Blocage du Rond-Point Jeanne Rose
Belle mobilisation pour l’acte 1 de la colère des agriculteurs

Marc Labille
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L’acte 1 de la mobilisation des agriculteurs FDSEA et JA de Saône-et-Loire a été accompli le jeudi 25 janvier à Montchanin. Partis d’Autun, de Moroges et de Perrecy-les-Forges, une centaine de tracteurs ont convergé via la RCEA et la D980 vers le rond-point Jeanne Rose. 

Belle mobilisation pour l’acte 1 de la colère des agriculteurs
Une centaine de tracteurs et environ 300 agriculteurs occupaient le rond-point Jeanne Rose de Montchanin le 25 janvier dernier.

En fin de matinée, tous les accès au rond-point Jeanne Rose de Montchanin, étaient bloqués par les tracteurs et des tas de fumier. Plusieurs centaines d’agriculteurs se sont regroupés sur la butte centrale du rond-point. Si les blocages se multiplient partout en France, c’est bien parce que « la coupe est pleine ! », résumait sur place le président de la FDSEA Christian Bajard. De son côté, le secrétaire-général des Jeunes Agriculteurs, Thibault Renaud rappelait que la toute première alerte avait été le retournement des panneaux d’agglomérations fin novembre 2023 avec ce slogan tellement d’actualité « on marche sur la tête ! ». Une action qui n’a pourtant suscité aucune réponse depuis, dénonçait le jeune responsable. Ce blocage s’inscrit dans « un mouvement général d’ampleur nationale et même internationale », soulignait Thibault Renaud qui faisait état d’une « colère qui gronde » dans tous les départements.  

Trop-plein de normes 

C’est bien « ce trop-plein de normes » que dénonçaient en premier lieu tous les agriculteurs présents, qu’ils soient éleveurs, céréaliers, viticulteurs... Dans cet impératif de production qu’on leur a assigné pour nourrir leurs congénères, les agriculteurs se retrouvent aujourd’hui engagés « dans une voie qui soulève des problèmes », lesquels provoquent une accumulation de normes. Les agriculteurs ont la sensation de se retrouver pris au piège « d’un couloir » réglementaire, comme « pour mieux les surveiller », décrivait Christian Bajard. Une pression autoritaire et humiliante « que les agriculteurs ne supportent plus », dénonçait-il. « Nous avons besoin d’une vision d’avenir à long terme ; une vraie loi d’orientation agricole », résumait Thibault Renaud.

Retrouver notre dignité

Sans rentrer dans le détail des revendications nationales partagées par les départements, le président de la FDSEA retenait trois axes principaux en commençant par la nécessité de « redonner une forme de dignité aux agriculteurs ». C’est en effet une composante essentielle du malaise actuel de la profession : cette agression morale « d’être en permanence montré du doigt, stigmatisé, jugé par tout un tas de gens qui ne connaissent rien à l’agriculture », dénonçait Christian Bajard. 

L’autre difficulté récurrente de l’agriculture, c’est son revenu. La rémunération des agriculteurs n’est pas à la hauteur de leurs contraintes ni des normes auxquelles ils se soumettent… Cela renvoie aux charges, à la loi Egalim, à l’engagement de l’État et des collectivités locales… Beaucoup de choses « marchent mal », regrettait le président de la FDSEA qui appelait « à faire appliquer la loi ». Dans ce grand flou artistique, la question de l’investissement est aussi une préoccupation des agriculteurs. Là, Christian Bajard visait la Région et sa gestion calamiteuse des fonds Feader qui entrave bon nombre d’agriculteurs dans leurs projets. « La nécessité d’une transition, tout le monde la comprend. Mais il faut des moyens colossaux pour l’accomplir », complétait le président.

Il y a urgence

Face à toute cette complexité (de normes), la profession a besoin d’un véritable accompagnement au quotidien, estimait-il. Car les agriculteurs vivent avec la peur au ventre ; avec toujours la crainte de mal faire vis-à-vis de l’administration. « Le droit à l’erreur ne fonctionne pas », dénonçait encore Christian Bajard. 

Le mouvement syndical initié en Saône-et-Loire à Montchanin était là pour rappeler qu’il y a urgence. Il vise à « inciter nos gouvernants à reprendre la main sur nos administrations. Il faut tracer une voie claire pour le monde agricole. De sorte à faire envie aux jeunes… ». Car la forte mobilisation de cet acte 1 prouve bien que notre département est encore très dynamique, se félicitait le président de la FDSEA. Mais il trahit aussi un profond ras-le-bol alors que l'État, les parlementaires et les administrations n'entendent et ne font rien des alertes répétées depuis des années. 

Témoignages de soutien

Profitant de ce blocage, les agriculteurs ont contrôlé le chargement de quelques camions frigorifiques. Malgré le contexte et la gêne occasionnée aux usagers de la route, cette première journée de mobilisation s’est déroulée dans une ambiance bon enfant. Sur le rond-point, les agriculteurs avaient amené de quoi casser la croûte. Dans les files d’attentes, routiers et automobilistes témoignaient de leur soutien par des coups de klaxons et des signes de main. Les forces de l’ordre se sont, elles aussi, montrées bienveillantes et la profession avait bien organisé les choses pour éviter les dérapages et les incidents. À l’appel du secrétaire général de la FDSEA Anton Andermatt, les manifestants ont d’ailleurs observé une minute de silence en hommage aux victimes des récents barrages dans le sud-ouest.