Les priorités des priorités
l'été, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, continue de venir au
soutien des agriculteurs en difficulté, touchés par les crises cumulées
(climatiques, sanitaires et de marché). La réassurance des banques via
des fonds publiques et la mise en place d'outils de gestion, pour lutter
contre la volatilité des marchés, constituent les premières
revendications.

Des prix reliés au bon marché
« Beaucoup de laiteries font du mix produit à forte valeur ajoutée pour le marché national mais en prenant comme référence les prix mondiaux. Ça ne colle pas ! », analyse Xavier Beulin. Dans le secteur de la viande bovine, ce dernier propose de mettre l'accent sur l'export pour tenter de « désengorger les volumes » trop conséquents, résultat de l'afflux des races laitières. « L'export doit être une priorité à deux conditions. Mettre en valeur le travail sanitaire effectué. La France a l'un des meilleurs dispositifs d'épidémiosurveillance au monde », vante le représentant agricole. L’autre condition consiste en la bonne utilisation de l'enveloppe européenne (100 millions d'euros) octroyée. Concernant les producteurs qui souhaitent arrêter le métier, Xavier Beulin répond sans détour, «pour ceux qui en ont ras-le-bol, il ne s’agit pas de les pousser dehors, mais de les aider à sortir dignement et humainement ».
Assurance aléas climatiques : vers un seuil de déclenchement à 15 %?
Obliger les agriculteurs à souscrire à une assurance aléas climatique reste un sujet de clivage prononcé au sein de la maison FNSEA. Pour Xavier Beulin, le seuil de déclenchement trop élevé (30%) et la non prise en compte de la qualité bloquent une grande majorité des acteurs de la production. « Si la question de la gestion de risque assurantiel n'est pas aboutie d'ici deux ans, je pense que l'assurance est morte », prévient Xavier Beulin, qui souhaiterait voir abaisser le seuil à 15%. Ce dernier propose également un lissage de l’année fiscale en regroupant trois exercices, permettant de « jouer » sur les amortissements. D’autres rappellent que les éleveurs veulent continuer à bénéficier du régime du fonds des calamités agricoles. « Dans ce régime, tout le monde cotise, à hauteur de 11 % environ. Hors, ce fonds ne couvre que l’herbe. Les autres, céréaliers, paient pour un système qu’ils ne peuvent pas utiliser puisque les céréales sont assurables », explique ainsi un producteur.
Statut de l'agriculteur
« Nous sommes la seule corporation dans ce pays qui ne disposons pas de statut », rappelle Xavier Beulin. Un sujet que devront s’emparer, selon lui, les futurs candidats à la présidentielle. Le développement d’une fiscalité agricole faisant la distinction entre le patrimoine privé et professionnel de l’agriculteur en est le principal enjeu.
Vendre en-dessous de son coût de revient, c’est possible
Philippe Vanneste, éleveur laitier dans l’Yonne, possède un cheptel de 60 vaches. Il vend son lait à la coopérative Sodiaal, à un prix fluctuant autour des 270 euros pour un coût de production de 360 euros, soit une perte sèche de 90 euros les 1.000 litres. Sa situation est malheureusement loin d’être une exception, dans une région où l’industriel Yoplait n’est situé qu’à seulement 60 kilomètres. Cette année 2016 est une année où la double peine semble de mise. Au mauvais prix du lait payé aux producteurs se conjugue une mauvaise récolte céréalière obligeant bon nombre de polyculteurs-éleveurs à devoir s’approvisionner à l’extérieur. Des surcoûts difficiles dans un contexte d’incertitude prédominant. La situation devient insoutenable pour bon nombre de producteurs.