Production laitière régionale
Les analyses de lait à l’heure du covid-19

Les contraintes sanitaires imposées par le gouvernement pour tenter d’endiguer la propagation du coronavirus obligent les laboratoires d’analyses laitières à réduire la voilure. Le point au Lial de Rioz (Haute Saône) qui s’apprête, sous l’égide du Cniel, à passer en "service dégradé".

Les analyses de lait à l’heure du covid-19
Compte tenu des nombreuses contraintes consécutives à l’épidémie de coronavirus, le laboratoire interprofessionnel d’analyses laitières de Rioz, en Haute-Saône, a adopté des mesures pour se concentrer sur ses principales missions.

« Les analyses de routine pour le paiement du lait à la qualité seront toujours effectuées, rassure d’emblée Jean-Paul Cussac, directeur du Lial de Rioz. À la suite des mesures préventives annoncées par le gouvernement quant à l’épidémie de Covid-19, le laboratoire interprofessionnel a mis en place toutes les précautions nécessaires pour préserver la santé de ses collaborateurs et assurer une continuité de service afin de répondre aux exigences réglementaires en concertation avec les organismes concernés ». Les mesures préventives ont en effet un impact direct sur les capacités d’analyse du laboratoire : « la garde des enfants à domicile et le retrait des personnes "à risque" nous mettent dans une situation de sous-effectif, ce à quoi il faut ajouter les mesures de distances entre les personnes à l’intérieur des pièces du laboratoire où nous réalisons les différentes opérations… Nous ne pouvons pas maintenir la cadence des analyses à son rythme de croisière », poursuit le directeur. « Par mesure de sécurité et de prévention, nous avons aussi restreint les échanges physiques. C’est la raison pour laquelle, afin de pouvoir continuer à servir ses clients en toute sécurité, le laboratoire a été fermé aux personnes extérieures (hors livraison) depuis le lundi 17 mars 2020, à midi ».

Les analyses réglementaires en priorité

Au niveau national, la concertation a été de mise pour que tous les laboratoires interprofessionnels puissent pendant cette période de crise continuer à proposer des analyses en parfaite cohérence et adéquation avec les règles sanitaires européennes et françaises. Le bureau du conseil d’administration du Cniel s’était réuni à cet effet le 17 mars. Chaque laboratoire a défini son propre plan de continuité d’activité, de manière à pouvoir assurer ses missions prioritaires, à savoir le paiement du lait en fonction de sa composition hygiénique et sanitaire, le contrôle sanitaire du lait et des produits laitiers, le contrôle sanitaire d’autres produits agroalimentaires (eaux, produits carnés, etc.), et enfin les analyses de santé animale. Un plan de fonctionnement dégradé a été validé, il permet l’abaissement de la fréquence des analyses et la réduction du nombre de critères analysés pour se concentrer sur les paramètres obligatoires (germes totaux, antibiotiques, MG, MP, cellules, FPD/cryoscopie ainsi que la recherche de germes de listeria et de salmonelles). Il permet aussi de réduire en conséquence la fréquence de collecte des échantillons dans les laiteries et des contrôles externes (contre-prélèvements en ferme, accompagnements de chauffeurs, formations de chauffeurs, contrôles aux quais des usines, etc.).

Pas d’apports directs d’échantillons

Le classement prioritaire de ces activités des laboratoires s’accompagne d’une autorisation de circuler librement pour la collecte des échantillons, de même que de l’autorisation pour leurs fournisseurs de circuler librement, quand la collecte est sous-traitée, ou de transporter les consommables nécessaires aux analyses. Pour maintenir l’activité et la circulation du personnel et des consommables, les laboratoires disposeront d’une lettre de mission ou un document officiel les autorisant à poursuivre leur activité. « Assurer nos missions réglementaires et vous protéger ainsi que nos équipes sont nos priorités. Nous allons organiser l’activité de façon à mobiliser un minimum de personnel pour réaliser en priorité les analyses réglementaires, résume Jean-Michel Cussac. Par conséquent, nous n’acceptons plus les échantillons apportés en direct au laboratoire ». Une situation qui se retrouve dans nombre de laboratoires d'analyse et pas uniquement en filière lait.

Alexandre Coronel