SAS Morvan Paille
Dixième campagne cette année !

Marc Labille
-

Depuis la sécheresse de 2011, un collectif d’éleveurs de l’Autunois-Morvan part s’approvisionner chaque année en paille aux portes du bassin parisien. La SAS Morvan Paille compte 26 adhérents qui se fournissent de plus de 2.000 tonnes de paille par an auprès de collègues céréaliers.

Dixième campagne cette année !
Chaque année depuis 2011, un collectif d’éleveurs de l’Autunois-Morvan achète de la paille directement à des collègues céréaliers du bassin parisien.

L’histoire de la SAS Morvan Paille remonte à 2011. La sécheresse avait alors conduit un groupe d’éleveurs de l’Autunois-Morvan à aller s’approvisionner en paille auprès de céréaliers de l’Yonne, de Seine-et-Marne et du Loiret. C’est par l’intermédiaire du réseau syndical FDSEA que les contacts avaient pu être établis. Durant l’été 2011, les éleveurs morvandiaux s’étaient organisés pour aller récolter de la paille dans les plaines céréalières plus au nord. Cinq mille précieuses tonnes avaient ainsi été rapatriées en Saône-et-Loire ! Enthousiasmés par le succès de cette première opération d’ampleur et portés par l’élan de solidarité consécutif à la sécheresse, les éleveurs de l’Autunois-Morvan ont eu envie de reconduire l’aventure. Mais pour pérenniser ce partenariat entre céréaliers et éleveurs, il fallait une organisation adéquate.

Engagement sur cinq ans

C’est finalement sous la forme d’une SAS (société par actions simplifiée) que le collectif s’est structuré. La SAS Morvan Paille compte aujourd’hui 26 adhérents. L’un des intérêts de cette forme juridique est d’imposer un engagement sur cinq ans, explique Jean-Michel Gevrey, éleveur à Dracy-Saint-Loup et président de la structure. Couplé à une adhésion, cet engagement porte sur un tonnage de paille annuel avec la possibilité d’un ajustement de plus ou moins 30 % à la commande, détaille le président. La SAS Morvan Paille en est à son second engagement depuis sa création. Pour la période 2019-2023, les 26 adhérents se sont engagés pour un total de 2.115 tonnes de paille chaque année. En 2019, alors que la sécheresse frappait à nouveau, les éleveurs en ont commandé 2.800 tonnes. Pour 2020, ce sont 2.200 tonnes qui ont été retenues.

Chaque année, le groupe conserve du stock de paille d’avance. L’année dernière, malgré la gravité de la sécheresse, le collectif s’est retrouvé avec 2.000 tonnes de trop. Une partie a pu être cédée à d’autres éleveurs de l’ouest du département.

Une organisation bien huilée

La SAS possède un conseil d’administration de 13 membres qui assument chacun une mission bien précise, explique Jean-Michel Gevrey. Car cet approvisionnement collectif en paille demande un important travail d’organisation. Il y a d’abord toute la préparation en amont des chantiers avec le recensement des commandes, la prise de contact avec les céréaliers, la planification des équipes qui iront sur place… Les éleveurs morvandiaux se rendent sur les chantiers par équipe de trois ou quatre, se succédant par période de trois ou quatre jours. La SAS organise l’hébergement sur place. Les chantiers durent entre un et deux mois. Le pressage est assuré par un entrepreneur attitré qui réalise des bottes lourdes de 480 kg. Les adhérents de la SAS assurent la manutention des bottes, leur mise en tas et le chargement sur les camions. Leur présence sur place garantit le bon suivi des chantiers. Ils notent les quantités de bottes pressées par parcelle et pèsent chaque camion. Ils se chargent également de prévenir les éleveurs de l’Autunois de la livraison de la paille.

Maîtrise des volumes et des prix

La SAS gère elle-même le transport. L’an dernier, faute de pouvoir compter sur les transporteurs spécialisés débordés par la sécheresse, les éleveurs morvandiaux ont dû se contenter de transporteurs équipés de semi-remorques bâchées. Et le contexte de crise n’a pas facilité les négociations tarifaires, confie Jean-Michel Gevrey. L’autre point délicat s’est révélé être le stockage. 400 tonnes ont dû être stockées chez un céréaliers en Seine-et-Marne. « L’idéal serait que chaque adhérent en stocke un peu plus chez lui et que l’on évite de devoir couvrir des tas de paille avec des bâches », confie le président. Autre écueil rencontré par le collectif : il est toujours difficile de recruter des adhérents pour participer aux chantiers de paille alors que les récoltes de foins battent leur plein dans l’Autunois… D’autant plus que l’enlèvement de la paille des champs de céréales ne peut attendre non plus…

À l’heure où ils s’apprêtent à entamer leur dixième campagne, les éleveurs de la SAS Morvan paille savent pouvoir compter sur une filière bien calée. Si les commandes des 26 adhérents vont de 20 à 300 tonnes, les tonnages sont reconduits d’année en année et les éleveurs bénéficient d’une organisation collective qui permet de maîtriser les volumes et les prix tout en anticipant bien les choses.

500 hectares chez une douzaine de céréaliers du sud bassin parisien

Au fil des années, la SAS Morvan Paille a circonscrit sa zone d’approvisionnement dans un rayon de 20 km autour d’Égreville en Seine-et-Marne (aux confins du nord de l’Yonne et du bassin parisien, tout près de l’autoroute A6). La SAS y possède un carnet d’adresses d’une bonne vingtaine de céréaliers dont douze constituent le noyau fidèle. « Nous montons les voir au début du mois de mai pour un premier repérage des parcelles », indique Jean-Michel Gevrey. En 2020, le groupe d’éleveurs morvandiaux a retenu près de 500 hectares de céréales à paille. « Sur place, on fait en sorte de travailler comme si c’était chez nous. On laisse les champs propres. Les années compliquées, c’est lorsque qu’il fait du mauvais temps et que l’on est obligé de retarder les chantiers car il faut retourner les andains… ».

Tarifs maîtrisés

La paille est achetée par la SAS 20 €/tonne derrière la moissonneuse. Le coût du pressage s’élève à 16 – 17 €/tonne. À cela s’ajoute 5 €/tonne correspondant au coût pour la mise en tas des bottes. 8 – 9 € supplémentaires couvrent l’hébergement, la nourriture et les frais annexes liés à la SAS (comptabilité, administratif, etc.). Au final, cela débouche sur un prix de 50 € la tonne de paille chargée départ au champs, tarif auquel il faut ajouter le transport (de l’ordre de 26 – 27 €/tonne), détaille Jean-Michel Gevrey. À compter de la commande, les adhérents effectuent trois paiements d’un montant de 20 €/tonne en juillet, août et septembre. La facture finale est émise en fin d’année pour un dernier règlement de régularisation.