Action syndicale régionale
Une énième pression contre le loup

Aurélien Genest
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Les FDSEA et JA de Côte-d’Or et de l’Yonne, ainsi que le syndicat d’élevage ovin, se sont mobilisés le 31 août devant les locaux de l’Office français de la biodiversité (OFB) à Dijon.

Une énième pression contre le loup

Il y a 11 ans presque jour pour jour (le 30 août 2012), une délégation de la FRSEA rencontrait le préfet à Dijon pour évoquer une toute première fois de la menace du loup. La photo de ce rendez-vous publiée montrait des visages assez tranquilles, voire sereins, car ce prédateur était encore très loin de la Côte-d’Or et de l’Yonne. À ce stade, le loup était un « mythe » et personne n’imaginait réellement ce qui allait se passer quelques années plus tard dans la région. Les « mines » rencontrées la semaine dernière dans cette même ville dijonnaise étaient tout autres. Celles-ci laissaient transparaître de l’énervement, de la colère et parfois, malheureusement, un peu de doutes et de lassitude.

De la casse

« Un impératif : zéro attaque de loups sur nos troupeaux » : tel était le « slogan » de cette trentaine de moutonniers du 21 et du 89 réunis dans les locaux de l’OFB et de la DDT. Cette action syndicale répondait à un mot d’ordre national pour mettre une pression supplémentaire en amont de l’écriture du nouveau plan loup, qui sortira mi-septembre (lire aussi en page 3). Les syndicats rappelaient d’emblée quelques chiffres dès leur arrivée : « Entre 2018 et 2023, le nombre de loups est passé de 430 à près de 1.000 individus. Le nombre de victimes est resté à un niveau très élevé : 12.000 animaux tués par an, avec une augmentation depuis 2022. En Côte-d’Or et dans l’Yonne, il y a déjà̀ plus d’une trentaine d’ovins et de jeunes bovins morts depuis le début 2023 ».

« Des échéances arrivent très prochainement dans ce dossier, des manifestations ont lieu dans tous les départements », annonçait Samuel Bulot, secrétaire général de la FDSEA21. Baptiste Colson, président de JA21, rappelait pour sa part la notion de souveraineté alimentaire, mise en avant depuis des mois par le gouvernement : « Si nous voulons y arriver, cela va sans dire, il faudra encore des éleveurs dans nos campagnes ! Mais avec tout ce qui arrive, c’est plutôt mal embarqué… ». Julien Pané, président du syndicat d’élevage ovin de Côte-d’Or, rabâchait une énième fois que les troupeaux ne pouvaient pas être protégés du loup dans nos campagnes.

Faire bouger les lignes

Devant des représentants de l’administration, les moutonniers ont exprimé trois principales demandes en marge du groupe national loup qui se tiendra le 18 septembre : « les Pouvoirs Publics doivent donner les moyens aux éleveurs de se défendre en fusionnant les tirs de défense (simple et renforcée) en un seul, en supprimant le plafond de destruction de 19 % et en autorisant les éleveurs et les chasseurs ayant suivi une formation à utiliser des armes dotées de lunettes à visée nocturne sans obligation préalable d’éclairage du loup ». Flora Loiseau, jeune éleveuse du secteur de Pouilly-en-Auxois, faisait partie du cortège : « Il est inadmissible et intolérable qu’autant de moyens soient mis en place pour défendre le loup et son développement… Le problème doit être pris à la source. Qu’ils fassent comme ils le veulent pour y arriver, mais l’élevage ne doit plus connaître la moindre attaque ! ». Gilles Duthu, éleveur retraité à Francheville et président de Terre d’Ovin, faisait partie lui aussi du mouvement : « Qui accepterait de travailler avec une telle pression ? Au-delà de l’économie, il y a aussi l’aspect humain, qui est souvent négligé. Le jour où le loup arrivera à la Combe à la Serpent, à Fontainebleau ou encore au Bois de Boulogne, on en reparlera, du loup ! En attendant, ce prédateur décourage les producteurs, et ce n’est sans doute pas terminé tant que l’on acceptera son développement. Il y a cinq ans, nous n’entendions pas parler d’attaques sur bovins, c’est désormais le cas. Bientôt, ce sera sur des équins, et après ? ».

 

 

 

« L'élevage ou le loup, il faut choisir » 

Charles Baracco, le président des JA de l’Yonne, était de la partie avec plusieurs de ses collègues. Le jeune agriculteur d’Avallon livre ici son point de vue : « Nous avons assez de contraintes comme ça, dans nos métiers, pour y ajouter celle du loup… Des éleveurs de l’Yonne ont déjà fait les frais de ce prédateur, c’est assez comme ça, nous n’en voulons plus. Au-delà des attaques, il y a un préjudice moral terrible chez les éleveurs qui ont eu des dégâts, il faut le savoir. Notre but aujourd’hui est de nous faire entendre. Seule une volonté politique pourra faire bouger ce dossier. Des choix s’imposent et très rapidement. L’élevage ou le loup, il faut choisir. Nous, nous avons choisi ! Nos métiers attirent déjà de moins en moins… Avec le loup, ce sera encore pire. Nos zones d’élevage ne peuvent pas être protégées, nous le répétons encore aujourd’hui. Il y va de la survie de l’élevage. Bien d’autres aspects sont en jeu, comme l’activité économique dans nos campagnes, l’entretien des paysages, la souveraineté alimentaire, le renouvellement des générations, la biodiversité dont nous sommes les acteurs principaux… Nous demandons du bon sens ! ».