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Pac 2020

L’« enjeu protéine »

La Fop (producteurs d’oléoprotéagineux) a souligné le 18 janvier l’«
enjeu protéine » en proposant ses orientations concernant la Pac d’après
2020. Elle défend un modèle d’organisation économique, à l’instar de la
filière biocarburant aujourd’hui remise en cause par Bruxelles.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Il y aura une vraie tension sur l’approvisionnement en protéine à moyen terme », a réaffirmé le président Gérard Tubéry. Et de réclamer sa prise en compte dans la future Pac, notamment via le recouplage des aides. La Fop défend aussi un modèle d’organisation économique, à l’instar de la filière biocarburant. « Une baisse d’incorporation des biocarburants de première génération, comme le propose Bruxelles, aurait des conséquences dramatiques », a répété le vice-président Arnaud Rousseau. En perdant son principal débouché, le colza verrait ses surfaces réduites d’un tiers, soit 500.000 ha en moins, d’après la fédération. Ce qui serait à contre-courant de la Pac et de ses exigences de diversification des cultures, également de l’agronomie qui demande leur rotation, a considéré Arnaud Rousseau. « La Pac doit accompagner les agriculteurs sur la gestion des risques », a-t-il poursuivi, se disant « très favorable aux outils assurantiels ».

La féverole menacée



Répondre à l’« enjeu protéine » suppose « la valorisation de la production des protéagineux y compris dans le cadre des SIE (Surfaces d’intérêt écologique) au titre des préoccupations environnementales et l’accompagnement du développement de filières européennes », considère la Fop. La fédération s’est félicitée de l’augmentation des surfaces cultivées en soja, à 137.000 hectares l’an dernier contre 40.000 hectares il y a trois ans. Elle vise 250.000 hectares à terme, en participant à la structuration d’une filière qui remplacerait les importations de soja non OGM. Côté protéagineux, les surfaces emblavées ont grimpé à 272.000 hectares en 2016. Mais la production s’est effondrée de 26 % sur l’année, avec des rendements inférieurs de 32 % à la moyenne 2011-15, durement affectés par les aléas climatiques et les maladies. Et les perspectives s’annoncent plutôt sombres, même dramatiques pour la féverole. « Je suis producteur de féverole depuis plus de vingt ans et c’est probablement ma dernière année », a déclaré Sébastien Windsor, vice-président de la Fop et président de Terres Innovia. En cause, l’interdiction d’un insecticide contre la bruche, entraînant une perte de qualité de la récolte. « D’ici deux ans, la culture de la féverole aura disparu si aucune solution n’est trouvée », a-t-il lâché.

Le colza lié au sort des biocarburants



En colza, la perte de surface représenterait 500.000 ha suivant l’hypothèse maximaliste d’une suppression totale du mandat d’incorporation des biocarburants dicté par Bruxelles. « Le prix mondial de la graine pourrait baisser de 30 % jusqu’à environ 240 euros la tonne, alors qu’en prenant en compte les coûts de production de cette année, le prix de la graine commencerait à être rémunérateur à partir de 335 euros la tonne », a expliqué Gérard Tubery. La Fop s’inquiète pour l’avenir de la filière, jusqu’à présent très dépendante de ses débouchés dans l’énergie, composée, outre des producteurs, d’une petite dizaine d’usines de trituration et d’usines d’estérification. « Les investisseurs vont se détourner du secteur car ils ont besoin d’un cadre politique stable et ils n’apprécient pas ce recul » du taux d’incorporation proposé par la Commission européenne, a estimé Gérard Tubéry. Déjà deux usines d’estérification ont été restructurées, à Compiègne et Dunkerque, a fait valoir la Fop. « Dans l’immédiat, il n’y a pas de projets de fermeture d’unités, mais très clairement si les objectifs de la Commission sont maintenus il y en aura », a-t-il ajouté.