Insécurité alimentaire mondiale
L’insécurité alimentaire mondiale en pleine expansion

Avant même l’entrée en guerre de la Russie contre l’Ukraine, l’insécurité alimentaire aiguë s’était envolée, en 2021, à l’échelle planétaire. Telles sont les conclusions du dernier rapport de l’ONU qui dresse de sombres perspectives pour l’année en cours.

L’insécurité alimentaire mondiale en pleine expansion

Les propos que le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait tenus le 14 mars sur la crainte de voir se développer « un ouragan de famines » dans le monde, ont été corroborés le 4 mai avec la parution du rapport global de l’ONU sur les crises alimentaires. L’an passé, ce ne sont pas moins de 193 millions de personnes dans 53 pays qui se trouvaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë, c’est-à-dire qu’elles avaient besoin d’une aide urgente pour survivre. « Cela représente une augmentation de près de 40 millions de personnes par rapport au précédent pic atteint en 2020 », indique ce sixième rapport de l’ONU. Par rapport à 2016, le nombre de personnes en danger alimentaire a presque doublé (+80 %). À cette date, “seulement” (si l’on peut dire) 108 millions de personnes à travers 48 pays étaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Surtout, en 2021, environ un demi-million de personnes étaient confrontées à des conditions catastrophiques, c’est-à-dire la famine et la mort, dans quatre pays : l’Éthiopie, le Sud-Soudan, le sud de Madagascar et le Yémen.

« Triple combinaison »

« Nous sommes confrontés à la faim à une échelle sans précédent, les prix des denrées alimentaires n’ont jamais été aussi élevés et des millions de vies et de moyens de subsistance sont en jeu », indique Antonio Guterres dans son éditorial. Les causes de ces crises sont connues, mais pour beaucoup, très difficiles à combattre : la pandémie du Covid, les conflits, les intempéries (notamment la sécheresse), le renchérissement des denrées, etc. Ce que l’ONU résume en « triple combinaison toxique de conflits, d’événements météorologiques extrêmes et de chocs économiques ». Début avril, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) soulignait que son indice de référence a gagné + 12,6 % en un mois, affichant une valeur moyenne de 159,3. Cet indice était même supérieur de 33,6 % à celui de mars 2021. Les céréales ont augmenté de +17,1 % entre février 2022 et mars, les huiles végétales de +23,2 %, le sucre de +6,7 %, les viandes de +4,8 % et de lait de +2,6 %.

Populations les plus vulnérables

« Les perspectives d’insécurité alimentaire aiguë mondiale en 2022 devraient encore se détériorer par rapport à 2021 », s’alarme l’ONU. Elle cite en particulier, la guerre en Ukraine « qui risque d’exacerber les prévisions d’insécurité alimentaire aiguë en 2022, déjà sévères ». Pour l’organisation internationale, les prix devraient encore augmenter pour les engrais, l’énergie et les denrées alimentaires, avec un risque accru pour les pays à faible revenu, dont la monnaie est faible « et qui dépendent fortement des importations alimentaires ». Quand bien même la disponibilité de certains produits serait au rendez-vous, les risques de rupture existent en raison du caractère parfois aléatoire de certains approvisionnements.

Dans le monde, plus de 850 millions de personnes sont frappées de malnutrition, soit presque un habitant sur dix. Et la liste des pays déstabilisés ne fait qu’augmenter, à l’image du Liban, l’Égypte, la Tunisie…