Ted
Ted : le robot viticole testé en Beaujolais

Dans le Beaujolais, uniquement pour le travail du sol, l’IFV – Sicarex Beaujolais expérimente un prototype de robot enjambeur viticole polyvalent conçu par Naïo Technologies.

Ted : le robot viticole testé en Beaujolais

Des robots intelligents vont-ils remplacer les Hommes dans la vigne ? L’idée commence à faire son chemin et la robotique pourrait constituer pour la viticulture un véritable levier de croissance. Des expérimentations se poursuivent dans ce sens et le Beaujolais se retrouve au cœur de ce développement technologique. Depuis le mois de mars et pour une durée de cinq ans, la Sicarex Beaujolais et l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) possèdent le robot Ted, un prototype conçu par la société spécialisée dans la robotique agricole, Naïo Technologies, pour gérer le cavaillon de la vigne et son enherbement mécanique.
Selon Pierre Martini, technicien à l’IFV – Sicarex Beaujolais et chef de projet pour le Beaujolais, « ce robot a été choisi par l’IFV pour des tests dans le cadre des fermes Dephy-Expé du plan Ecophyto », dont l’objectif est une réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires de l’ordre de 50 % à l’horizon 2025. « En collaboration avec Naïo Technologies, nous allons tester un système d’itinéraire en totale rupture avec ce qui se fait aujourd’hui », confie-t-il. Deux autres régions viticoles, le Gaillac (AOP) et le Gers (IGP), testent aussi le robot Ted, dans des conditions différentes du Beaujolais (vignes hautes, inter-rangs larges).

Quatre roues motrices et directionnelles

Doté de trois batteries lithium dont l’autonomie varie entre six et huit heures, ce prototype du robot Ted, adapté aux vignes étroites, pèse environ 1 t (avec batteries et sans les outils) et mesure près de 3 m de long. Il est doté de quatre roues motrices et directionnelles. « Ted peut atteindre une vitesse maximale de 4,5 km/h. Pour nos deux premières utilisations, nous avons fait le choix d’une vitesse d’avancement de 2,5 km/h. Il a deux modes de fonctionnement : automatique et manuel, que nous utilisons uniquement pour les déplacements dans la cour du château de l’Éclair à Liergues pour l’installer sur la remorque », dit-il. Le mode autonome, lui, fonctionne par un système de guidage précis, GPS RTK-Capteurs. « On enregistre la cartographie de la parcelle que Ted va repérer grâce à son GPS. Il va ainsi pouvoir suivre les lignes de cultures via les capteurs et le système de vision afin de positionner les outils au plus près des cultures. Une fois le travail terminé, nous recevons un SMS d’alerte. Idem si la charge des batteries est trop basse », rapporte Pierre Martini.

Travail du sol uniquement

Parce que Ted ne peut passer dans une parcelle de vigne dont la pente est supérieure à 10 %, l’IFV – Sicarex Beaujolais a opté pour ses expérimentations pour une vigne de 27 ares (16 rangs), à proximité du château de l’Éclair à Liergues, avec un dénivelé relativement faible, compris entre 5 et 10 %. « Pour le moment, nous l’utilisons uniquement sur cette parcelle de vignes dont les rangs sont serrés (1 m 30). Dès que nous l’aurons bien pris en main et selon les demandes de Naïo Technologies, peut-être que nous le testerons sur d’autres parcelles. Et assez logiquement, nous avons déjà remarqué qu’il forçait un peu plus en montée qu’en descente », affirme Pierre Martini.
Durant cette longue période de test, l’équipe de l’IFV – Sicarex Beaujolais s’attachera à répondre à des questions très locales sur l’utilisation du robot. L’usure des outils et la puissance nécessaire pour faire avancer Ted sur ces sols caillouteux seront étudiées de près. « L’objectif est vraiment d’analyser la capacité du robot à travailler le sol, à étudier les débits de chantier et le taux de recouvrement du sol après un passage. Il sera très intéressant également de le passer plus régulièrement sur un sol plus superficiel avec de jeunes plantules, que sur un sol trop sale », ambitionne le chef de projet.
David Duvernay