Sous le signe de la solidarité et de l’adaptation
La FDSEA de Saône-et-Loire fait sa rentrée syndicale. À l’aune d’une nouvelle mandature à la Chambre d’agriculture et dans un contexte agricole mouvant, son président, Christian Bajard, revient sur les grands dossiers de l’été et ceux à poursuivre à l’automne.

Vous sortez d’une année élective marquée par la victoire du syndicalisme majoritaire à la Chambre d’agriculture avec JA71. Quelle est la feuille de route pour la FDSEA 71 ?
Christian Bajard : Tout d’abord, la Chambre d’agriculture a travaillé à l’élaboration d’un projet de mandature, qui sera présenté lors de sa session du 19 septembre. Dans la continuité, nous devons préparer la prochaine équipe FDSEA au sein de notre réseau. 2026 sera une année élective. Le nombre décroissant d’agriculteurs nous oblige à réfléchir à une nouvelle organisation. Nous avons travaillé sur un règlement intérieur qui sera présenté, après validation, en conseil d’administration puis présenté dans les CSEA lors des réunions de fin de l’année. Ces réunions permettront d’échanger dessus avec les adhérents, d’écouter leurs attentes et de faire le point sur les dossiers d’actualité. Les adhérents, les Jeunes agriculteurs et tout le monde rural sont les bienvenus.
L’été a été marqué par plusieurs crises sanitaires. La plus marquante reste l’émergence d’une nouvelle maladie bovine en Savoie, la Dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Comment les réseaux FDSEA ont-ils réagi ?
C.B. : Cette maladie, inconnue en France il y a encore deux mois, a entraîné des mesures sanitaires très strictes, difficiles à vivre pour les éleveurs concernés, certains ayant dû abattre tout ou partie de leur cheptel. Le « dépeuplement » est un sacrifice immense, parfois sur plusieurs générations, pour sauvegarder la filière élevage français. Nous leur exprimons toute notre solidarité. Ces décisions ont été beaucoup commentées, mais nous faisons confiance aux scientifiques et aux responsables du sanitaire. Heureusement, la stratégie retenue – vaccination massive, interdiction de mouvements et mobilisation vétérinaire – semble porter ses fruits : la maladie reste pour l’heure circonscrite à la vallée du foyer initial. Il faudra un accompagnement financier fort de l’État pour que les éleveurs touchés puissent relancer leur activité. Le réseau FRSEA s’est mobilisé et fait appel à la solidarité pour donner du matériel. Côté FCO, le vaccin – plutôt contre le sérotype 3 – semble avoir limité l’impact et les élevages semblent moins affectés que l’an dernier. Il faut remercier l’implication de tous, notamment les GDS et vétérinaires.
La sécheresse et la canicule ont également pesé sur les exploitations. Quelle est la situation en Saône-et-Loire ?
C.B. : Le département a connu une forte sécheresse, particulièrement à l’ouest, entraînant une baisse des récoltes de fourrages et des difficultés d’affouragement des troupeaux cet été. Nous avons alerté l’administration et demandé une reconnaissance officielle de cette situation. En viticulture, les vendanges débutent dans un contexte de rendements en baisse et d’attaques de mildiou. En grandes cultures, ce sont plutôt les cours bas, les charges hautes et la conjoncture internationale qui inquiètent. En revanche, les prix de la viande restent à un niveau favorable, ce qui permet à certains éleveurs d’améliorer leur trésorerie malgré l’épée de Damoclès sanitaire.
Sur le plan politique, la Loi Duplomb a fait débat. Quelle est votre analyse ?
C.B. : Cette loi était attendue par le monde agricole. Or, elle a été adoptée dans une version amputée, notamment sur les phytosanitaires. Il y a des avancées, mais dans un contexte politique instable – avec l’incertitude sur la confiance au gouvernement de l’Assemblée nationale ce 8 septembre – il est difficile de piloter des réformes d’ampleur et de défendre une position cohérente à Bruxelles, alors que les négociations pour la prochaine Pac reprennent. L’envie de la Commission Européenne de trouver un accord avec le Mercosur est une autre source d’inquiétude. La France peine à trouver une minorité de blocage. Pourtant, il n’est pas acceptable de faire entrer sur le marché européen des produits qui ne respectent pas nos normes, alors même que nos agriculteurs subissent des contraintes croissantes. Une seule règle : « n’importons pas, l’alimentation dont nous ne voulons pas ».
Comme pour les phytosanitaires ou les attaques de prédateurs principalement de loups, est-ce encore possible de faire entendre raison à une société urbanisée ?
C.B. : Il y a de fortes incohérences en Europe et à l’intérieur même de la France avec des produits autorisés au grand public dans les supermarchés. C’est d’autant plus incompréhensible que les scientifiques en Europe qui font autorité ont relevé les seuils d’application de l’acétamipride tant décrié. Chacun donne son avis en France sur des sujets qu’il ne connaît ou ne maîtrise pas.
La Saône-et-Loire continue de subir aussi des attaques de loups, principalement sur ovins, mais aussi ponctuellement sur bovins. Nous savons que cette problématique ne sera jamais réglée avec la méthode actuelle. Nous continuerons de demander la fin des attaques et bataillons pour une méthode, limiter les populations de loups. En clair, quand un loup attaque, il faut le tirer vite. Nous allons rencontrer la semaine prochaine le nouveau préfet de Saône-et-Loire, auparavant préfet dans les Hautes-Alpes, pour lui expliquer nos difficultés à protéger nos lots d’animaux.
Est-ce une rentrée traçant des perspectives sereines pour l’agriculture ?
C.B. : Je veux leur redire que la FDSEA est mobilisée sur tous les fronts. Nous allons câler un rendez-vous avec Jérôme Durain pour avancer sur les dossiers Feader restant à traiter. On veut une mobilisation totale des services du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, pour rattraper le retard accumulé et payer tous les projets déposés.
Que les adhérents n’hésitent pas à solliciter nos animateurs, quel que soit le dossier, afin que nous puissions les accompagner. La rentrée syndicale doit être un temps de dialogue et de solidarité.