Gaec Soufférant à Céron
Une capacité de stockage en plus

Marc Labille
-

Après la sécheresse et la pénurie de paille de 2018, le Gaec Soufférant a décidé d’accroître sa capacité de stockage pour être plus autonome en fourrage et moins dépendant des aléas du marché de la paille. 

Une capacité de stockage en plus
Grâce à son hangar de stockage, Franck Soufférant peut stocker davantage de paille ce qui le rend moins tributaire des aléas du marché. Le bâtiment lui a aussi permis de se lancer dans la production de bois déchiqueté pour la litière.

À Céron, Julie et Franck Soufférant sont à la tête d’une exploitation de 160 vaches charolaises. Les vêlages interviennent dès le mois de septembre pour des ventes de broutards et de laitonnes précoces. Les vaches de réforme sont vendues maigres pour la plupart. En hiver, tout le cheptel (vaches suitées, génisses) est logé sur le même site du siège de la ferme, en stabulation sur aire paillée. Le parc de bâtiments a évolué au fil des années. Une étable entravée avait été construite en 1987, la première stabulation libre est apparue en 1995 et les deux ont été transformées ou agrandies au fil du temps, de même que le stockage. Aujourd’hui, les vaches sont logées dans une grande stabulation de 134 places ainsi qu’une autre plus petite de 16 places. Maîtrisant bien la maçonnerie, Franck et son père ont toujours été des adeptes de l’autoconstruction. Aussi pour pouvoir réaliser tout ou partie de leurs travaux, les éleveurs préfèrent les étaler dans le temps, par étape. « Nous ne faisons jamais de gros investissements en une seule fois. Cela nous permet de contenir les annuités. Réalisés en plusieurs fois, les travaux entrent dans les investissements de l’exploitation avec des charges bâtiments relativement faibles », explique Franck. En outre, en procédant ainsi, chaque projet est inférieur aux plafonds de subvention, d’où des aides optimisées.

Acheter la paille quand elle est moins chère

La dernière évolution en date remonte à 2019 avec l’ajout d’un hangar de stockage. Jusqu’alors, le Gaec avait tout juste de quoi stocker son foin à l’abri et pour la paille, l’exploitation manquait de place pour un achat à la récolte. Une partie de la paille devait donc être empilée dehors. Or chaque année, l’exploitation a besoin de dix camions de paille, fait valoir Franck. Les choses se sont précipitées en 2018 avec la sécheresse. « Nous avions commandé de la paille à 80 €/tonne à la récolte. Mais elle n’est arrivée que dans l’hiver et coûtait finalement 125 €/tonne ! ». Cet épisode a été un électrochoc pour les éleveurs qui ont décidé de changer de stratégie vis-à-vis de la paille. Apprenant que de nouvelles aides étaient disponibles pour la création de bâtiments de stockage, Franck a décidé de construire un nouvel hangar. Cette capacité de stockage supplémentaire devait permettre de parfaire l’autonomie fourragère de l’exploitation tout en offrant la possibilité de stocker davantage de paille en l’achetant quand les cours sont les plus favorables. 

Hangar plein pour l’hiver

Le hangar mesure 12 m de large par 30 m de long. Il est fermé sur trois côtés, avec un soubassement muré sur 2,20 m de hauteur, surmonté par un bardage en bac acier laqué. Les tôles de la toiture sont recouvertes en face inférieure d’une feutrine anti-condensation. Le bâtiment est ouvert côté sud-est. La famille Soufférant a réalisé le terrassement et monté les murs en moellons. Cette partie basse en dur protège des chutes de bottes à l’intérieur du bâtiment et des animaux qui viennent brouter au pied du hangar côté pré.

Grâce à cette nouvelle capacité de stockage, Franck fait en sorte d’aborder l’hiver avec plus d’une année de paille de réserve. « Je rachète huit camions tous les ans en conservant une demie année d’avance par sécurité ». Cela rend l’exploitation moins tributaire des aléas du marché de la paille. 

Du bois déchiqueté en plus

En outre, l’éleveur s’est mis à produire du bois déchiqueté utilisé en complément de la paille pour la litière de ses animaux. « Certaines de nos parcelles donnent sur deux grosses rivières bordées de bois blanc sans valeur sur des berges en pente. Adhérent à la Cuma Compost 71, je fais désormais entretenir ces ripisylves avec le grapin élagueur de la Cuma. Ces bois sont transformés en copeaux par la Cuma et je les stocke sous le nouvel hangar avec la paille », confie Franck. Sans ce bâtiment, la production de bois plaquette pour la litière aurait été compromise faute de place pour le stocker. « Chaque année, nous entretenons un certain linéaire de ripisylve quitte à faire du stock pour deux ans et à laisser moins de place pour la paille. Le but, c’est d’avoir un hangar plein pour l’hiver », fait valoir l’éleveur. Avec un coût de revient d’environ 10 € le mètre cube de plaquettes, le bois déchiqueté a l’avantage d’être produit sur l’exploitation et il limite la dépendance à la paille, ajoute-t-il. 

Subvention de 40 %

Au début de l’hiver, Franck étale dans sa stabulation une sous-couche de 5 – 6 cm de plaquettes de bois. Cette première litière tient les vaches pendant les cinq premiers jours d’hivernage puis l’éleveur réalise un paillage quotidien à demi dose pendant deux ou trois jours puis en quantité « normale » ensuite. Grâce aux coupeaux de bois, « la litière apparait plus saine », rapporte l’agriculteur. Les plaquettes sont utilisées seules pour le sevrage des broutards et des laitonnes à la fin du printemps et en été. « Cela permet d’économiser près d’un camion de paille », fait valoir Franck. 

Le hangar de stockage est revenu à 38.000 €. Au total, le Gaec a fait réaliser pour 44.290 € de travaux incluant aussi un matériel de contention (3.500 €) et la rénovation d’un système de pompage et de filtration de l’eau (1.900 + 900 €). Pour ces investissements, Franck a pu bénéficier d’une subvention conséquente de 17.700 €, équivalent à 40 % du montant.

Une brouette motorisée pour soulager le dos

Une brouette motorisée pour soulager le dos

Sollicitée par le Gaec Soufférant pour étudier l’aménagement d’un outil de contention, la MSA avait suggéré, parmi ses préconisations, le recourt à une brouette électrique. Motorisé, l’appareil soulage le dos des éleveurs pour le transport des granulés et de la farine. La brouette coûtait environ 2.000 €. Le Gaec a pu bénéficier d’une aide de la MSA de 1.000 € pour cette brouette et la contention.