EXCLU WEB / Lait : la collecte croisée dans le viseur de l’Autorité de la concurrence

L’Autorité de la concurrence a annoncé avoir, après autorisation d'un juge des libertés et de la détention, procédé à des visites sur des sites de groupes laitiers. En cause : la pratique de la « collecte croisée ».

EXCLU WEB / Lait : la collecte croisée dans le viseur de l’Autorité de la concurrence

Dans un communiqué de presse du 18 novembre, le rapporteur général de l'Autorité de la concurrence, Stanislas Martin, indique que « des opérations de visite et saisie inopinées ont été réalisées dans le secteur de l’approvisionnement en lait de vache ». A ce titre, elle a procédé le 17 novembre, « à des opérations de visite et saisie inopinées auprès d'entreprises suspectées ». L’Autorité reproche à quatre grands opérateurs d’avoir organisé, depuis une vingtaine d’années, une « collecte croisée ». Cette pratique revient à collecter le lait d'un producteur qui n'est pas sous contrat avec lui, mais qui se trouve isolé du collecteur avec qui il est contractualisé. Par exemple, la coopérative A va collecter le lait d’un éleveur laitier qui a un contrat avec la coopérative B. Cependant le producteur sera bien payé par B et les deux coopératives s’arrangeront sur les différences de prix. Ce système de compensation ressemble à celui qui a lieu à Banque de France une fois par semaine : réunis autour d’une table, les établissements bancaires regardent les retraits d’espèces, émissions de chèques que chacun a pu faire envers l’autre lors de la semaine écoulée…

La moitié du lait français

Même si cet accord tacite (ou cette entente) était intervenu pour des raisons d'optimisation  « logistique et écologique » et d'économies de transport, l’Autorité de la concurrence voit dans cette pratique une distorsion de concurrence à l’échelle française. En effet, ces quatre groupes ne représentent que la moitié de la collecte nationale : environ 12 millions de tonnes de lait sur les 24 Mt collectés. Cette pratique qui génère des économies non négligeables ne profite pas aux autres opérateurs du secteur laitier. « A ce stade, précise l’Autorité de la concurrence, ces interventions ne préjugent bien évidemment pas de la culpabilité des entreprises concernées par les pratiques présumées, que seule une instruction au fond permettra le cas échéant d'établir ». Même si elle « ne fera aucun autre commentaire ni sur l'identité des entreprises visitées ni sur les pratiques visées », il y a tout lieu de penser que Lactalis (Président, Lactel, Galbani...), Savencia (Tartare, Caprice des Dieux, Elle&Vire), Eurial (Pavé d'Affinois, Soignon…) et Sodiaal (Entremont, Candia...) sont concernées.