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Agro Bio Campus Davayé

De CPE à proviseur, un engagement total

Le 27 mai, le directeur d’Agro Bio Campus Davayé, Jean-Philippe Lachaize avait le cœur serré pour son avant-dernier jour en tant que proviseur. Une « page se tourne » à Davayé. Mais les équipes « solides » ont été bien « coachées » pour mieux rebondir à l’avenir.

Par Cédric Michelin
De CPE à proviseur, un engagement total

Il est des postes et des filières qui « marquent à vie ». C’est le cas de celui de proviseur du lycée viticole de Davayé, avec son centre de formation pour adultes et ses deux exploitations, le domaine des Poncétys et la ferme caprine. Surtout que chacune de ces structures est au cœur d’un écosystème dense, avec de nombreux professionnels et des enjeux cruciaux pour les filières, à l’image du Vinipôle Sud Bourgogne voisin ou du Centre fromager de Bourgogne. Ce 27 mai au soir, Jean-Philippe Lachaize invitait donc une « petite » partie des professionnels avec qui il a travaillé avec ardeur et plaisir pendant huit ans. À ses côtés, sa famille « Davayoutie » dorénavant et ses collègues, équipes professorales et le personnel. On notait la présence de nombreux élus et responsables professionnels, maires de Davayé et Mâcon, conseillers départementaux…

Chacun des invités reconnaissait les qualités peu communes de Jean-Philippe Lachaize qui ressortait d’ailleurs des discours. « Difficile de faire une rétrospective exhaustive », commençait le représentant du personnel qui saluait, au nom de toutes et tous, « l’engagement total » de Jean-Philippe Lachaize. Reconnaissant que tout n’a pas été tout rose, les équipes le comparaient à « un capitaine courageux qui n’a pas peur de naviguer par tous les temps ». Le plus beau des compliments était peut-être celui de connaître et d’avoir accompagné des « centaines de jeunes » avec bienveillance, mais avec autorité lorsque cela était nécessaire. « Le CPE, que tu étais, est toujours présent en toi », lui qui ne se destinait pas à faire carrière dans l’éducation. Le maire de Davayé le félicitait en tout cas pour sa « capacité à rassembler » et son esprit d’initiatives. Jean-Philippe Lachaize ayant accueilli dans la commune et au sein de l’établissement, le préfet, la présidente de Région, un Ministre… et fait plus de « 300 Codirs ». Et comme plaisantait le président du conseil d’administration, Luc Chevalier, il avait toujours une « bonne note pour ses discours », grâce à son travail rigoureux, « son écoute », « sa justesse » pour prendre les bonnes décisions parfois « difficiles ». Jean-Philippe Lachaize ayant par exemple été appelé en urgence pour assurer la double direction d’un lycée du Velet en grande difficulté à l’autre bout du département.

Davayouti à vie

Luc Chevalier le remerciait aussi pour ses projets, faisant rayonner l’Agro Bio Campus bien au-delà du Mâconnais, avec la constitution « d’équipes solides » et reconnues. Venant du lycée de Bel-Air (69), Jean-Philippe Lachaize s’est senti tout de suite « à sa place » au milieu des vignes et des « biquettes sur la Roche ». L’état d’esprit de la Saône-et-Loire lui convenait parfaitement, avec un dialogue « toujours respectueux, même si on n’était pas toujours d’accord ». Ce dialogue constructif a permis de faire aboutir de nombreux projets, alors que les budgets publics étaient contraints. Une longue liste de projets structurants à l’image du : BTS Viti-Oeno en Agriculture Biologique, Vitaf (Agroforesterie), Dav’In (salon vineux des étudiants), la plateforme Viti Conduite, la rénovation du Chai du domaine des Poncétys, le BTSA Gestion et protection de la nature (GPN)… mais aussi pour la vie étudiante comme le tournoi de basket 3x3 « Open McDav ». Car, Jean-Philippe Lachaize est également passionné de sport et de basketball en particulier. Il fut d’ailleurs le président de l’ESPM (Étoile sportive Prissé Mâcon), club de nationale 2. De quoi, relâcher la pression (ou pas) lors de périodes difficiles à traverser, comme la crise Covid « lunaire, où il fallait mesurer la distance des tables des élèves ou découvrir les visages des élèves un an après ». Autre difficulté qui l’aura marqué, sur l’exploitation caprine, ce qui lui permettait de se mettre à la place d’un agriculteur ou d’un viticulteur. « Je remercie les salariés, même si sur plein de dossiers, je garde des regrets ».

Crise à l’heure d’un renouvellement de génération

Partant à la DDETSPP à Chambéry, Jean-Philippe Lachaize pouvait enfin se livrer sur le futur qu’il espère ne pas voir advenir : « La situation financière de l’établissement m’aura causé de nombreuses nuits blanches. Le plan de redressement est en marche et va fonctionner. Il ne pourra être efficace sur la durée sans le soutien des pouvoirs publics », a expliqué Jean-Philippe Lachaize. « 70 % des établissements agricoles publics sont en crise financière. Si rien ne change, le modèle d’Établissement d’enseignement et de formation professionnelle disparaîtra, l’enseignement agricole avec lui », lui qui a vécu de l’intérieur les divergences entre État, Région et élus locaux à propos de l’avenir du lycée du Velet. Un drame et un paradoxe à l’heure du renouvellement des générations et des politiques encensant la souveraineté alimentaire.

Mais loin de lui d’être négatif, il garde confiance. « La filière caprine est discrète, mais impliquée » ; « la filière viticole est ouverte d’esprit et soucieuse de l’avenir ». Il saluait tous les agricultrices et agriculteurs qui se « réinventent ». Il aura contribué à les former, y compris dans leur vie de citoyen responsable. Jean-Philippe Lachaize a fait partie des « indispensables soldats de l’ombre » de la Nation qui défend au quotidien la République, la Démocratie, la laïcité contre la « peste brune » qui cherchent à les affaiblir. « Merci à tous les élèves, c’est pour eux qu’on fait ce métier et qu’on se lève. Après 25 ans dans l’enseignement, une page se tourne pour moi », concluait-il ému. Et avant de partir, il souhaitait le meilleur à son successeur (au 1er septembre), Ghislain Favergeat, en provenance du lycée agricole Louis Pasteur de l’EPLEFPA Marmilhat de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) où il était directeur adjoint. À tous les deux, bonne prise de poste.

JPL