Malaise Paysan

Depuis quelques années, à chaque déplacement que je réalise, je sens et ressens une ambiance que le politiquement correct voudrait que l’on qualifie de morose.
Mais en fait, c’est plus profond. Attaqués par une société qui ne les comprend plus, attaqués par des marchés qui jouent en volatilité, attaqués par un climat qui détruit plus qu’il ne protège, le monde agricole se regarde dans un miroir qui n’est que déformant.
Economiques, sociales, morales, les difficultés s’amoncellent sur la tête des producteurs comme la grêle sur les champs.
Cette pression est parfois si lourde que certains commettent l’irréparable. Le sujet est délicat, nous le savons, car il n’y a jamais une seule raison pour dire au revoir à la vie. Mais ce n’est pas parce que c’est difficile qu’il ne faut pas traiter le sujet. Saluons l’initiative de la MSA qui, face à la recrudescence de ce phénomène, a mis en place de nouvelles structures et un numéro de téléphone dédiés.
A leur niveau, la FNSEA et l’APCA ont, elles, mis en place Agricollectif, site Internet dévoué à l’autodiagnostic de l’exploitation permettant de savoir où l’on en est concrètement. C’est une première étape nécessaire avant que les chaînes de solidarité et de soutien de nos réseaux se mettent en place.
La gravité de certaines situations ne doit laisser personne insensible.
Ne laissons pas, seules, les télévisions s’emparer du sujet avec l’impudeur qui est la leur. Le problème du suicide n’est pas à prendre à la légère mais encore moins à prendre comme un argument syndical pour juger ou jauger une politique.
Discernement, analyse, compréhension, respect doivent seuls nous guider. Le monde agricole a des valeurs qui ne sont pas à brader. La solidarité, notre solidarité est à consolider, non pour se donner bonne conscience mais plus simplement parce que des vies en dépendent.
Xavier Beulin, président de la FNSEA