Eleveurs bovins du grand Massif-Central
Un signal fort est attendu de la part du Gouvernement

A la veille de l’ouverture du Sommet de l’Elevage à Cournon, ou le ministre de l’Agriculture était attendu ce mardi pour l’inauguration, les Eleveurs bovins du grand Massif-Central ont lancé un appel aux membres du Gouvernement : ils veulent d’eux un signal fort pour que la filière puisse renouveler les générations d’éleveurs. Le cheptel étant dangereusement en baisse, la souveraineté alimentaire est menacée à termes.

Un signal fort est attendu de la part du Gouvernement

Le Ministre Marc Fesneau n'a pas encore mis un pied à Cournon que le voilà déjà interpellé ce 2 octobre par les éleveurs du Grand Massif central. Ces derniers lancent un appel solennel au Gouvernement : « venez en terre d’élevage, entendez les attentes très fortes des nouvelles générations et adoptez des politiques publiques cohérentes entre elles, afin de donner des perspectives d’avenir aux éleveurs, aux futures générations d’éleveurs et aux territoires ruraux ». Tel est le cri d’alarme lancé par le coordonnateur du Berceau des races à Viande du Massif central, Christian Bajard. En effet, les éleveurs bovins alertent le gouvernement depuis plusieurs années maintenant, les chiffres sont alarmants. Le nombre d’éleveurs et de bovins est en chute libre dans le Massif central : -26% d’exploitations d’élevages et -10% de bovins entre 2010 et 2020, -2.8% par an de vaches allaitantes à partir de 2020. Alors que la production de viande bovine en France baisse de 5% en 2022, les importations de viandes de boeuf enregistrent un nouveau record de 22% de hausse. « Les conséquences économiques et environnementales pour les territoires ruraux sont largement sous-estimées », déplore le coordonnateur du Berceau face au manque de réactions du Gouvernement.

« Au-delà des discours, les éleveurs allaitants ont besoin de cohérence et de perspectives claires pour enrayer cette tendance. À l’heure actuelle, cette cohérence est loin d’être établie ! Les objectifs de politiques publiques se contredisent. Baisse de la production ? Souveraineté alimentaire ? Stratégie bas-carbone ? Importations croissantes de viandes ne respectant pas les normes de production sanitaires et environnementales européennes ? », questionnent les éleveurs qui en ont marre d’entendre des louanges un jour pour ensuite être jeté aux gémonies le lendemain par les pouvoirs publics (Cour des comptes…).

Des éleveurs exemplaires

Car de leurs côtés, les éleveurs du Grand Massif central s’engagent pour adapter leurs systèmes face au changement climatique et pour renforcer les externalités positives – environnementales, sociétales, territoriales – de leurs exploitations. De l’autre, l’État envoie des signaux contradictoires.

La préservation de systèmes d’élevage durables sur le Grand Massif central dépendra de la capacité de la France à mettre en cohérence l’ensemble des politiques publiques qui impactent le secteur.

En ce qui concerne la rémunération des éleveurs d’abord, le coordonnateur du Bassin races à viande du Massif-Central demande, au nom de tous les éleveurs, « une application pleine et entière de la loi EGAlim2 », actuellement détricotée par les centrales d’achat de ce pays qui se font les chevaliers blancs du pouvoir d’achat sur le dos des agriculteurs.

Car, il faut toutefois rappeler d’où part l’élevage après des années de crise sévère. Bien que dans un contexte plus favorable en matière de prix payés aux éleveurs, les couts de production ne sont pas encore couverts. Toutes les entreprises doivent utiliser l’indicateur coût de production interprofessionnel dans la formule de prix. Des contrôles et sanctions doivent s’appliquer pour ceux qui contournent la loi, réclame le syndicalisme agricole. « C’est à l’État de jouer ce rôle de gendarme. Et c’est au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation d’être d’une fermeté absolue face aux tentatives de remise en cause de la loi sous couvert d’inflation », tranche Christian Bajard.

Quant à la cohérence des politiques publiques, pour lui cela est évident : « il s’agit de soutenir en priorité les systèmes d’élevage durables qui auront été définis au préalable : protéger les systèmes d’élevages durables déjà en place pour assurer leur pérennité ; faciliter et encourager l’installation d’éleveurs dans ces systèmes ; orienter les choix alimentaires vers les produits issus de ces systèmes. Donnez-nous envie d’y croire ! », conclut-il en guise de prélude à l'agenda politique du Sommet de l’Élevage, ici un peu avancé.