient fermement dans le marché et la fameuse main invisible prônée par Adam Smith (une action faite dans un intérêt personnel et qui contribue à l’enrichissement commun). Une main invisible, souvent transformée en main verte. « Le gouvernement est un partenaire important pour les décisions, notamment pour le verdissement, mais le marché a toujours le dernier mot », confirme Dick Hylkema du syndicat LTO. Le directeur de Dutch Produce Association (équivalent du syndicat de légumes français), Hans Van Es, va encore plus loin en prônant une économie mondialisée : « en agriculture, il nous manque des leaders, les idéologies nationales doivent disparaître, au profit d’un marché mondial. L’avenir ne sera pas entre les pays mais entre les filières ». Aux Pays-Bas, chaque décision semble soumise à son aspect « productivité ». Par exemple, pour les OGM, il n’y pas de « débat dans la société » selon le gouvernement. Comme en France, le pays importe du soja et du maïs transgéniques mais ne produit pas de cultures transgéniques sur le territoire. Avec une grande confiance dans les instances européennes, le représentant du gouvernement indique que si l’Autorité européenne de sécurité pour les aliments (EFSA) décide que les cultures OGM sont meilleures et sans risque, alors, elles seront cultivées sur le territoire.
Bien-être animal
Aux Pays-Bas, les défenseurs du bien-être animal sont nombreux. Ils ont même créé un parti politique. Dans les exploitations porcines, un label, « Good Farming Star » a été mis en place par l’abatteur Vion. Les éleveurs de porcs signent une charte de bien-être animal. Concrètement, cela se traduit par moins de porcs dans les boxes, des jouets pour distraire l’animal ou encore la non castration des mâles. Comme dans les élevages intensifs français, les porcs sont élevés sur des caillebotis. « Pourtant ce n’est pas comme la France ici, fait remarquer l’éleveur. Le bien-être animal est très important pour le consommateur, ils acceptent de payer plus cher pour avoir la garantie d’un animal bien traité ». Les éleveurs sont quand à eux assurés de vendre tout leur porc à Vion au prix du marché mais avec une prime en plus et la garantie d’une continuité dans la vente.