AG de JA71
Discussions et solutions pour que l’agriculture se jette à l’eau

Clara Desmottes
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L’Assemblée Générale des Jeunes Agriculteurs de Saône-et-Loire a eu lieu le 17 mars dernier à la salle des Fêtes d’Écuisses. Le thème de cette journée est l’eau. Plus précisément, quelles ressources en eau pour notre territoire ? Des débats et des solutions pour garder et même prendre de la hauteur pour garder toujours la tête hors de l’eau.

Discussions et solutions pour que l’agriculture se jette à l’eau
De g. à d., Fiona Cloye, Bertrand Dury, Alexandre Duzan, Philippe Rouballay et Thibaut Renaud.

« Le thème de l’eau était un très bon sujet »¸ insistait d’emblée Marine Seckler, présidente des JA qui en Saône-et-Loire avait jusqu’à présent plus de problèmes d’excès d’eau à gérer. Mais après quatre sécheresses en cinq ans et un été 2022 et hiver secs, JA le sait, il est primordial de s’organiser pour que l’agriculture perdure dans de bonnes conditions. Gérer les excès ET sécheresses. C’est autour d’une table ronde avec différents professionnels du milieu que des solutions et explications ont été apportées.

Animant la table ronde, Fiona Cloye est en chargée des projets climat et environnement chez JA Bourgogne-Franche-Comté (JA BFC). Autour d’elle, Bertrand Dury, spécialiste de l’eau à la chambre d’agriculture ; Alexandre Duzan, expert chez Suez France ; Philippe Rouballay, gérant de l’entreprise Symbiose Technologies et Thibaut Renaud, élu environnement-climat aux JA BFC répondaient présents.

Une eau réglementée

Pour bien cadrer les débats, Bertrand Dury évoquait la réglementation de l’eau et des zones humides sur le territoire. Une charte départementale, innovante en France a été complétée en novembre 2019 et sert de référentiel commun. Des simplifications administratives sont à la clé. Mais bien des questions restent autour des autorisations pour travaux hydrauliques, points d’abreuvement, travail de mouillère, de drainage, création de bassin de rétention, de retenue d’eau à usage agricole, forages, captage… Chaque situation est unique. Il est conseillé, voire nécessaire avant tous travaux, de se rapprocher des structures compétentes qui aideront, DDT71 comprise. Elles peuvent cadrer le projet de chacun et l’adapter en fonction des réglementations. La charte accélère les processus administratifs et les projets peuvent aboutir généralement.

Des solutions bleues

Reste que la France se dirige aussi vers des périodes de manque d’eau. Mais tout n’a pas été mis en place ou plutôt rien en dehors de l’agriculture qui a déjà fait des efforts. Alexandre Duzan présentait donc des solutions (à lire dans de prochaines éditions) qui pourraient permettre de poursuivre une agriculture sereine.

Il évoquait deux aspects : la réalimentation des nappes et la réutilisation des eaux usées traitées (REUT). La première solution est l’introduction volontaire et maîtrisée d’eau dans le sol pour augmenter sa recharge. Concernant la REUT, dans notre pays, nous faisons très attention à l’utilisation des eaux usées traitées : les usages de celles-ci ne sont pas pour de l’eau potable qui coule en direct de nos robinets. En revanche, il est possible d’irriguer des dispositifs n’ayant pas besoin d’une eau aussi « nette » : irrigation agricole, d’espaces verts, utilisation industrielle, recharge de nappe… Des solutions existent et il est nécessaire d’en parler pour une évolution positive.

Être en « symbiose » avec l’agriculteur

Philippe Rouballay créateur de Symbiose Technologies à Montceau-les-Mines, gère cette entreprise spécialisée dans le stockage et traitement d’eau via différents systèmes. La structure répond aux problématiques environnementales d’assainissements et de stockage en eau, sans porter préjudice à l’environnement. Les équipes se lient aux besoins du client afin d’être en « symbiose » avec.
Philippe Rouballay rejoignait les propos de Bertrand Dury sur l’importance des structures administratives qui cadrent et aident les porteurs de projets. Le gérant de Symbiose affirme qu’il y a un réel besoin en gestion de l’eau dans l’agriculture pour l’économiser. Car il existe désormais des inquiétudes sur la pérennité de l’activité, la baisse de rendement et la survie de l’exploitation. « S’il n’y a plus d’eau, il n’y a plus de vie », ni plus d’élevage ou cultures.

À quand la mise en place dans la région ?

Pour conclure, Thibaut Renaud soulevait quelques défis liés au changement climatique avec le réchauffement des températures, la disparité des précipitations… Il inversait les problèmes : « Est-ce que, quand il y aura des excès d’eau, nous ne pourrions pas la stocker ? Est-ce envisageable de construire ces projets sur nos territoires ? Est-il possible de faire des réserves d’eau pour trois parties : agricole, citoyenne et pour la biodiversité ? Sans oublier la REUT ! », plaidait-il donc pour un dialogue et un partage avec toutes les autres composantes de la société, plutôt que de rentrer dans la guerre de l’eau voulue par certains extrémistes.
La situation en Saône-et-Loire n’est en effet pas si catastrophique et surtout, il y a des solutions qui existent et qui vont évoluer. « Nous devons avant réfléchir à ce que nous pouvons mettre en place sur le territoire » concluait l’élu en guise d’invitation à se mettre au travail.