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e-commerce

Une solution mais pas LA solution

Alors que le confinement pouvait légitimement laisser penser que le e-commerce verrait ses chiffres s’envoler, force est de constater que ce n’est pas vraiment le cas même s’il permet d’atténuer quelque peu le choc.

Par Régis Gaillard
Une solution mais pas LA solution
Le développement du e-commerce n'empêche pas la baisse de son chiffre d'affaire global en ces temps de crise.

Installé à Uchizy, Gérald Talmard évoque une situation très compliquée avec un évident manque de visibilité quant au futur. S’il n’y a pas eu de grand souci au niveau du travail de la vigne, avec une végétation en avance, il en est tout autre au niveau commercial. Ainsi, les ventes au caveau se sont réduites comme peau de chagrin, notamment par peur du gendarme. « De nombreux clients n’osent pas venir chercher du vin qui n’est pas considéré comme un bien de première nécessité ». Quant au e-commerce, « nous en faisons depuis quatre ans. 60 % de ce e-commerce est constitué par les restaurateurs et cavistes. C’est aujourd’hui réduit à sa plus simple expression ». Quant aux particuliers qui constituent les 40 % restant, pas franchement de changement. « Les habitués continuent à commander. Les autres découvrent qu’il y a des frais de livraison ». Ce qui freine l’acte d’achat. Quant à l’export, la chute est de l’ordre de 80 % depuis la mi-mars. La conséquence présente et future est un manque de trésorerie. « Pour faire face, il va falloir s’endetter ». Toutefois, Gérald Talmard estime qu’il devrait faire son chiffre d’affaires d’ici à la fin de l’année. « Je pense qu’il va y avoir un report d’achat. Néanmoins, nous allons certainement perdre les 30 % de touristes étrangers habituels ». Quant aux salons, un premier rendez-vous parisien a déjà été annulé. Reste un salon lyonnais au mois d’octobre si tout va bien. Une situation complexe accrue par la baisse de récolte du millésime 2019.

Limiter la casse

Pour sa part, Nicolas Laugère, installé à Chardonnay, réussit à amortir le choc. « Concernant les salons, j’en ai fait juste avant le confinement et les prochains sont programmés à l’automne s’il n’y a pas de changement d’ici là ». Cette année, l’un des atouts du domaine est de livrer une part en moult. « Nous ne faisons que 20.000 bouteilles. Je me suis lancé dans le e-commerce en 2016 ». Un e-commerce qui se maintient, Nicolas Laugère ayant fait le choix d’offrir les frais de port. Quant aux clients locaux, il a décidé d’effectuer gratuitement des livraisons à leur domicile « dans un rayon de 40 à 50 kilomètres. Il faut savoir que nous vendons habituellement 80 % de nos bouteilles au domaine. Je réussis quand même à vendre du vin tous les jours ». Pour ce qui est des pertes, difficile pour l’instant d’avoir un réel recul même si les habituelles portes ouvertes d’avril n’auront pas lieu en 2020, créant un réel manque à gagner. « À cette occasion, nous accueillons environ 1.000 personnes sur le week-end ». Alors qu’il se félicite de pouvoir travailler sans trop de contrainte dans les vignes, Nicolas Laugère a du mal à appréhender les futures conséquences de la crise du fait d’une trop grande incertitude. Avec l’export en berne, l’annulation des portes ouvertes, la probable absence des touristes étrangers cet été ainsi que la fermeture prolongée des bars et restaurants, il estime qu’il pourrait y avoir une baisse de chiffre d’affaires de l’ordre de 20 %. « Heureusement, nous avons un produit qui peut se garder dans le temps. Pour l’instant, nous avons réussi à limiter la casse ».