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Consommation

Sincérité plutôt que transparence

Renforcée par les médias, la crainte du consommateur à l’égard des
aliments atteint aujourd’hui son paroxysme. Et pourtant, les produits
français sont parmi les plus sûrs et les plus sains au monde.
Communiquer davantage sur les pratiques est-il la solution pour
retrouver la confiance et les achats ? La filière « le Blé de nos
campagnes » (Culture raisonnée certifiée) a posé la question.
Par Publié par Cédric Michelin
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« Je ne parlerais pas de transparence mais de sincérité », explique Marion Bretonnière, chargée d’étude au Conseil national de l’alimentation. « La transparence comme levier de croissance économique » dans les relations consommateurs/entreprises agroalimentaires était en effet le thème de la table-ronde organisée par le groupement Culture raisonnée contrôlée. Aux peurs des consommateurs, renforcées par les médias friands d’agro-bashing, la filière doit répondre par une communication amplifiée sur les modes de production. Néanmoins, la transparence a ses limites : savoir-faire, secrets industriels, etc. C’est pourquoi le terme de « sincérité » semble préférable, en tout cas pour Lionel Deloingce, président de l’Association nationale de la meunerie française (ANMF), car « la transparence exclut la notion de qualité ». « Si notre secteur veut être identifié dans sa sincérité, il faut réexpliquer la filière au consommateur » et montrer son fonctionnement qualitatif. L’objectif est de donner au consommateur les moyens de choisir, sans aller jusqu’aux « positions de rupture qui ne sont pas des positions de bon sens et qui dans bien des cas nuisent à son intégrité physique », juge Lionel Deloingce.


Simplifier sans biaiser



Le président de l’ANMF, également vice-président de l’Ania, attire l’attention sur l’importance d’un étiquetage simplifié qui ne stigmatise pas les produits. Car l’obligation d’étiquetage ne suffit pas, explique Maître Lemeur-Baudry, avocate au cabinet Armand Associés : « si le consommateur ne comprend pas les informations de l’étiquetage, va-t-on atteindre l’objectif » ? L’enjeu est d’ailleurs à double tranchant, rappelle de son côté Lucia Pereira, avocate au sein du même cabinet. Comme l’ont prouvé des tests sur une recette de céréales de petit-déjeuner, améliorée sur le plan nutritionnel. « Lors des tests à l’aveugle, aucun lien négatif n’a été fait entre le nouveau goût et les qualités nutritionnelles. Par contre une fois l’information communiquée, il y a eu un effet négatif sur une partie des consommateurs », raconte-t-elle. L’industriel qui décide de se lancer seul sur la voie de la transparence risque donc l’échec. Le rôle des pouvoirs publics est à ce niveau important : s’ils communiquent massivement sur les bienfaits nutritionnels, les achats augmentent. D’où l’intérêt d’un étiquetage clair. Côté filière, il faut de toute façon anticiper et communiquer sur les pratiques, car c’est bien l’inconnu qui est source d’inquiétude et de suspicion. Florence Pradier, directrice générale d’Alliance 7, « il faut accepter de dire les choses et de les dire bien », toute communication mal préparée sur ces sujets pouvant être lourde de conséquences. Elle est cependant nécessaire face à la place de plus en plus centrale du consommateur et à la montée en puissance de leur besoin de véracité.